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21/07/2022

Joyeux anniversaire, Hubert !

"L'œuvre, nourrie de la vie, plus grande que la vie". Gaëlle JOSSE

 

Depuis ce matin, zéro heure, c'est l'avalanche sur les réseaux sociaux : Joyeux anniversaire, Hubert, happy birthday, mister Thiéfaine, ça fleurit un peu partout. Tant il est vrai que 74 ans, ça s'arrose ! Encore plus qu'une 2721ème cuite. Je trouve !

Toujours sur les réseaux sociaux, j'ai lu ceci : « Joyeux anniversaire à notre Hubert national ». L'épithète lui va bien, n'est-ce pas ? Une semaine après la fête de la prise de la Bastille, le voilà qui se pose là, en héros, notre Hubert : plus national encore que la fête du même nom ! Je trouve !

Parallèlement à ces hommages en pagaille, je repense à une question que notre Jurassien tant aimé se pose dans une chanson du dernier album (dont je n'ai pas fini de dire du bien, croyez-moi) : « Est-ce que je ne suis qu'une erreur ? ». J'ai la réponse, et je pense que plusieurs ajouteraient la puissance de leur voix à la mienne s'ils devaient remplir un questionnaire à choix multiple du type :

□ Oui.

□ Non.

□ Sans avis.

Pour coller à l'air du temps (si triste, si bancal à de nombreux points de vue), je dirais que la question est vite répondue ! Désolée pour l'hérésie grammaticale, mais elle a le mérite d'être marrante !

Non, on n'est pas une erreur quand chacune de nos apparitions suscite une joie mêlée de ferveur. Non, on n'est pas une erreur quand on peut regarder sans rougir une carrière sur laquelle tout le monde n'aurait pas parié il y a encore quatre décennies. Depuis, celles-ci (les décennies) se sont enchaînées, entraînant dans leur sillon les fidèles de la première heure, puis leurs amis (voire ennemis), puis leurs conjoints respectifs à tous (voire amants), puis leurs enfants et amis (voire ennemis), parfois même leurs petits-enfants et amis (voire ennemis). HFT ou la preuve vivante que la pérennité peut être de ce monde. Que tout n'est pas que sables mouvants en cet ici-bas déglingué. Mon père, autre héros national de moindre renommée, ne disait-il pas « l'important c'est de durer » ? C'est le défi qui nous est imposé à tous et que tous ne relèvent pas. C'est le défi qu'Hubert a su relever avec un brio qui lui est propre. Déjouant très vite les pronostics aux accents de Cassandre (« T'as pas le droit de chanter », par exemple). S'engouffrant majestueusement, avec son public, dans l'incroyable magie des vases communicants : « Suis-moi, je te suis », voilà ce qu'ils se sont dit d'emblée, se le répétant année après année, album après album. La fidélité de l'un engendrant, telle une nécessité absolue, la fidélité de l'autre. Et vice-versa jusqu'à on ne sait quelle limite. On ne veut pas savoir. Et dire que moi aussi je baigne dans ce vertigineux mouvement, depuis bientôt trente ans. M'étonnant d'avoir été, sur ce coup-là, d'une fidélité exemplaire. Irréprochable, vous dis-je. Participant comme tant d'autres à la folie d'un brasier jamais éteint. Refusant d'oublier qu'à une époque sombre de ma vie, HFT fut le radeau qui me ramena sur la rive, m'évitant le naufrage. Mieux qu'un ascenseur au fond d'un précipice.

Non, en aucun cas on n'est une erreur quand, sans le savoir, on a aidé certains à se tenir debout contre tous les vents mauvais. Quand on est le compagnon inébranlable de tant de vies. Quand, à l'aube de ses 74 ans, au lieu de s'adonner comme d'autres à la facilité des redites, on va chercher encore plus loin, ailleurs, offrant à son public une œuvre (Géographie du vide) pas commode au prime abord. Au prime abord seulement. Je trouve !

Alors oui, pour tout cela et plus encore, merci HFT, et joyeux anniversaire !