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16/06/2018

Foule sentimentale et plus encore

"La vie n'est qu'une allusion à ce qu'elle aurait pu être". Jean-Claude PIROTTE

 

Le vendredi 8 juin, Thiéfaine était l'un des invités de Didier Varrod dans l'émission Foule sentimentale. À réécouter sans modération sur le site de France Inter ! À un moment donné, Didier Varrod s'est lancé dans une jolie présentation d'HFT, parlant pour lui, à la première personne du singulier (même si l'on sait bien qu'Hubert est pluriel et plusieurs !!!). Cela donne cela :

Je m'appelle Hubert-Félix Thiéfaine. Je suis né à quatre heures du matin, sous les vibrations d'une étoile désintégrée, en Franche-Comté. Hitler était mort, Vercingétorix aussi. J'ai un point commun avec le chanteur Renaud : je fus génial à l'école jusqu'au jour où je m'aperçus qu'un instituteur avait remplacé l'institutrice. Je commençai donc mon apprentissage de l'ennui. Et me revenaient soudain, parfois, les souvenirs musicaux de mon enfance, forcément liés à ma maman qui me berçait en rythme sur des chansons tristes et réalistes.

 

Ici, on entend Les roses blanches.

 

Puis, Didier Varrod reprend :

Je m'appelle Hubert-Félix Thiéfaine. Je sais depuis toujours le poids du conditionnement. En effet, ces roses blanches ont aussi, peut-être, fleuri inconsciemment dans ma chanson Critique du chapitre 3, un titre inspiré par l'Ecclésiaste. Elle commence par : « Et les roses de l'été sont souvent aussi noires que les charmes exhalés dans nos trous de mémoire ». À propos d'Ecclésiaste, enfant, figurez-vous que je fus, par la force des choses, contraint de penser que Dieu existait. J'ai même fait sa connaissance dans un collège aux chatoyantes soutanes où les oiseaux déchiffraient le latin en chantant des cantiques. C'est eux qui m'ont donné l'envie de faire des chansons.

 

Et cela continue ainsi durant quelques minutes, pour aboutir à cela, que j'ai trouvé tellement beau qu'il m'a semblé que cela devait impérativement atterrir sur ce blog :

Non, je ne suis pas Hubert-Félix Thiéfaine. Vous, vous êtes Hubert-Félix Thiéfaine. Comment vous dire que je, nous, vous, ils vous aiment ? Pour votre humilité, évidemment, votre poésie mathématique et vénéneuse, pour vos frères maudits, Céline, Miller, Bukowski, Rimbaud. Moi je vous aime parce que vous citez Jim Morrison : « Nous avons été métamorphosés d'un corps fou dansant sur les collines en une paire d'yeux fixant le noir ». Je vous aime aussi parce que vous avez parfois décrit les catastrophes avant qu'on les évite. Je vous admire surtout parce que vos derniers albums sont toujours les meilleurs, ce qui est très, très, très, très rare. Je vous aime enfin parce que pour vous, écrire une chanson, c'est une longue phase érotique de préparation. Chaque nouvelle chanson est ainsi pour vous une balise que vous plantez dans votre vie. Vous en avez planté aussi dans la nôtre, pas mal de balises. Aujourd'hui, donc, vous avez quarante ans. Vous transmettez votre expérience. Vous êtes à la fois la môme kaléidoscope, Lorelei Sebasto Cha, la fille du coupeur de joints, et on reste bouleversé. Vous êtes surtout un homme dont les lubies sentimentales nous protègent de l'amour désaffecté. Et vous êtes un transmetteur qui appliquez ce proverbe chinois à la lettre : « Mieux vaut transmettre un art à son fils que de lui léguer mille pièces d'or ».

 

Voilà donc une émission que l'on écoutera avec profit ! Il y a également ce petit entretien, sympa comme tout, sur Causeur.fr, et tout cela permettra de fleurir le week-end :

https://www.causeur.fr/thiefaine-mai-68-nihiliste-gauchis...