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14/10/2018

Supplique pour que demeure la possibilité d'une surprise totale...

"Il y a tout de même des choses qu'il est parfois plus prudent de ne pas savoir". Romain GARY

 

Je n'étais pas à Nantes vendredi soir pour le coup d'envoi de la tournée anniversaire d'HFT. J'aurais aimé y être, pourtant ! Mais il m'arrive d'avoir des obligations professionnelles et de ne pas m'y soustraire ! Si je n'avais pas été sollicitée exceptionnellement par mon collège jusqu'à 16h30, qui sait, peut-être que je me serais octroyé un aller-retour express entre la cité des ducs de Lorraine et celle des ducs de Bretagne ! Cela aurait été l'équivalent émotionnel d'un voyage aux Galapagos, sans rire. Mais bon, la réalité étant ce qu'elle est, Galapagos, que dalle. Je me suis cependant octroyé un lot de consolation : ma fille Clara adore le duo Brigitte et nous sommes allées voir ensemble les deux demoiselles, qui se produisaient au Zénith de Nancy pendant qu'au même moment, à quelques centaines de kilomètres de là, Galapagos où je n'étais pas...

Brigitte, ce n'est pas le même registre que Thiéfaine, bien sûr, mais là n'est pas la question. On va voir les artistes pour ce qu'ils sont, n'est-ce pas, et non pour leur chercher des noises, c'est-à-dire des ressemblances avec ceux que l'on vénère ! On peut très bien renoncer aux comparaisons, être à cent pour cent dans tout à fait autre chose qu'HFT et que la magie nous transporte loin des territoires habituels. C'est peut-être cela, « flâner entre les intervalles » à la manière d'Higelin. S'offrir la possibilité d'être surpris. Toujours est-il que grâce à la passion tenace de ma fille, j'entends les chansons de Brigitte depuis des mois et des mois. Ces deux femmes ont le mérite d'avoir inventé quelque chose qui, me semble-t-il, n'existait pas encore dans la chanson française. C'est un univers à part entière, où l'on passe du glamour aux ténèbres. Les voix d'Aurélie Saada et de Sylvie Hoarau se mêlent dans de délicieuses acrobaties. À découvrir si ce n'est déjà fait. Sur scène, cela dépote sérieusement ! Les deux jeunes femmes se donnent à fond, des émotions passent, des vents, des marées, des douceurs. Et puis, pour ma part, j'adore découvrir le public des « autres », ceux qui ne sont pas HFT. C'est amusant d'observer le noyau dur, celui qui porte des tee-shirts aux références ou aux messages codés. On regarde tout ce petit monde en être, on comprend l'enthousiasme, on a soi-même ses ardeurs, ailleurs... C'est même un peu comme si l'on s'observait dans ces moments-là. Voilà quel effet on fait à ceux qui viennent voir Thiéfaine occasionnellement : on est un peu comme le « cœur secret de l'horloge »*, celui dont les battements rythment les tournées depuis vingt ans et plus. On a quelque chose de dingue et d'halluciné dans les yeux. On en est, quoi, de toutes les fibres qui nous constituent !

Bref... Il reste très exactement vingt-quatre jours avant la venue d'Hubert aux Arènes de Metz. Je biffe les jours dans mon calendrier mental qui tient scrupuleusement les comptes. Un peu comme le ferait un prisonnier au fond de sa cellule. D'ailleurs, j'aimerais bien passer les vingt-quatre jours à venir dans une grotte où ne m'atteindrait aucune information concernant cette tournée. Quelles chansons Thiéfaine interprète-t-il ? Je ne veux pas le savoir. Par quel morceau commence-t-il ? Lequel vient clore la parenthèse enchantée ? Ne me le dites pas ! Je m'interdis jusqu'au 8 novembre de traîner sur les forums, Facebook et autres terrains minés qui risqueraient de dynamiter la magie. Comme on dit en allemand, je veux me laisser surprendre. Vous comprenez, ce rendez-vous-là, il vaut son pesant d'or, il est à nul autre pareil. C'est celui pour lequel je me prépare depuis le 11 novembre 2017, date à laquelle je suis allée acheter mon sésame à la billetterie d'une grande surface ouverte ce jour-là. Je revois encore les yeux écarquillés de la dame qui me servit : « Dites donc, vous vous y prenez drôlement tôt, c'est dans un an, le concert ! » Eh oui, ma mignonne, quand on aime HFT, il y a toujours un peu de folie dans nos actes ! Ce rendez-vous-là, je peux bien le confesser, c'est aussi celui auquel je redoute, depuis un an, de ne pas assister. Une mauvaise maladie, un accident, on ne sait jamais. C'est qu'on n'a plus vingt ans, tout de même. Et quand bien même on les aurait encore... Enfin bref, ça, ce sont mes petits délires personnels... En tout cas, je profite de ce billet pour vous supplier de ne rien me dévoiler de ce que vous verrez sur scène, à Lille ou ailleurs, dans les semaines qui viennent. Le 8 novembre, je veux arriver vierge de toute attente, de toute projection. Mich überraschen lassen, quoi !

*Le cœur secret de l'horloge : titre d'un très beau livre d'Elias Canetti.