24/10/2009
Méthode de dissection : "Le bonheur de la tentation"
La pensée du jour : "Recommencer, revivre, être un autre fut la grande tentation de mon existence. Je lisais, au dos de mes bouquins : "...plusieurs vies bien remplies... aviateur, diplomate, écrivain...". Rien, zéro, des brindilles au vent, et le goût de l'absolu aux lèvres". Romain GARY, le grand, l'unique !
Bon, alors, maintenant que je suis en vacances et que j'ai relooké ce blog, je vais peut-être balancer quelques notes dessus ! Mais, je vous en prie, ne me laissez pas seule, « me laissez pas dans le noir avant la fin de l'histoire », pondez, pondez des commentaires par milliers, par myriades, c'est ce qui fait l'intérêt d'un blog !
« Le bonheur de la tentation », donc. Cet album est comme l'écho du précédent. D'ailleurs, c'est voulu jusque dans les titres : sur « la tentation », on trouve « la philosophie du chaos », ici ce sera « le chaos de la philosophie ». Sur les « 24 heures dans la nuit d'un faune » vient se superposer « 27ème heure : suite faunesque ». « Eurydice nonante sept » vient compléter « Orphée nonante huit ». Deux albums-ricochets, donc. Qui causent entre eux, qui s'interpellent, qui se répondent.
Le livret s'ouvre sur ces mots latins : « et ne nos inducas in tentationem sed libera nos a malo ». Proverbe néocrétacé, est-il précisé en-dessous. Bizarre quand même : « ne nous soumets pas à la tentation », mais en même temps, la tentation, quel bonheur ! Après tout, la contradiction n'est qu'apparente. C'est encore et toujours au « rayon des fruits défendus » qu'on fait les plus belles emplettes !
« Retour vers la lune noire » est le premier morceau du CD. Je l'aime bien, celle-là. Les choeurs, la musique, le rythme, tout.
Puis, « la ballade d'Abdallah Geronimo Cohen » vient également enchanter nos esgourdes. Et nous rappeler à juste titre que nous sommes tous des êtres qui ont ce que les Allemands appellent un « Migrationshintergrund » :
« Abdallah Geronimo Cohen
était né d'un croisement sur une vieille banquette Citroën
de Gwendolyn von Strudel Hitachi Dupond Levy Tchang
et d'Zorba Johny Strogonof Garcia M'Golo M'Golo Lang
tous deux de race humaine
de nationalité terrienne ».
La troisième chanson est plus calme. Le violoncelle vient lui apporter une couleur toute particulière. Que j'aime bien. Thiéfaine, une fois de plus, taquine l'oxymore : « ses blancs corbeaux », « mes noires étendues de neige ».
Puis, c'est de nouveau du rythme. Celui d'une ambulance qui transporte un voyageur vers la destination finale dont on ne revient pas. « Adrénaline au point zéro
et silence au stétho »... Superbe texte, musique entraînante : ce rythme, c'est sans doute ce qu'il fallait pour un thème aussi grave... Je ne peux plus écouter cette chanson sans penser à ma mère, seule, misérablement abandonnée dans l'ambulance qui la conduisit vers son dernier voyage... Excusez-moi, mais je suis d'une humeur toussaintesque parfois. Souvent...
Ensuite, c'est « Dans quel état terre ». J'aime bien le message, évidemment, mais la chanson, paroles, musique, bref l'ensemble me plaît moyennement.
En revanche, « Bouton de rose » me parle tout de suite davantage. J'aime les sonorités du texte : « dans le satin d'essences assassines », par exemple. Et j'aime citer souvent cette jolie maxime : « Mais le jour s'lève pas toujours au milieu des dentelles »... Une chanson que j'aimerais entendre sur scène un jour, tiens ! Qui fait passer le message à Hubert ?!
« 27ème heure suite faunesque », alors là, je vais en décevoir plus d'un, mais voilà une chanson que je n'ai écoutée que trois fois en entier. Pas plus, je pense. Je ne l'aime pas. Je reconnais que le texte recèle quelques perles, mais je ne sais pas, la musique ne me plaît pas. Et je vais dire une hérésie : cette chanson est trop longue à mon goût !!!!!!!!!!
