08/09/2025
J'ai perdu mon cœur à Bois d'Amont...
"Vivre chaque seconde comme un siècle de merveilles. Un regard sur une fleur contient l'univers et l'éternité". René BARJAVEL
« Ich hab' mein Herz in Heidelberg verloren », dit une chanson allemande, ce qui signifie « j'ai perdu mon cœur à Heidelberg ». Qui connaît la charmante ville en question ne s'étonnera pas que l'on puisse y perdre son cœur. Je dirais même que c'est la moindre des choses ! Bref... Là n'est pas le sujet. Le sujet, c'est : on peut effectivement perdre son cœur à Heidelberg, moi c'est à Bois d'Amont que j'ai laissé le mien (après l'avoir, jadis, perdu à Heidelberg).
Oui, j'ai perdu mon cœur à Bois d'Amont. Bois d'Amont où eut lieu le dernier concert de la tournée Replugged. Depuis, plus aucune nouvelle de la galaxie Thiéfaine. Je viens d'aller faire un tour sur le site officiel, afin de vérifier la date de Bois d'Amont. C'était le 7 septembre 2024. Il y a un an et un jour. Et le site affiche toujours « pas de dates à venir ». Information en dessous de laquelle il est écrit « demander un concert ». Ah, mais voyons, si c'était aussi simple ! Des concerts, il y en aurait eu en pagaille après Replugged, c'est moi qui vous le dis. J'aurais même demandé plusieurs concerts par ville, tiens ! Nancy ? Le Zénith et la salle Poirel ! Et même la salle des fêtes de Vandœuvre-lès-Nancy, parce que « soyons fous ! » reste sans doute la plus belle devise du monde. Metz ? L'Arsenal, la BAM et pourquoi pas Les Trinitaires ?! Toujours au nom de ce merveilleux « soyons fous ! ».
Mais je pourrais m'acharner autant que je le souhaite sur « request a show near you » (oui, c'est formulé comme ça sur le site), seul le silence répondrait à ma vaine requête. Il n'y a rien à annoncer pour le moment. Aucune tournée, aucun album. Je ne dirais pas qu'il ne nous reste que les yeux pour pleurer (encore que, parfois, je serais bien tentée de l'affirmer). Mais ne nous mentons pas quand même : il ne nous reste pas grand-chose. Il ne nous reste que les albums déjà existants pour nous consoler.
C'est déjà bien, m'objecterez-vous. Oui, bien sûr, mais le fan de Thiéfaine (et ça marche pareillement pour la fan de Thiéfaine, catégorie dans laquelle je me range) est exigeant (e). Les tiédeurs, très peu pour lui, très peu pour elle. Et nous voilà donc plusieurs et même bien plus que ça à nous lamenter et à nous demander quand donc reviendra HFT. Un mystère de plus en ce bas monde qui n'en manque pas. Abwarten und Tee trinken, dit-on en allemand quand on invite à la patience. Attendre et boire du thé, si je décode. Bon, eh bien, buvons, buvons, mes chers amis, il ne nous reste que cela à faire. Jusqu'au jour (merveilleux, cela va sans dire) où peut-être l'info « pas de concerts à venir » sera remplacée par « les dates de la nouvelle tournée ». Ce serait tellement, mais tellement … Je n'ai pas de mots assez fous pour décrire le sentiment qui, ce jour-là, m'envahira !
Pour le moment, le vide... Sidéral et sidérant. À ce vide sidéral et sidérant, je ne peux opposer qu'une seule implacable vérité : j'ai perdu mon cœur à Bois d'Amont.
Bois d'Amont où j'arrivai au terme d'un périple compliqué qui faillit rendre chèvre mon GPS.
Bois d'Amont où Erwan s'écria mélancoliquement avant le concert : « Ce soir, chaque note jouée sera la dernière »...
Bois d'Amont où je m'efforçais, alors que toute note jouée courait à sa perte, de savourer chaque seconde. De me fondre dedans, de m'y ancrer de toutes mes forces. Moi qui souffre de cette étrange « nostalgie du présent » dont Serge Rezvani parle si bien. Moi qui suis parfois tellement dans la hantise de voir quelque chose s'achever que je ne parviens pas à profiter du moment où ça a lieu. Parce que je suis un peu conne, il faut bien le dire. Toujours à penser que lorsqu'un événement est enclenché, il se précipite déjà vers sa fin. Remarquez, parfois, ça peut être pratique. Mais parfois non...
Bref... Bois d'Amont où ma voisine, Évadné pour les intimes, se lança dans une savoureuse imitation du pape sur Cabaret Sainte-Lilith.
Bois d'Amont où ma même voisine, toujours Évadné pour les intimes, et son compagnon Erwan (dont il a déjà été question ci-dessus ; vous savez, le coup de « chaque note jouée sera la dernière ») chantèrent à tue-tête le refrain de Groupie 89 turbo 6 avec tellement de conviction qu'un fouet eût été superflu. La scène sado-maso, je la visualisais pleinement en regardant ces deux-là, croyez-moi ! Heureusement que la soirée fut ponctuée de petits instants comme ça, parce que sinon, elle aurait été triste à pleurer.
Bois d'Amont où, justement, Lucas pleura, et ce dès les premières minutes du concert si je ne m'abuse. Ce qui, par un désastreux effet de ricochet, me fit pleurer moi aussi. J'ai la larme facile. L'alarme aussi. Ce qui n'aide guère dans la vie.
Bois d'Amont où, la nuit venue, en sortant de la salle, je constatai ce que je savais déjà : il n'y a pas que le vieux Nord qui s'avère toujours frileux, il y a le Grand Est aussi.
Et, dans le froid qui nous pinçait et ajoutait à la peine que nous ressentions tous face aux notes jouées qui avaient fini par mourir vraiment, je me prenais à rêver à une éventuelle tournée à venir... C'est comme ça, c'est plus fort que moi : avec HFT, j'ai besoin de me projeter. Besoin de noter sur le calendrier une date, et puis une autre, et sans doute encore dix autres, parce que « soyons fous !» reste de loin ma devise préférée.
« Soyons fous ! », mais rien ne vient. Et j'attends, j'attends à en écluser des litres et des litres de thé... Rien ne vient, d'accord, c'est un fait indéniable. Jusqu'au jour (merveilleux, cela va sans dire) où quelque chose viendra et où, à la place de « pas de dates à venir », s'étalera une myriade de concerts. Et là, il suffira de cliquer sur « request a show near you » pour que s'affolent les calendriers. Le mien, en tout cas ! Allez, on y croit !
18:50 | Lien permanent | Commentaires (0)
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