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05/07/2010

Naissance d'une histoire d'amour (ou de quelque chose dans le genre !)

Pas de deuxième pensée du jour, une seule suffit. Celle de tout à l'heure est toujours vraie, "je chemine cahin-caha à travers le deuil"...

Voici donc le texte que j'avais écrit à propos d'HFT le mardi 8 octobre 2002. J'avais mis le point final à 23h50 (c'est précis !). Je viens de le retravailler un peu et de le réactualiser aussi, mon âge ayant changé !!! En voici donc la première partie. La suite demain ou un autre jour. On verra. N'hésitez pas, vous, à me raconter aussi comment vous êtes allés à Thiéfaine ou comment Thiéfaine est venu à vous...

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Thiéfaine et moi, c'est une longue histoire ! Une de celles qui, étrangement, mettent un temps fou à s'installer... Mais qui, une fois là, collent à jamais à votre quotidien, de manière indéfectible... Dès le collège, on a essayé de me coller HFT entre les oreilles. Oui, les premiers disques me furent prêtés par mon prof de mathématiques. J'ai toujours eu horreur de cette matière, je n'y peux rien, ça a été le blocage de toute ma scolarité. Un drame, parfois, parce que j'en ai versé des larmes et des larmes devant certains problèmes qui, à mes yeux, étaient condamnés à le rester à jamais... Pour moi, il n'y avait malheureusement pas une solution à chaque problème, loin de là. Et même la solution donnée ensuite par le prof me ... posait problème !!! A l'époque, donc, je n'imaginais pas qu'un jour les mathématiques entreraient dans ma vie ... par l'escalier de service et grâce à HFT !! Maintenant, j'ai pour habitude de dire que je déteste les mathématiques, mais que je fais toutefois une exception quand elles sont souterraines !! Thiéfaine est venu introduire une nuance dans cette aversion viscérale !!

Oui, donc, mon prof de maths... C'était un monsieur assez atypique. Qui aimait Renaud, Lavilliers et Thiéfaine. Entre autres. Un jour, il crut bon de me prêter quelques CD d'HFT. Je ne saurais plus dire lesquels. Il y en avait deux. Le lendemain, je les lui rendis, lui disant que je n'entrais pas du tout dans cet univers. Impossible de piger trois mots, je restai hermétique, indifférente à la poésie d'Hubert. Honte à moi ! Double honte parce que des années plus tard, lorsque j'étais en terminale, une de mes amies m'avait soigneusement recopié le texte de « Demain les kids », certaine que ces mots trouveraient un écho en moi. J'avais dû trouver cela beau, mais le déclic ne s'était pas fait, allez savoir pourquoi...

C'est l'amour qui me conduisit un jour (ou plutôt une nuit) sur les traces d'HFT. Je venais de dégringoler de mon petit nuage : pendant deux ans, j'avais aimé follement un jeune homme que mes parents voyaient comme un voyou, un moins que rien, qui réussit pourtant à devenir en un clin d'œil mon plus que tout ! Pour X raisons, un jour, je suis partie, ne supportant plus certains traits de son caractère. Mais ce ne fut pas sans regrets, ce ne fut pas sans fracas, ce ne fut pas sans larmes... Le jeune homme en question m'avait initiée à Gainsbourg, j'avais plongé tout de suite. En revanche, pour Thiéfaine, qu'il écoutait aussi, une fois encore, le déclic fut remis à plus tard. Plus tard, ce fut quand l'amour n'avait plus cours, quand il avait déjà fait demi-tour... Après avoir claqué la porte sur deux ans d'une histoire terriblement compliquée et pas reposante pour un rond, je me rapprochai du meilleur ami de mon amour... Et ce fut lui qui, par une triste nuit de septembre, me fit entrer dans l'univers de Thiéfaine. Enfin !

