29/04/2025
Petits plaisirs de ma vie de fan !
"Ô souvenirs, vous traversez le cœur comme un glaive !". CHATEAUBRIAND
D'abord, trois choses : 1) Oui, j'emploie le mot « fan » sans rougir. Je sais que certains ne l'aiment pas et l'apparentent (avec raison) à « fanatique ». Oui, mais moi je n'en ai pas d'autre, tout simplement, pour décrire mon état, et je m'en fous pas mal d'utiliser des termes excessifs. Je suis excessive, de toute façon, alors...
2) Je précise d'avance que la liste qui va suivre ne sera pas exhaustive, loin de là, parce que les plaisirs de ma vie de fan sont, pour ainsi dire, inépuisables. Et ce depuis presque trente-trois ans. Je dis ça sans vouloir frimer, mais quand même. Question fidélité, je me pose là, c'est tout (juste avec Hubert).
3) Je tiens à ajouter également qu'il n'y a pas, dans le lot, de plaisirs défendus. Enfin, pas à ma connaissance. Voilà. Cela étant dit, je peux commencer l'énumération (et j'espère bien recevoir la vôtre en retour).
-Rentrer de la FNAC avec l'affiche promotionnelle de Replugged, au dos de laquelle un employé du rayon CD a écrit, il y a quelques semaines : « réservé pour madame A. ». Nananère, elle est pour moi !!! L'anecdote en question est toute fraîche : je viens de rentrer avec l'affiche promotionnelle de Replugged et elle vient de finir sa trajectoire dans une de mes bibliothèques. Je sais qu'Hubert aime la compagnie des livres, le voilà dans un doux cocon où il va se plaire. Car, plus qu'une affiche, cette affiche est un peu HFT lui-même. À tel point que dans la rue, en veillant à ne pas plier mon trésor, je me disais : « Je tiens Hubert entre mes mains ». Oui, je sais, je suis un peu barge. J'ai comme qui dirait ma névrose, mais qui n'a pas sa névrose, n'est-ce pas ?
-Dans une conversation ou même une réunion professionnelle, choper un mot ou un bout de phrase qui me fait penser à une chanson de Thiéfaine et compléter secrètement le truc dans ma tête en pensant, face à mon interlocuteur qui, pour un temps, m'a perdue : « Tu peux pas comprendre »...
-Mieux encore : dans une conversation avec un(e) autre fan, choper un mot ou un bout de phrase et patati et patata et compléter le truc, à voix haute cette fois et en recueillant joyeusement l'écho qui me fait face. Et là, généralement, on se regarde d'un air entendu et … les autres ne peuvent pas comprendre. Nananère. Que voulez-vous, il y a des gens qui ne pigeront jamais rien à la vie...
-Faire des rêves saugrenus où Thiéfaine vient s'inviter. Une nuit, comme ça, il a donné un concert au fond de mon jardin (quand j'avais un jardin), dans une baraque à frites. Une autre nuit, je le rencontrai au rayon alcools d'un magasin. Laurent Voulzy a écrit Les nuits sans Kim Wilde, moi je pourrais écrire (en tout bien tout honneur évidemment) Les nuits avec Hubert-Félix Thiéfaine. J'y peux rien, c'est maladif, ça doit être ma névrose qui me visite même dans mes nuits. Peut-être pour que « l'heure avant l'aube du jour suivant » soit moins « cruellement noire », allez savoir ! Et là, si vous n'écoutez pas Thiéfaine … vous ne pouvez pas comprendre, pauvres de vous !
-Dans ma voiture, mettre des morceaux bien rock'n'roll d'HFT à fond, à m'en faire péter les turbines et surtout les oreilles. Et me dire qu'au volant de ma p'tite voiture, je suis une femme heureuse ! En ce moment, c'est Sweet Amanite Phalloïde Queen que je me mets en boucle dans la Clio. Je trouve que cette chanson déploie toute son ampleur et sa puissance en live. Souvenirs de tournées qui faisaient de moi une femme non seulement heureuse, mais carrément comblée. Ah, comme ça me manque, comme ça me manque... Barbara a écrit Dis, quand reviendras-tu ? Bon ben, moi je pourrais écrire … Dis, quand reviendras-tu ? aussi !
