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02/02/2022

Grand Rex, deuxième billet !

"Le souvenir du bonheur n'est bénéfique que lorsque celui qui se souvient est encore heureux. Dans le malheur il n'est pas une consolation ou un refuge, mais la brûlure d'un regret sans espoir". Claude ROY

 

Arriver dans ma salle de classe et sentir que les idées fusent dans ma tête pour un deuxième billet consacré au concert du Grand Rex. Purée, c'est tout moi, ça. Et un des petits drames de ma vie : devoir régulièrement refouler mes désirs d'écriture au profit de tout le reste. Bref...

Hier, après avoir publié ici un premier billet sur le concert de samedi soir, j'ai dû partir bosser et me presser un peu ! Juste avant d'accueillir mes élèves, j'ai griffonné sur une feuille les idées qui m'étaient venues dans la voiture, sur le trajet domicile-boulot ! Envie soudaine d'écrire un truc plus enflammé que ce que je venais de déposer sur le Cabaret. Un truc débordant de gratitude, dégoulinant même si besoin ! C'est qu'Hubert et son équipe le valent bien, bon sang !

D'abord, je dois dire que je suis reconnaissante à la chance qui, m'ayant lâchée durant tout le mois de janvier, a fini par me repêcher de justesse quelques jours avant le concert. C'était inespéré. Et nécessaire. Ayant quelques soucis de santé, je reste persuadée que les concerts de Thiéfaine me sont plus que jamais force vitale ! Il a raison, Hubert : face aux vicissitudes de l'existence, face à tous ces machins qui nous malmènent rien que, semble-t-il, pour tester notre capacité de résistance, il faut des rêves solides. Des points d'ancrage, des balises dans l'obscurité. Depuis trente ans, l'une de mes balises (n'ayant jamais connu une seule mutation), c'est justement ma passion pour l'œuvre d'HFT. Jamais je n'aurais imaginé, au moment où elle prit naissance en septembre 1992, qu'elle m'accompagnerait si loin dans ma vie. Je pense même pouvoir dire qu'elle ne partira qu'avec la bonne femme, comme disait ma mère à propos de certains de ses défauts ! Il y a trente ans, un ascenseur soudain apparu dans la fange noirâtre d'un précipice venait littéralement me sauver. J'étais totalement paumée, l'existence me gênait aux entournures. Je la trouvais toujours trop étroite, trop pas comme je l'avais voulue. Et donc, inopinément, cet ascenseur nommé Thiéfaine. Et ces chansons qui me parlaient d'un mal-être existentiel qui avait quelques points communs avec le mien... L'œuvre tout entière (déjà conséquente à l'époque) me prouvait du même coup qu'on pouvait se réparer par l'art. Sublimer sa déréliction en l'emmenant se faire voir ailleurs ! Là encore, je ne peux être que reconnaissante.

Retour sur samedi soir. Tout de même, nous sommes gâtés avec cette setlist qui nous permet une belle navigation dans l'œuvre d'HFT. La queue est sans doute le morceau le plus inattendu sur cette tournée. Évadné a raison : de nombreuses chansons entrent en résonance avec notre drôle d'époque. Merci à Hubert, encore une fois, merci de nous rappeler une chose que la même drôle d'époque (ou plutôt ceux qui la peuplent) a tendance à oublier : nous sommes tous cousus dans la même étoffe. « De race humaine, de nationalité terrienne ». Joie de retrouver une intelligence qui ne reste pas figée au sol, qui voit plus grand que ses « villes natales et frenchitude » !

Joie, également, de voir les musiciens se donner à fond sur scène. Ils passent tous allègrement d'un instrument à un autre, insufflant à chaque fois un peu de leur âme à tout ce qu'ils touchent. À ce niveau-là, c'est plus que de la maîtrise, c'est de la magie ! Et la voix et les mots d'Hubert là-dessus. Le rendez-vous de la parfaite osmose !