« Pauvre petite fille sans nourrice

arrachée du soleil

il pleut toujours sur ta valise »... A l'époque (et même encore maintenant, tiens !), j'aimais penser que certains mots avaient été écrits sur mesure pour moi. Je me sentis soudain la « pauvre petite fille sans nourrice arrachée du soleil » dont il était question dans la sublime chanson. Oui, cette môme qui offrait ses carences, qui cherchait un préambule et se retrouvait toujours avec une valise arrosée par une pluie torrentielle, c'était moi ! Ce fut une véritable révélation ! Mais comment avais-je pu passer à côté de cette magie ? Comment avais-je pu rester indifférente à tant de poésie ? Le lendemain de cette révélation, je fonçai acheter pas mal d'albums d'HFT ! Soudain, ce fut une boulimie phénoménale, plus rien ne pouvait m'arrêter. Je restais des heures dans ma chambre, recluse comme une nonne, à m'adonner aux joies et aux élans d'une nouvelle histoire d'amour : mon histoire d'amour avec la violente poésie d'HFT, tout simplement ! Et elle contribuait à me guérir un peu d'un autre amour. Désormais, j'allais pouvoir marcher sur un fil qui nous relierait secrètement l'un à l'autre (je sais, je flirte beaucoup avec le romanesque, mais que serait la vie sans une bonne dose d'enchantement ? Quand il ne se présente pas d'emblée, l'enchantement, il faut essayer de le créer soi-même. Je suis assez habile à ce jeu, mais je me casse souvent la binette, me retrouvant souvent éclopée pendant des mois. La raison ? Elle est toute simple : je me fais la courte échelle vers un septième ciel que j'invente de toutes pièces, et puis un jour, il faut se rendre à l'évidence, le septième ciel n'était qu'un leurre, et je tombe de mes nues, comme une imbécile, et cela fait 36 ans que durent ces oscillations entre vertigineuses ascensions et brutales dégringolades...).

Commentaires

Moi non plus le déclic n'a pas été immédiat .
1ère chanson éntendue : Vierge au Doge 51 , puis l'album entier chez une copine.
A 15 ans ça ne m'avait pas transpercer il faut dire ,puis j'ai continuer d'écouter de loin en loin comme beaucoup d'artistes .
Il y a 2 ans , je met un cd dans la chaine et là c'est comme si je l'entendais pour la 1 ère fois , le déclic sur Demain Les Kids !
J'ai écouté l'album , sidérée .
J'ai ensuite repassé tous les albums dans l'ordre et j'allais de claque en claque !
Dur de tout se prendre d'un coup dans la gueule !
Comme toi je me demande comment j'avais fait pour passer à côté de tout ça !

Écrit par : loreleï2 | 05/07/2010

Moi, ce sont mes frères, que tu connais bien, qui m'ont fait découvrir Hubert. Je devais être en 5ème. Ils avaient reçu deux cassettes qui'on a écouté dans la voiture en revenant des courses. 655321 m'a dit "c'est un type, il prend des mots dans le dictionnaire et ils les assemble... Ca veut rien dire !"
Et moi je pensais que ça allait ressembler à "trottoir lavabo phénomène enlever..." Un truc non construit, sans sujet, verbe, complément. Alors je lui dis "ben si, ça veut dire quelque chose". Bon, je ne décortique pas autant que toi les textes (voire pas du tout, en fait) mais voilà, je trouve ça assez amusant.
Bises

Écrit par : petit-jour | 05/07/2010

Alors pour moi - même si je l'ai déjà formulé sur ton blog - la première initiation vient de ma cousine, j'étais en classe de 5 ème, elle en sixième. La toute première dont je me rappelle, c'est "Buenas Noches Jo", ensuite, c'est soleil cherche futur, avec une prédilection pour... les dingues et les paumés...
cependant c'est en seconde que je me suis mise à écouter HFT en boucle...

Et ça continue...

Écrit par : Bérangère | 05/07/2010

C'est très sympa cette séquence "premières fois"... Je m'y colle même si je l'ai déjà fait je crois :)

Alors j'ai un grand frère qui a 7 ans de plus que moi. A l'heure actuelle ça n'a plus beaucoup d'importance mais quand j'avais 12 ans il en avait 18/19... et là c'était une tout autre histoire, autant dire qu'il avait pas grand chose à voir avec mon univers d'enfants... Pis un jour voilà qu'on se retrouve dans sa chambre tous les deux. Il écoutait pas mal de musique, du rock, du reggae, et surtout il a bon goût l'animal, et une sympathique collection de vinyls (je vous parle d'un temps où on pouvait pas télécharger tout ce que l'on voulait et que nous étions encore prisonnier du support...). Pour ceux qui ont des frères et soeurs, vous devez savoir commet cela se passe dans une famille : chacun écoute un truc dans sa chambre, en générale le plus fort possible et en boucle... donc Thiéfaine j'avais déjà entendu un peu, je savais que mon frère et ma soeur écoutait ça, je connaissais le nom quoi...
Donc je me retrouve dans sa chambre avec mon brother, il met une chanson avec un pont et une montée et là d'un coup j'entends une phrase qui fait tilt : "A quelle heure passe mon prochain bar, que j'paye une bière à mon clébard!". J'écoutais Goldman, Renaud, à cette époque je crois (j'ai commencé à écouter de la musique relativement jeune) et je pensais à cette époque qu'il y avait des mots pour parler, crier... bref pour la vie quotidienne, et des mots pour mettre dans les chansons, des mots tout propres, un langage plus soutenu. Et là, d'un coup je me prends ce fameux "clébard" dans la face et je me dis si on a le droit de mettre "clébard" dans une chanson alors là ça devient vraiment rigolo les chansons...
Donc plus tard, tout seul j'ai voulu ré-écouter cette chanson, le problème ce que je n'en connaissais pas le titre, je savais juste que c'était Thiéfaine le chanteur... mon frère avait plusieurs disques et donc je les ai tous écoutés pour retrouver "ma" chanson... et je me suis mis tout de suite à aimer et depuis j'écoute toujours :)
La bise,
Boub'