-Dans mon appartement, mettre des morceaux bien rock'n'roll à fond et chanter et danser au milieu du salon. Tant et si bien que ma fille aînée, au bout d'un moment, se pointe et baisse le son de la chaîne tellement ça décoiffe ! Elle ne manque généralement pas d'ajouter : « Alors, maman, quand est-ce que tu nous fais un concert ? » ! Si mes élèves me voyaient... Si mon banquier me voyait... Fort heureusement, tout cela restera entre vous, mes filles et moi !
-Bien sûr, durant les périodes où l'actualité HFT est brûlante, guetter le moindre petit indice de quelque chose sur le site officiel ou sur les réseaux. Et, quand cette actualité passe de brûlante à torride, me précipiter à la FNAC et acheter l'album que j'ai tant et tant et tant et tant encore espéré ! Évidemment, au passage, demander à un employé de la FNAC de me mettre de côté l'affiche promotionnelle et kiffer ce moment où il écrira dessus « réservé pour madame A. ». « Ah, que la vie est belle », chante Brigitte Fontaine. Je ne saurais mieux dire.
-Bien sûr, durant les périodes où HFT tourne, étudier méticuleusement toutes les dates et me dire : « Oh, ben, celle-ci, je pourrais la faire. Et puis celle-là, et puis cette autre encore », jusqu'à me retrouver avec pas loin de sept billets de concert planqués dans un endroit que rigoureusement ma mère m'a défendu de nommer ici, comme dans la chanson de Brassens. Vous comprendrez bien que même entre fans, il y a des secrets qu'on n'ébruite pas...
-Durant ces mêmes périodes, attendre fiévreusement chaque concert. Comme une énorme pochette-surprise sur le calendrier. Il arrive que celui-ci ne sache plus où donner de la tête tant je le blinde de dates que j'enchaîne comme si j'avais encore vingt ans, alors que j'en ai … censuré !!! « Ô temps, suspends mes heures de vol », pourrais-je chanter avec Yves Jamait, cette fois !
-Avant chaque concert, rôder sur des parkings un peu glauques et observer les foules qui se sont déplacées pour les mêmes raisons que moi, « à décalquer en suivant les pointillés ». Me marrer en les voyant tenant qui un sandwich, qui une binouze, tout en chantant (faux la plupart du temps) un morceau bien rock'n'roll d'HFT. Dans ces moments-là, je suis un peu leur frangine, à tous ces gens qu'anime un feu semblable au mien. Et c'est trop bon, il n'y a plus de barrières, ni sociales, ni d'âge, ni de rien du tout.
-Après chaque concert, rôder encore sur des parkings encore glauques et discuter avec d'autres fans. Sentir que dans leur cœur à eux aussi se mêlent deux trucs contradictoires : l'extase et la tristesse. Car, un concert d'HFT, c'est toujours l'extase. Et la fin d'un concert d'HFT, c'est toujours la tristesse. Cruelle loi qui veut que la vie soit un mélange de saveurs opposées, le doux et l'amer se retrouvant souvent, allez savoir pourquoi, dans ces duos à la con. Quand tu es fan, tu as tes moments incroyables où tu es au sommet de l'ivresse, puis tes moments pareillement incroyables où tu es au fond du trou, sans ascenseur pour te remonter vers les hauteurs... Là encore, cruelle loi. C'est le prix à payer.
-Pouvoir me dire parfois, quand la chance plane sur ma vie de fan, que l'ivresse est peut-être passée, mais que le flacon n'est pas vide, qu'il reste encore deux ou trois dates éparpillées sur le calendrier. Et me dire « ouf, ça va, c'est pas fini ».
