26/06/2022
Sarreguemines, 27 octobre 1995
"Je suis fatigué, mon moral se prend pour l'hiver". André BLANCHARD
27 octobre 1995, voilà une date que je n'oublierai jamais. J'en chéris le souvenir et il me le rend bien puisqu'il m'accompagne, tenace, sans jamais me faire faux bond. Il me suffit d'accomplir un petit effort (pas vraiment contraignant de surcroît) pour que me revienne avec précision la substance de ce jour-là. C'est que ce 27 octobre 1995, je vais voir Hubert-Félix Thiéfaine pour la première fois de ma vie. Je ne sais plus comment j'ai eu vent de ce concert à une époque (pourtant pas si lointaine, somme toute) où les nouvelles ne circulaient pas sur Internet. Sans doute fut-ce à la faveur d'une affiche ou d'un article de journal.
Une chose est sûre : ce concert, je ne peux pas passer à côté ! Il est évident que je dois y aller, c'est carrément une loi. Un devoir. J'en parle à mes parents, chez qui je vis encore. Je leur demande de bien vouloir me prêter leur voiture pour que je puisse me rendre à ce concert qui a lieu à Sarreguemines, c'est-à-dire à environ 70 kilomètres de la maison. Mes parents, d'une seule voix, opposent un non catégorique à ma requête. Qui se transforme en supplications baignées de larmes. La raison de leur refus ? J'ai obtenu mon permis de conduire en 1993, mais je suis partie faire mes études à Leipzig dans la foulée, et je n'ai pas conduit une seule fois depuis. Pour mes parents, l'affaire est réglée : pas question que je me rende à ce concert avec leur voiture. Je deviens mauvaise. Ils ne peuvent pas me faire un coup pareil ! Ce concert, c'est la chance de ma vie ! Je ne me roule pas par terre, mais presque. Disons que je reviens à la charge toutes les deux minutes. Il faut trouver une solution, bon sang ! Soudain, ma mère (attendrie, peut-être, mais plus vraisemblablement agacée au plus haut point) suggère quelque chose : « Je ne vois qu'une solution : je t'emmènerai à ce concert et j'y assisterai avec toi ». Cette perspective ne m'enchante guère. C'est la honte, me dis-je, de se pointer à son premier concert de Thiéfaine flanquée de sa mère. De plus, le répertoire du chanteur n'est pas vraiment de ceux qui ont fréquenté assidûment l'eau bénite ! Ce n'est pas que ma mère s'en asperge régulièrement, d'eau bénite, mais tout de même. Elle, son trip, c'est plutôt Pierre Bachelet, Alain Barrière et Guy Béart. Alors Thiéfaine, mon Dieu, ça va lui faire frôler la syncope, je pense ! À la maison, quand j'écoute HFT dans ma chambre (qui jouxte celle de mes parents), je me tiens toujours prête à bondir pour aller baisser le volume au moindre passage un peu limite. « Retour aux joints et à la bière, désertion du rayon képis » : on coupe ! Ça ne plairait pas à mon père qui s'est engagé à seize ans dans l'armée (un peu forcé par les événements, il faut le dire, mais tout de même). « Tu m'dis reprends ton fric, aujourd'hui c'est gratuit » : on coupe itou ! Ça heurterait ma mère qui flairerait tout de suite une histoire de passes non déclarées, comme il en est ouvertement question dans une autre chanson d'HFT. Ne pas froisser les susceptibilités, surtout. Ne pas faire paniquer les vieux qui pourraient penser que leur fille est en train de mal tourner, alors que non, elle a juste trouvé un chanteur qui a su lui parler. En outre, pour justifier la passion qui m'est soudain tombée dessus à l'écoute de Thiéfaine, je cite (avec, me semble-t-il, une grande force de persuasion) toutes les chansons où pleuvent des références littéraires. Je dis que nous voilà face au seul chanteur capable de caser des noms de poètes allemands dans ses textes. Ce n'est pas rien, tout de même. Et je ne mens pas : ces références existent bel et bien et émaillent toute l'œuvre de Thiéfaine. Mais il y a aussi d'autres choses, notamment du scabreux, du moins avouable à ses parents !
