Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12/04/2006

Laisse-moi

Non, laisse-moi, je t'en supplie;

En vain, si jeune et si jolie,

Tu voudrais ranimer mon coeur :

Ne vois-tu pas, à ma tristesse,

Que mon front pâle et sans jeunesse

Ne doit plus sourire au bonheur?

 

Quand l'hiver aux froides haleines

Des fleurs qui brillent dans nos plaines

Glace le sein épanoui,

Qui peut rendre à la feuille morte

Ses parfums que la brise emporte

Et son éclat évanoui?

 

Oh! si je t'avais rencontrée

Alors que mon âme enivrée

Palpitait de vie et d'amours,

Avec quel transport, quel délire

J'aurais accueilli ton sourire

Dont le charme eût nourri mes jours.

 

Mais à présent, ô jeune fille!

Ton regard, c'est l'astre qui brille

Aux yeux troublés des matelots,

Dont la barque en proie au naufrage,

A l'instant où cesse l'orage

Se brise et s'enfuit sous les flots.

Non, laisse-moi, je t'en supplie;

En vain, si jeune et si jolie,

Tu voudrais ranimer mon coeur :

Sur ce front pâle et sans jeunesse

Ne vois-tu pas que la tristesse

A banni l'espoir du bonheur?

 

Gérard de Nerval

 

 


 

 

Les commentaires sont fermés.