Sauf qu'en ce moment, ben si, c'est fini. Disons que c'est entre parenthèses. Car je suis certaine qu'Hubert finira par entendre l'appel de Barbara. Et qu'il reviendra. Alors là, ce sera jour de fête, c'est moi qui vous le dis ! Et je pourrai compléter avec entrain la liste des petits plaisirs de ma vie de fan !
19:39 | Lien permanent | Commentaires (10)
05/04/2025
Voilà, voilà, voilà qui elle est, Barbara Pravi, vue hier soir à la BAM, à Metz !
"Nous pouvons dire des choses avec une infinie sincérité et malgré tout trahir". Jon Kalman STEFANSSON
Non, je ne vais pas vous parler du live Replugged. Pas encore, pas aujourd'hui. À cela deux raisons : 1) Je ne l'ai écouté qu'une fois. Honte à moi ! À ma décharge, je peux dire que j'ai été très occupée depuis le 28 mars. Malgré tout, ce jour-là, j'étais à la FNAC de Metz très peu de temps après l'ouverture et je demandais au responsable du rayon CD s'il pouvait me mettre de côté l'affiche publicitaire liée à la parution de ce live. Il pouvait. L'affiche m'attend à quelques encablures de chez moi, mon nom est écrit derrière. Le vendeur m'a dit que dès que la promotion pour Replugged serait terminée, je pourrais aller récupérer mon petit trésor (il n'a pas dit « votre petit trésor », c'est moi qui modifie ses propos pour les faire concorder avec ma conception des choses). Je suis passée dans le rayon avant-hier. Trop tôt. La promo n'était pas finie. Il faut laisser à Hubert la possibilité de se déployer comme il se doit, voyons ! D'ailleurs, si vous passez par hasard devant Replugged, je ne saurais trop vous conseiller d'en faire l'acquisition immédiate !
2) J'ai passé beaucoup de temps, dernièrement, à écouter Barbara Pravi. Une pub pour un de ses concerts ayant atterri dans ma boîte mail, je décidai de me pencher sur ses chansons. Ouah, quelle claque ! Ce fut un enchantement immédiat. Et j'achetai mon billet de concert après avoir écouté seulement quatre ou cinq chansons ! En paraphrasant un peu la chanteuse, je pourrais dire : « Voilà, voilà, voilà qui je suis, une femme qui fonctionne au coup de cœur et agit rarement autrement que passionnément » !
Donc, hier, Barbara Pravi... Avant qu'elle n'entre en scène, on entend sa voix puissante retentir, presque suppliante : « Parlez de moi, à vos amours, à vos amis ». Je me promets sur-le-champ de répondre favorablement à sa demande. Chose promise, chose due, et cela vaut autant pour les promesses que l'on fait aux autres que pour celles que l'on se fait à soi-même, n'est-ce pas ? Alors, ce matin, vous parler d'elle...
Quelle présence sur scène ! Quelle énergie, quel coffre ! On a du mal à croire que cette voix renversante sort d'un si frêle bout de femme, et pourtant, si. Le public s'embrase très vite, c'est comme si un incendie parcourait la salle. Pour ma part, je suis venue en novice, je connais encore très mal les chansons de Barbara Pravi. Tout ce que je sais, c'est que je les aime déjà, bien que n'ayant fait que les effleurer pour l'instant. Mais il y a comme ça des certitudes qui vous saisissent tout de suite. C'est comme les débuts d'un amour vertigineux : dès les premiers jours, vous sentez qu'il est de taille à révolutionner votre vie. D'ailleurs, il l'a déjà fait. Toute ressemblance, partielle ou totale, avec mon vécu serait purement fortuite, croyez-moi (si vous voulez).