Le concert me turlupine. Peu à peu, je me fais à l'idée de devoir m'y rendre avec ma mère. Mieux vaut ça que rien du tout.
Quelques semaines avant ledit concert, je tente de familiariser ma mère avec l'univers de Thiéfaine. Je fais un tri sélectif dans les chansons. L'Agence des amants de madame Müller, ça pourrait l'amuser. D'autant que dans la commune voisine, il y a une madame Müller aux formes généreuses, mais au visage fermé à double tour. « Aimable comme une porte de prison », dit ma mère. Alors oui, ça la fait marrer d'imaginer notre madame Müller en succube capable de réveiller les sauvages instincts d'un mec qui va acheter innocemment des timbres et des clopes dans un bar-tabac.
Peut-être aussi que La dèche, le twist et le reste serait de taille à l'émouvoir ? Bon, ça passe. Ma mère n'en raffole pas, mais ne se dit pas non plus totalement hermétique à cette sombre chronique d'un naufrage sentimental.
542 lunes et sept jours environ, éventuellement ? Oui, ça va. Elle aime bien le « et j'suis toujours aussi con » qui clôture le refrain. Ouf. Tout n'est pas complètement perdu.
Allez, je tente aussi L'ascenseur de 22h43 et Maison Borniol. Avec un peu de chance, elle percevra la fine ironie qui traverse ces chansons. L'expérience n'est pas réellement concluante. J'ai beau me lancer dans de fumeuses explications de texte (« tu vois, pour moi, je demanderai ta main pour la couper, ça veut clairement dire que le mariage est une vaste fumisterie et que quand tu prends la main de l'autre, c'est bel et bien pour l'en amputer, sous-entendu pour le priver de toute liberté de mouvement », et patati et patata), mes arguments ne la convainquent pas. Tout ça, c'est un peu trop délirant pour elle.
Bizarrement, elle va se mettre à adorer La fin du Saint-Empire romain germanique. « Passe-moi ma pipe de marie-jeanne, sinon j'me shoote à la banane », allez savoir pourquoi, ça l'éclate ! Elle citera souvent ces mots (totalement décalés dans sa bouche, il faut avoir connu ma mère pour saisir le côté quasi inimaginable de la chose) et ce sera ma petite fierté.
Je fais un autre essai avec Je t'en remets au vent. Ça vaut le coup. C'est une chanson qui devrait lui plaire. Volltreffer, comme on dit en allemand. Bingo, quoi, en plein dans le mille ! Ma mère accroche sévère. Elle fait un truc fou : elle enregistre cette chanson plusieurs fois d'affilée sur une cassette. Ça lui évitera de rembobiner ! Par la suite, je la surprendrai souvent en train d'écouter et même de fredonner cette autre chronique d'un autre naufrage sentimental. Petite victoire pour moi. Tout le reste : très peu pour elle. Les références littéraires ? Elle s'en cogne. Les ascenseurs au fond des précipices qui m'ont fait plonger à corps perdu dans l'œuvre de Thiéfaine ? Ça ne lui parle pas. 113ème cigarette sans dormir, la chanson au titre majestueux et aux paroles d'enfer qui accompagne ma révolte post-adolescente ? Non, vraiment, très peu pour elle. D'abord, elle ne fume pas. Elle est asthmatique, il ne faut pas lui parler de tabac. Rien que le nom la fait tousser. Et que sa grande benête de fille clope comme un sapeur la désespère. Mais bon, nul n'est parfait, et elle s'en accommode.