Écrit par : boub' | 06/07/2010

Merci de vous être prêtés à ce petit jeu ! Lorelei, Petit-Jour, Boub, Bérangère, c'est toujours un plaisir. Boub, cela me fait penser que j'ai laissé ton dernier mail sans réponse. Je t'écris dès que possible. Je pense à toi pourtant, mais je me fais bouffer par des tas de trucs. La bise !!

Écrit par : Katell | 06/07/2010

No problemo, c'est les vacances... :)

la bise,
Boub'

Écrit par : boub' | 07/07/2010

Et tu racontes tout cela avec une jolie poésie je trouve, c'est très joli !

Écrit par : caro | 07/07/2010

Salut à tous,

Dans l’urgence d’un départ tout proche, je vous livre quelques instantanés en réponse au sujet proposé (bravo pour la diversité des débats et la richesse des analyses).
Déjà la chrysalide de cette passion se matérialisa par ces prénoms Hubert-Félix dont l’association improbable éveilla un premier soupçon de curiosité par son coté un tantinet surréaliste.
Puis je me souviens de refrains prégnants mais vivifiants harmonisés de mots étranges et aussi d’une attitude discrète contrastant avec l’étalage d’une variété, affligeante de bons sentiments et de cheveux gominés…
Puis je revois un frangin tout auréolé d’un halo d’enthousiasme me révélant (me contaminant serait plus juste) un chanteur osant des mots insensés pour transgresser un monde ronronnant et inadapté par sa petitesse (« ce n’et pas tous les jours faciles de vivre en société quand on a un peu d’imagination.. »)…Rapidement infecté le diagnostic se confirma à chaque album de Thiéfaine : je devenais incurable.
A l’époque,bien qu'encore trop encombré par moi-même, je ne pouvais qu’être réceptif à ces chants intrigants qui jaillissaient comme autant de terrains communs d’entente potentielle avec ce compagnon d’infortune.
C’était le début des années 80, le service militaire pointait sa myriade de promesses veules et insanes dans un horizon personnel que même le socialisme en vogue n’embellissait pas plus que ça…Pour moi, même pas d’amours malheureuses ou de tragédies particulières (fort heureusement…merci la Vie ) comme impulsions pour s’aimanter de cette œuvre en prise directe avec nos vies (la mort, la solitude…).Non juste une exigence incompréhensible de réponses à des questionnements infinis, matinée aussi d'un puéril zeste d'orgueil, consistant à louer l’esthétisme d’une poésie novatrice aux thèmes si subversifs…
De plus, et comme l’a joliment écrit un subversif justement, « j’existais si peu que je n’étais même pas personne ».Eperdu dans mes prétentions chimériques d’une Vérité universelle j’en oubliais le dérisoire de notre condition humaine « si haut qu’on monte on finit toujours par des cendres » avais-je lu quelque part mais ça ne me consolait pas,ni n’atténuait mon impatience d’explications métaphysiques …
Cependant, et au même titre que c’est en chantant que les aborigènes australiens font venir le monde à l’existence, c’est en interprétant (massacrant serait le terme le plus pertinent en regard à la qualité de ma voix !) ou en écoutant les chants de Thiéfaine que des averses diluviennes de félicité s’abattait sur ma foret d’interrogations existentielles pour créer en moi un élan de vie toujours renouvelé…malgré tout,coute que coute.
Et c’est ainsi qu’un cheminement parallèle mais viscéralement fidèle prit forme pour ne plus jamais se démentir jusqu’ à maintenant…
Merci pour le sujet, visiblement on était nombreux en attente d’une telle opportunité…
Cette fois j’y vais, bonnes vacances,
Amitiés

Écrit par : alfana | 08/07/2010

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