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07/08/2012

Petite note comme ça sur Suppléments de mensonge

La pensée du jour : "Autour de moi, tout le monde se démène, s'affirme, alors que moi je me dévore, je me dévore". CIORAN  

 

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Ce n'est pas parce que ce blog se pare depuis plusieurs semaines de "couleurs silencieuses" que je n'ai pas, dans un coin de ma caboche, deux ou trois idées de notes ! Déjà, dans les semaines qui viennent, je vous livrerai ici la suite et la fin de l'article paru en 1983 dans Chanson magazine. Ensuite, sachez qu'en ce moment, j'écoute Suppléments de mensonge en boucle et reboucle ! Et même : je n'écoute que cela... Et des idées de notes me trottent dans le ciboulot. A chaque écoute. Cette fois, je prends le temps de me poser et d'en pondre enfin une, de note !

Bilan des courses après cette période d'intense plongée dans les eaux délicieuses du mensonge : je suis plus fan que jamais !! Est-ce bien raisonnable ? Et surtout : est-ce bien possible ? Oui, trois fois oui, et sans vergogne en plus ! Suppléments de mensonge est à mes yeux l'un des plus grands albums de Thiéfaine. Le tout oscille entre descente au fond de l'abîme et lente remontée vers la lumière. On y sent les griffures que la vie a imprimées sur la peau de l'homme qui, en bon guerrier de l'absurde qu'il est, n'en est plus à une scarification près... On y sent le vertige aussi, la chute, le moment où, vers 4 heures du matin et des brouettes, la conscience bascule vers ce que j'ai envie d'appeler, clin d'oeil à Charles Juliet, des "ténèbres en terre froide". Griffures et chute, bien sûr, mais aussi et surtout remontée du précipice. Et c'est là que l'amour (oserai-je dire la Femme ?) apparaît comme une bouée de sauvetage. Un ascenseur pour autre chose que l'échafaud.

Suppléments de mensonge, c'est finalement un album marqué du sceau de la féminité. Il me semble d'ailleurs me souvenir que Thiéfaine disait qu'il avait mis là une bonne dose de sa part féminine. Et puis, ici, la femme est chantée à toutes les sauces. Elle est pour ainsi dire omniprésente, qu'elle soit velours ou qu'elle soit glace. Elle représente deux pôles : la vie ("Je t'aime et je t'attends à l'ombre de mes rêves / Je t'aime et je t'attends et le soleil se lève") et la mort ("Tu sais déjà, me murmure-t-elle, qu'il faut séduire pour mieux détruire"). "Les ombres du soir", c'est à mes yeux, avec "Petit matin 4.10 heure d'été", la claque magistrale que vous flanquent ces Suppléments de mensonge. A chaque fois que je me perds dans ces ombres du soir, ma folle imagination m'entraîne vers des représentations vertigineuses et inquiétantes : des marais où l'on se perd ("Où est la sortie ?"), des "morts lumineux", des saules. D'ailleurs, cette chanson m'impressionne tellement que j'ai d'abord cru que Thiéfaine évoquait des aulnes, et non des saules. Et de m'imaginer le Roi des Aulnes, et "wer reitet so spät durch Nacht und Wind ?" Purée, rien que de l'écrire, j'en ai des frissons !!! Des saules, donc. Et qui n'ont rien à envier aux aulnes de Goethe. Les saules, c'est tout aussi effrayant par grand vent !! Des saules, oui. Et une femme-serpent, d'abord endormie, mais qui n'en est pas moins menaçante ! Après la vamp-araignée de Scandale mélancolique, la vamp-serpent, follement inquiétante, follement séductrice, follement racoleuse et mortelle.

Tapie dans l'ombre des majestueux "Trois poèmes pour Annabel Lee" ? Une femme encore ! Et dans "Garbo XW machine" ? Je vous laisse le dire ! Cette fois, point de douceur. De la séduction pure et dure, à l'état brut. De la "froideur féminine".