Donc, elle viendra avec moi au concert de Sarreguemines. Cela veut dire que je ne pourrai vivre mon truc seule, les bras refermés jalousement sur mon trésor. C'est ma mère avec moi ou rien. J'opte pour la première solution. Elle, elle est plutôt contente : ça lui fera une expérience. Elle est comme ça : sous ses airs de femme rangée et tranquille, elle n'est pas contre les expérimentations ; de jour en jour, l'idée la ravit de plus en plus. Et puis ça lui plaît que j'écoute un type qui a le même âge qu'elle. Elle en tire une certaine fierté même si le monsieur en question n'incarne pas tout à fait l'idée qu'elle se fait de la sagesse !
Quelques jours avant le concert, je me lance dans une grande aventure : il faut que je fasse adhérer ma mère à l'œuvre qui me transporte. J'insiste plus que jamais sur les références littéraires dont certaines chansons sont truffées. Je suis convaincue que ma mère ne pourra y rester indifférente. Après tout, c'est elle qui a éveillé mon appétit de beaux mots, elle qui m'a initiée à la poésie dont elle est friande. D'aussi loin que je me souvienne, elle cite à tout bout de champ les auteurs qu'elle aime et les chansons qui bercent son quotidien. À mon tour désormais de lui ouvrir la porte de mon univers. Je lui vends du mieux que je peux ma marchandise dont je sens bien le côté un tantinet frauduleux. J'y vais avec mille et une précautions. C'est que je ne voudrais pas qu'elle sorte horrifiée du concert, priant tous les dieux et peut-être même le diable (en désespoir de cause) de redresser l'âme en perdition de sa fille maudite.
Le jour J arrive. Si ma mémoire ne m'abuse, il fait brumeux et cafardeux. Une fin d'octobre en Lorraine, quoi. Ma mère n'est pas en forme : elle est aphone. Mais elle est fermement décidée à m'emmener au concert. C'est-à-dire que c'est moi qui le suis, fermement décidée. Alors elle est bien obligée de faire contre mauvaise fortune bon cœur et d'envoyer balader les microbes qui la rendent quasi mutique. Elle ne s'exprime que par murmures parcimonieux. Le médecin lui a dit d'économiser sa voix. Ce qu'elle fait.
Nous nous garons et nous allons nous mêler à la foule qui attend devant la salle des fêtes de Sarreguemines. La foule ? Que dis-je ! La faune, oui ! Je découvre (et ma mère aussi, ce qui l'estomaque un peu, d'ailleurs) le public de Thiéfaine. À quoi m'attendais-je ? À du costar-cravate à gogo ? Ce que je peux être naïve ! J'ai moi-même découvert cet artiste en compagnie de gaillards pas franchement abonnés à la sainteté. Des délinquants, dirait mon père, qui est toujours un peu plus sévère qu'il ne convient. Des paumés magnifiques, dirais-je, moi qui mets de la poésie même là où il n'y en a pas nécessairement. Des êtres dangereux, s'exclamerait ma mère qui s'inquiète toujours copieusement pour moi.
Devant la salle des fêtes de Sarreguemines, c'est un peu la débandade. Certains partent déjà en live avant même que le live ait commencé ! Il y en a qui titubent, une bouteille à la main. D'autres qui semblent pas loin de chuter comme ça, en pleine rue et sans autre forme d'élégance. Un jeune homme vient à notre rencontre et nous propose de boire un Coca avec lui. Pour un peu, je me ferais avoir et je dirais « d'accord ». Ma mère, plus clairvoyante, répond du tac au tac (un tac au tac susurré comme elle peut) : « Non merci. Ça m'étonnerait qu'il n'y ait que du Coca là-dedans ». Non mais, qui fréquente les bals du samedi soir ? Je crois rêver, c'est le monde à l'envers. C'est ma mère, la plus aguerrie de nous deux ! Elle regarde le jeune homme qui vient d'essuyer un refus et lui adresse un grand sourire. Qui la rend d'emblée sympathique à notre « dealer » éconduit. Il nous avoue qu'en effet, il a mis aussi du whisky dans la bouteille. Mais rien qu'un peu, pour parfumer. Ouais, c'est ça, va conter ça à d'autres qu'à ma mère !!!