« Eurydice nonante sept » (d'ailleurs, pourquoi nonante sept ici et nonante huit sur « la tentation du bonheur » ?!) est une chanson sympa. Que j'écoute avec plaisir. Mais qui ne fait pas partie de mes préférées sur cet album . Non. « Le chaos de la philosophie » : idem. Cela s'écoute, c'est sympa, mais ... Mais ma préférence, mon immense, mon indéfectible préférence va au morceau qui suit « Le chaos de la philosophie », à savoir : « Exercice de simple provocation avec 33 fois le mot coupable ». Magique, grandiose, unique. Du début jusqu'à la fin. Rien ne nous est épargné. Ni la longue et effroyable énumération de MST qui guettent ceux qui mènent une vie sexuelle vagabonde et dissolue, ni le terrible et froid jugement qui s'abat sur nos ancêtres : « dans un pays où les indigènes pendant l'occupation allemande écrivirent un si grand nombre de lettres de dénonciation que les nazis les plus compétents et les mieux expérimentés en matière de cruauté et de crimes contre l'humanité en furent stupéfaits et même un peu jaloux ». Thiéfaine se sent une « gueule à être dénoncé ». Et, désabusé, n'attendant plus rien du genre humain, il garde ses « lunettes noires de vagabond solitaire ». Tout autour, presque tout le monde a choisi de chausser ses lunettes roses et de se livrer à toutes sortes de « pitreries masturbatoires ». Pas Thiéfaine. Il « regarde passer les zumains de sa rue un peu comme on reluque au zoo les zébus ». Ne se sent pas d'ici. Un peu à la manière de Ferré : « Je suis d'un autre pays que le vôtre, d'un autre quartier, d'une autre solitude »...
Morceau sublime, vraiment ! Je pourrais écrire des pages et des pages sur cette chanson ! Mais tout est dit dans le texte, écoutez-le encore et toujours. Inlassablement.
Le tout s'achève sur le « Final Abdallah ». Retour à la douceur, à l'enfance. Mais quand même : « Und meine letzte Tentation ist noch für deine Hose »... C'est vraiment de Marx, ça ?!
Ah quand même, n'oublions pas le petit truc qui me tient à coeur, à savoir les références faites à l'Allemagne sur cet album. Bon, bien sûr, il y a Hitler (« dans quel état terre ») et les nazis (« Exercice de simple provocation avec 33 fois le mot coupable »). Mais il y a aussi et surtout les « Nibelungen », dont je devrais peut-être vous parler ici un jour.
Zut, je m'aperçois que dans mes exercices de dissection, j'ai parfois négligé cette question des références à l'Allemagne. Pas bien ! A recommencer ! Très vite !
21:46 | Lien permanent | Commentaires (13)
Commentaires
Mes préférées : Bouton de Rose , 27ème Heure et Eurydice
Le Chaos de la Philosophie m'agace en revanche...
Écrit par : Loreleï2 | 24/10/2009
Katell demande :"« Eurydice nonante sept » (d'ailleurs, pourquoi nonante sept ici et nonante huit sur « la tentation du bonheur » ?!) " ?
Peut-être parce que 97 reste pour toujours derrière 98...comme Eurydice derrière Orphée lorsqu'il tente de la ramener...bon d'accord je sors...
Écrit par : Loreleï2 | 24/10/2009
Hello Everybody!!
Désolée si je passe pas souvent mais je suis débordée ....
Enfin, je viens régulièrement quand même!!!!;o))
Cath j'adore la nouvelle déco!!!!
Ben moi j'aime beaucoup 27ème heure, hihihihihi.
Le texte est terrible je trouve!!!
"ferme-là pauvre noeud t'as rien compris à la Madone
t'as rien compris au sexe des anges et des spiritueux
car si Dieu l'père et Dieu le fils sont la seule et même personne
Comment veux-tu qu'la mère et l'fils soit pas incestueux ??? "
"général'ment j'aime pas trop qu'on m'touche les fringues dans les rues
mais là il faisait noir et j'étais pété comme un coing "
Si j'ai eu du mal avec les deux Tentations à leur sortie (j'avoue que j'ai lâché Thiéfaine à ce moment là...j'y suis revenue à la sortie de Défloration 13"), ils font maintenant partie de mes préférés.
J'aime tout particulièrement"Empreintes sur Négatif". Je trouve le texte sublime.
"Je me consume et fume à fleur de faux
prisonnier d'un lumineux manège"
Voili voilou,
Des bibis Cath!!!;o))
Écrit par : Arabesque | 25/10/2009
J'ai récemment offert cet album (la v. double 5 099751 203629)...
Prq ?
bien evidément, l'un ne va pas sans l'autre...
On pourait aussi disserter sur tous les autres symboles mais ca prendrait bcp de place. Je veux parler par exemple des photos (prof graphiste oblige).
J'en suis à penser que la combinaison des 2x11* chansons est plus complexe qu'il n'y parait et avoue chercher encore à trouver l'Enigma (2000 apres JC sur les calendriers, 50 et des poussières après Adolf... )...
*: c'est sciemment que je ne compte pas le bonus (la nostalgie de Dieu version unp)....