Un peu plus loin, dans "Compartiment C voiture 293 Edward Hopper 1938", c'est encore une image de femme qui s'offre à nous. S'offre, mais pas trop. Elle est plongée dans sa lecture qui "nous cache son regard". Thiéfaine laisse parler son imagination : une femme voyageant seule ainsi, en 1938, fuit nécessairement un amant trop pressant ou un enfant trop étouffant. Tout en posant la question ("Est-ce que tu fuis dans ce train quelque amant qui chercherait à briser ton silence / Est-ce que tu fuis dans ce train quelque enfant qui volerait ton indépendance ?"), Thiéfaine nous livre son interprétation des faits. Et donc sa réponse à lui.

Bon, bien sûr, il y a ensuite la "vamp orchidoclaste" qui vient nous ruiner à elle seule ce somptueux tableau de la féminité accomplie ! Par bonheur, ce genre de meufs, Hubert sait les éviter, lui. Ce qui ne l'empêche pas de leur consacrer une succulente chanson, fielleuse à souhait ! Et cela n'exclut pas l'humour et les trouvailles langagières !!

Le tout s'achève sur "Les filles du sud". Et voilà donc bouclée la boucle de "Mélusine aux longs cheveux défaits". Du grand art, que dire de plus ?!

Commentaires

Un petit commentaire comme ça sur Cabaret Sainte Lilith pour t'exprimer toute mon amitié.
Bises et merci pour ton billet ça fait du bien de te lire :-)

Écrit par : Arnaud | 07/08/2012

Très belle note :o)

Écrit par : petit-jour | 07/08/2012

Trêve de plaisanterie, bien longtemps que je n'ai pas écouté Suppléments de Mensonge...
En ce moment pour ma part, ce sont plutôt les deux derniers albums de Eiffel qui tournent en boucle, mais je reviens toujours à mes premières amours, tôt ou tard :-)

Écrit par : Arnaud | 08/08/2012

Contente de te relire, Katell, et contente aussi de pouvoir revenir ici (mon souci s'est résolu, ouf) !
Moi aussi, ça fait longtemps que je n'ai pas écouté Suppléments de mensonge. Mais cela ne saurait tarder : à te lire, j'ai de nouveau envie d'écouter les sublimes Ombres du soir...

Écrit par : Aska | 08/08/2012

Les suppléments on tourné en boucle il y a un mois à peu près pour ce qui me concerne... J'y reviens régulièrement, car cet album contient bien quelques trésors ! Les Ombres et Petit matin, brrrr... sublime, oui.
@ Arnaud : tu t'entraînes pour le nouvel album qui sort en septembre ? ;-) J'aime beaucoup certains titres d'Eiffel également. Je les ai vu en pré-tournée en mai dernier pour la promotion de Foule Monstre.

Écrit par : aclh | 08/08/2012

@aclh : oui même si j'aime bien "place de mon coeur", 1er extrait de cet album à venir
http://www.youtube.com/watch?v=R-lhB8GF6rE , je m'entraîne surtout pour le concert du 21.11.2012 :-)

Écrit par : Arnaud | 12/08/2012

Le Saule pleureur est l'arbre de la Lune, de la Femme et de l'eau. Il était pour les romantiques, l'Arbre de la mélancolie et du souvenir nostalgique.

Au plaisir de te lire.

Écrit par : karen | 13/08/2012

Le saule est l'arbre de la Lune, de la Femme et de l'Eau.
Le saule pleureur était, pour les romantiques, l'arbre de la mélancolie et du souvenir Nostalgique.

Au plaisir de te lire.

Écrit par : karen | 13/08/2012

Heureuse de relire ta belle plume toute empreinte de sensibilité féminine ;-)

Écrit par : Evadné | 16/08/2012

Coucou Cath, j'ai pris du retard dans mes lectures. J'adore ton article. Je t'embrasse. Anne.

Écrit par : Arabesque | 22/08/2012

Même avis, cet album est un des meilleur de notre grand artiste.
Il est sublime, je l'adore et l'écoute en continu depuis le 28 février 2011.

Écrit par : PK | 25/08/2012

Les commentaires sont fermés.