Dans le hall que nous traversons en retenant notre souffle, nous voyons de près les énergumènes avec lesquels nous allons passer la soirée. Ça fume dans tous les coins. Partout s'élèvent des nuages de fumée, alors que simultanément s'écroulent des ombres le long des murs. Chassé-croisé un peu flippant. Ma mère me lance des regards interrogateurs. Et même des regards qui hésitent entre l'étonnement et l'épouvante. « Et donc, toi la fille de bonne famille, tu écoutes le même chanteur que tous ces spécimens ? », semble-t-elle me demander. Pour me dérober à une éventuelle question de ce genre, j'évite le regard de ma mère. Toujours fuir ce qui pourrait m'affaiblir ! Finalement, ce n'est pas un mal qu'elle soit aphone en ce jour de gloire !
Je dois avouer que je suis moi-même interloquée. Mais pas en terre inconnue puisque (et ça, maman ne le sait qu'à moitié) je fréquente, en parallèle de la fac où je me sens dans mon élément, un monde interlope dans lequel je me sens tout autant dans mon élément. Je ne saurais expliquer cette espèce de schizophrénie. J'ai un penchant prononcé pour tout ce qui flirte avec les marges, les gouffres, les falaises poreuses ! À l'école, j'ai toujours préféré la compagnie des cancres à celle des intellectuels ! Je trouve qu'être du côté des cancres, c'est s'assurer de bonnes tranches de rigolade. Je ne suis pas loin de penser que ces mêmes cancres ont plus d'esprit que leurs exacts contraires (et dire que je deviendrai prof un jour, si c'est pas scandaleux). Depuis toujours, j'aime bien m'attirer la faveur de ceux qui s'assoient d'emblée près du radiateur en début d'année. À un moment de ma scolarité (qui ne deviendra studieuse que sur la fin), je suis même sur le point de basculer complètement dans leur monde. Mais des profs charitables, passionnés et passionnants sauront me rattraper de justesse avant que ne me grille le côté obscur de la force ! Alors je deviens une drôle d'intello qui, certes, se plonge avec délices dans Schopenhauer et Proust, mais qui ne renie pas ses attirances pour autre chose.
Durant ma vie d'étudiante, même topo : la semaine, je bûche à fond mes cours. Le week-end, je m'ouvre à un monde peuplé de dingues et de paumés, comme dans la chanson de Thiéfaine. Le week-end, je ne relis pas Hölderlin, je le relègue au fond d'un placard et je me casse vers les bas-fonds. Au grand dam de mes parents qui, s'ils étaient au courant de tout, m'interdiraient carrément de sortir !
C'est d'ailleurs avec des gens loufoques, pas du tout gendres idéaux, que j'ai découvert le chanteur qui m'a fait tourner la tête !
Tout cela pour dire que si le public d'HFT me surprend un peu ce soir-là, je n'entre pas non plus en panique totale ! En même temps, qui chante la marge s'en fait le chantre, quelque part. Et donc attire la marge !
Nous voilà dans la salle. Mêlées de près au joyeux bariolage qui grouille ici. À nos côtés, un type lance à son voisin : « Purée, t'en as, tu te demandes ce qu'ils viennent faire à un concert de Thiéfaine ». Et de nous toiser, ma mère et moi. Je me sens humiliée. Pourtant, j'ai mis mon jean et mes santiags. Mais il faut croire que quelque chose me trahit et me classe d'office dans la catégorie des pas trop dingues et pas trop paumés. Quoi donc ? Qu'est-ce que j'en sais, moi ? C'est peut-être la faute à ma veste en cachemire qui fait guindée là où seul le cuir semble de mise. Ma mère, quant à elle, n'a pas dérogé à ses habitudes : jupe et chemisier, et elle vous emmerde tous !
Tout de même, à la fin du concert, le jeune homme à l'anathème facile me dira : « Ouah, tu connais toutes les chansons par cœur, en fait ! ». En fait, oui, vraiment. Ces chansons ont commencé à composer la bande-son de ma vie il y a trois ans déjà, et ce n'est pas fini ! Alors évidemment que j'ai ma petite légitimité là-dedans ! Non mais !