J'interprete cela comme un kdo que nous fait l'artiste alors tenté par le bonheur de ses proches de son intimité... (rapport à la profondeur/noirceur du tromé)
C'est peut etre pour cela qu'entre les deux mon coeur à pencher...
du coté blanc...
j'vais en parlé à ma Psyché... c'est waterloo dans ma tête à moi (hihihihi)....
Écrit par : neverbeen | 25/10/2009
Sinon pourais tu enchanter (encore) mon caisson derrière mes esgourdes en nous éclairant sur le trés/trop mystérieux:
... und meine letzte tentation ist noch für deine hose...
karl marx à friedrich engels
traduit par vater nvb:
... et ma dernière tentation est encore pour ta culotte...
merci d'avance Kat.
Écrit par : neverbeen | 25/10/2009
Tiens Neverbeen!!!!
ça faisait longtemps!!!
Écrit par : Arabesque | 25/10/2009
joli ce nouveau look ...
ce n'est pas un album que je connais très bien, j'aime bcp abdallah geronimo cohen et pour tout te dire j'ai toujours eu un mal fou avec l'exercice de simple provocation ... mais là je crois que je vais le réécouter pour être bien sûre ;)
bisous
Écrit par : sapq | 25/10/2009
Perso, je ne me lasserai jamais de ne pas culpablisier de placer cette chanson au Panthéon...
@ Arabesque:
Je ne compte plus que deux endroits digne de mes fréquentations...
rapport au fait de servir / desservir l'artiste qui nous unis...
Et ne m'en sent pas cooooooupable....
Écrit par : neverbeen | 26/10/2009
Neverbeen : oui, je traduirais ça comme ça aussi ("meine letzte Tentation", etc.). Quand même, je trouve ça louche ! Impossible de trouver le mot "Tentation" dans mes dicos unilingues, déjà. A mon avis, le père Hubert nous a inventé ça de toutes pièces, non ?
Écrit par : Katell | 26/10/2009
@ Neverbeen :
Ah ben oui j'oubliais qu'il y avait deux sortes de fans, et deux sortes d'endroits...et que ça ne se fait pas manifestement de fréquenter l'un ET l'autre...;o))
Tant pis, alors...
et bonjour quand même!!!
(Cath, désolée du détournement, la tentation (tiens!!!)était trop forte...)
Écrit par : Arabesque | 26/10/2009
J'en doute Kat...
pas de précédent puis à l'endroit là ?
Malgré mes origines Alsacienne, j'parle pas l'allemand (a part : Ich liebe dich et Mein fuss ein dein horch (rire))...
Sinon je chercherai du coté: "karl marx à friedrich engels".
Celles et ceux qui veulent s'associer à cettte recherche, peuvent aussi...
cette citation est à la derniere page du livret dans l'album concerné.
Écrit par : Neverbeen | 27/10/2009
bon, ben vaut mieux tard que jamais...
a la premiere ecoute, Mouais, bof... on dirait une pale copie du precedent... et puis, apres plusieurs ecoutes, il sont complementaires...
Un peu de mal avec quelques morceaux :
Eurydice nonante sept
Le chaos de la philosophie
Deux chansons qui donnent l'impression d'etre faite vite fait histoire de combler l'album... Et puis apres tout, Hubert a toujours chanté des chansons un peu delirantes... donc, "le petit roi du minibar a toute sa place dans la discographie d'HFT...
j'aime beaucoup "Retour vers la Lune noire" je la trouve un peu differente des autres...
j'ai eu peur en voyant le titre "La ballade d'Abdallah Geronimo Cohen" je me suis dit : "il fait donneur de leçon, la tolerance etc" et puis en fait, j'aime bien...
j'aime beaucoup les deux ballades "Bouton de rose" et "Empreintes sur négatif"
Encore une fois, ca ne lui ressemble pas...
"Méthode de dissection du pigeon à Zone-la-Ville" a longtemps etait sans interet pour moi, jusqu'au jour ou je l'ai comprise, depuis, je l'adore...
"Dans quel état Terre" tout comme Abdallah : donneur de leçon, bla bla bla et puis... non j'aime bien
Bref... (je l'a fait courte parce que je suis en retard) j'aime bien cet album... tout comme les autres d'ailleur...
Voila... a plus...
Écrit par : 655321 | 11/11/2009
c'est quoi le bouton de rose ?
par contre oui , 33 x le mot coupable mon dieu quelle chanson magnifique, je me souviens d'un live sur nancy, me demande pas lequel je sais plus, mais le public sur cette chanson grandiose,
le bouton de rose hummmmm je vois pas du tout !
Écrit par : tieum | 08/03/2010
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