Après avoir quitté le Grand Rex, je suis allée rejoindre Seb et deux de ses amis à la terrasse d'un café, le Marie Belle. Plaisir de partager des impressions sur ce que nous venions de vivre, sur le dernier album, sur l'ensemble de la carrière d'HFT. Pour moi, ces moments-là sont tout aussi importants que les concerts. Ils font partie du truc. J'ai dit plus d'une fois combien j'aimais zoner devant les salles de spectacle bien avant qu'elles ne s'animent. Et après aussi. D'ailleurs, il faut absolument que je revienne sur la rencontre que j'ai faite vers une heure de matin : ce couple qui venait de découvrir Thiéfaine et en avait des étoiles plein les yeux et plein la bouche ! J'attends le bon moment pour pondre le billet qui tentera de leur rendre hommage.

Pour en revenir au dernier album, celui qui fâche certains, celui qui ravit les autres, bref celui qui ne laisse personne indifférent : là aussi, nous ne devrions être, à mon avis, que reconnaissance. Thiéfaine nous a offert ici un sacré coup d'audace. Coup de maître à mes yeux. Punaise, réjouissons-nous, bordel : ce n'est pas donné à tous les artistes de se renouveler de fond en comble après plus de quarante ans de carrière ! C'est marrant, ce qui m'est arrivé avec Géographie du vide. C'est un album qui m'a d'abord totalement désarçonnée. Première écoute déstabilisante. Mais ça a fait comme avec la clope quand j'avais onze ans : ayant pris une première Marlboro, j'avais d'abord senti ma tête tourner. C'était un écœurement et pas l'enchantement espéré. Je me suis dit que ce n'était pas possible, une déception pareille. J'ai rallumé une cibiche dans la foulée, et celle-là fut bonne. Voilà comment je me suis créé alors une addiction dont je ne devais me défaire que bien des années plus tard. Pour Géographie du vide, ce fut un peu le même topo : pas d'écœurement, bien sûr, mais un immense étonnement dont je ne savais que penser. Je me suis dit que je ne pouvais pas en rester là. J'ai de nouveau appuyé sur « play ». Et là, une claque. J'adoptai d'emblée tous les morceaux, même La fin du roman que j'avais d'abord jugée insipide. N'importe quoi ! Ça m'apprendra à fermer ma gueule au lieu de l'ouvrir prématurément ! Désormais, Géographie du vide m'est nécessaire, totalement. Je ne peux pas passer une semaine sans l'écouter !

 

Bon, ben, voilà encore un billet qui prouve que quand il s'agit d'HFT, je ne suis pas vraiment la reine de l'objectivité !!!

 

 

Commentaires

Je mets en exergue car c'est TELLEMENT VRAI !!!

"Thiéfaine nous a offert ici un sacré coup d'audace. Coup de maître à mes yeux. Punaise, réjouissons-nous, bordel : ce n'est pas donné à tous les artistes de se renouveler de fond en comble après plus de quarante ans de carrière !"

Écrit par : PK | 05/02/2022

Sur un coup de tête et de cœur, je suis retournée voir Hubert mercredi soir à Lyon ! J’ai trouvé le concert moins pêchu qu’à l’Olympia mais un Hubert plus en forme, plein d’humour ! Un gros problème de son est venu ponctué le concert… Qu’à cela ne tienne ! Hubert et ses musiciens nous ont joué et chanté La fin du roman en bord de scène : Christopher et Lucas à la guitare, Jean François à la contrebasse et Fred au saxo. Moment bizarre mais sympa et qui n’a pas du tout eu l’air de déstabiliser notre Hubert !
Les musiciens sont vraiment géniaux et c’est un régal ! Je trouve Lucas au top à la batterie, il assure vraiment. Fred au saxo vient enjôler quasi tous les morceaux et c’est délicieux. Christopher nous émeut avec son piano et Jean François nous exalte avec son violoncelle et nous claque avec sa basse.
Bref… j’en suis ressortie encore toute émerveillée !

Les prochaines dates se trouvent trop éloignées de chez moi alors j’attendrai fin mars pour le concert de Montélimar. À moins que…

Écrit par : Bételgeuse | 05/02/2022

Oui, à moins que, comme tu dis, Bételgeuse ! Moi aussi j'ai mon petit "à moins que" dans un coin de ma tête. Théoriquement, je revois Hubert et sa fine équipe en avril, à moins que...
J'ai entendu parler du problème technique qu'il y a eu à Lyon. Sacré truc ! Mais ça fait une belle anecdote à raconter !

Écrit par : Katell | 06/02/2022

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