Ce soir-là, j'expérimente pour la première fois ce que je vérifierai systématiquement par la suite : un concert de Thiéfaine, ça te transporte littéralement. Ça te fait perdre toute notion du temps, ça t'engloutit dans une brèche spatio-temporelle dont tu t'étonneras de devoir émerger quelques heures plus tard. « Comment ça, c'est déjà fini ? Mais ça vient à peine de commencer ! Où est la justice en ce bas monde ? ».
Durant toute la soirée, à Sarreguemines, j'oscille entre euphorie et crispation. Oui, crispation : c'est-à-dire qu'à chaque fois qu'une chanson me semble susceptible de heurter les convenances, je m'affole. Pour un peu, je prierais pour que ma mère, en plus d'être asthmatique et aphone, soit frappée d'une soudaine surdité ! Qu'elle ne recouvre l'audition que quand il sera question d'Hölderlin et de Baudelaire ! Raté : sur le trajet du retour, elle me dira qu'elle a remarqué que de nombreuses chansons étaient un peu olé-olé. Et que toutes les références littéraires lui ont échappé. Oui ben c'est pas ma faute si elle est sourdingue au mauvais moment !!!
Sa conclusion ? Pour une expérience, c'est une expérience ! Qui a de la gueule, s'il vous plaît ! Le genre de truc totalement inattendu quand tu as 47 ans, comme Thiéfaine, et que tu mènes une existence pépère (pas comme Thiéfaine !).
Elle me dit aussi que si elle n'a jamais fumé un seul joint de sa vie, elle croit savoir désormais quel effet ça fait. Ben oui : autour de nous, toute la soirée, ça a clopé à fond, et pas que de sages Marlboro ! Ça n'a pas sucé que de la glace non plus. Régulièrement, des effluves corsés nous ont chatouillé les narines. J'avais l'air d'une petite joueuse avec mes cibiches homologuées !
Quand nous traversons le hall de la salle des fêtes à la toute fin du concert, c'est un spectacle un peu triste qui se déroule sous nos yeux : c'est qu'il y a des comas éthyliques qui se perdent en cette jungle ! J'ai carrément mal au cœur pour ces gens qui, j'en suis sûre, n'ont pas pu profiter pleinement de la soirée. C'est mon côté abbé Pierre selon ma mère. Toujours à pleurnicher devant la misère du monde, même quand celle-ci n'est qu'un juste retour des choses.
Une fois à la maison, elle dit à mon père que j'écoute un drôle de lascar. Ouille. Mais elle prend ça avec beaucoup d'humour. Somme toute, cette soirée était bien marrante, comme sortie du fond des âges, venant frapper, telle une météorite, un quotidien par trop plan-plan. HFT, ça te secoue, c'est tout !
Mes parents demeureront toujours loin de l'univers de Thiéfaine. Pas grave, ce sera mon petit truc rien qu'à moi. Il faut que la jeunesse se construise contre les générations qui l'ont précédée, c'est une loi immuable que je vérifie désormais avec mes propres enfants !
Tout de même, pas de bol pour ma mère : à Sarreguemines, Thiéfaine ne joua pas Je t'en remets au vent. Ni L'Agence des amants de madame Müller, ni La fin du Saint-Empire romain germanique.
D'accord, c'était un peu la honte d'aller à ce concert en compagnie de la mother. Enfin, si on se met dans le contexte de l'époque. Car, maintenant qu'elle n'est plus là depuis longtemps, ma Mutti, et que toute vergogne me semble dérisoire au regard du temps qui broie tout menu menu, ce premier concert est l'un de mes plus beaux souvenirs. Et, à chaque fois que sur scène, Thiéfaine entonne Je t'en remets au vent, je me retrouve catapultée dans un monde où existent encore les cassettes qu'il faut rembobiner et elle, ma mère, cette héroïne qui a traversé la vie sur la pointe des pieds et l'a quittée trop vite...
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