Je regarde cette jeune femme se donner entièrement à son public et je pense tour à tour à Édith Piaf, pour la gestuelle et le coffre, à Barbara, pour cette manière de nous livrer sans filtre des histoires d'amour, des échecs, des joies, des peines, tout cela à la fois, à Dalida, pour la sensibilité enfouie sous les paillettes. Mais trêve de comparaison car comparaison n'est pas raison, c'est bien connu : Barbara Pravi est elle, simplement, et pour notre plus grand bonheur. Elle interprète essentiellement des chansons de son dernier album, La pieva, que j'ai acheté en même temps que Replugged et … écouté trois fois ! Non mais ces infidélités que j'ai... Qu'on me pardonne ! Pour la peine, je réciterai, ce soir, au coucher, quarante Exercices de simple provocation avec 33 fois le mot coupable et j'insisterai fortement sur les « j'me sens coupable » qui rythment cette merveilleuse page d'anthologie ! Peut-être même que je me flagellerai !
Bref... Donc, oui, essentiellement des chansons tirées de La pieva. La pieva, ça veut dire la chanteuse en serbe. C'est aussi le surnom qui fut donné à une ancêtre de Barbara Pravi, une gitane qui vivait dans les montagnes de Serbie et se déplaçait de village en village pour chanter. Toute ressemblance avec la pieva qui se produit devant nous en ce radieux soir d'avril 2025 serait tout sauf fortuite !
Je reconnais de nombreux titres écoutés récemment : -Antoine, somptueuse déclaration d'amour à un homme qui a plutôt intérêt, c'est moi qui le lui dis, à mériter et cet amour et cette déclaration (parce que purée, c'est du lourd),
-L'armure qui, comme Exister et Si ce monde est fou, transforme la BAM en une immense piste de danse, ça envoie du disco intelligent, mélancolique, percutant,
-Bravo,
-Maman,
-Vivante,
-Qui j'étais. Enfin bref, tout l'album ! Et d'autres titres plus anciens devenus mythiques, notamment La femme. De quoi régaler un public qui ne cache pas son gigantesque plaisir. Que c'est chouette, un concert de Barbara Pravi ! Et, quand elle fend la foule pour chanter en communion avec elle, la magie est à son comble.
Pour le dernier titre, November Ultra vient rejoindre son amie Barbara sur scène, et ces deux-là ensemble, ça fait un truc absolument bouleversant, que t'as envie que jamais ça ne s'arrête. Et puis ça s'arrête quand même, comme j'ai souvent eu à l'écrire ici, parce que les supplications lamartiniennes ne sauraient, malheureusement, avoir raison de la cruauté du temps qui, ne sachant rien faire d'autre que passer, passe, passe, passe, encore et toujours. Qu'il est morne et prévisible, franchement ! Mais déjà, il m'entraîne, je le sens, vers le prochain concert de Barbara Pravi (car, c'est sûr, je retournerai la voir) et, je l'espère du plus profond de mes entrailles, vers le prochain concert d'Hubert. Parce que oui, d'accord, il y a d'autres artistes que lui et il n'est pas idiot de leur prêter une oreille attentive, mais, mais... Quand même, lui seul a ce pouvoir de me secouer jusqu'en la moindre parcelle de mon âme. Ouais, carrément ! Ça va, j'ai bien rattrapé le coup de mon infidélité ? Vous m'absolvez ? Ne vous inquiétez pas, j'ai vérifié la conjugaison avant de poser ce verbe étrange ici ! Donc, vous m'absolvez ? Peut-être serez-vous encore plus enclins à le faire si je vous dis que dans trois jours je pars à Berlin avec une amie, fan de Thiéfaine elle aussi, et que j'ai, pour l'occasion, acheté des œufs en plastique que nous comptons bien gober en marchant sur la capitale allemande ! Bienheureux initiés, vous avez la réf et l'image ?! Au regard de tout cela, je trouve que mon infidélité n'était qu'infime babiole et … je m'absous moi-même, après avoir vérifié la conjugaison de ce verbe qui ne fait décidément pas dans la simplicité !
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