29/08/2006
Le 4 octobre 2002 à Mâcon
Le 4 octobre 2002, à Mâcon, lors d’un concert acoustique auquel je n’étais malheureusement pas, Thiéfaine évoqua Lamartine et Musset. Pour ce qui est du premier, il fit même plus que l’évoquer : il chanta « Pensée des morts », poème de Lamartine mis en musique par Brassens. Thiéfaine expliqua, pour présenter la chanson, qu’il avait visité le château de Lamartine lors d’un voyage scolaire. Je mets en lien un site qui présente des lieux liés à la vie du poète :
http://www.macon-tourism.com/fr/decouverte-itineraire-lamartine.html
D’ailleurs, petite parenthèse, au passage, pour dire que j’ai visité dernièrement l’incroyable maison de Pierre Loti à Rochefort. Gigantesque ! On tombe amoureux sur-le-champ de l’âme de cet immense bonhomme !!! Enfin, moi, en tout cas !!
Bref, revenons à nos moutons ! A Mâcon, donc, Thiéfaine chanta « Pensée des morts ». Puisque par chez nous le ciel s’obstine à rester chargé comme en un jour de Toussaint, je vous livre le texte chanté par Hubert : c'est, pour ainsi dire, de circonstance! Après avoir retrouvé l’original dans les Méditations poétiques du cher Alphonse, j’ai pu constater que le poème en question avait été, dans la version Hubert (et sans doute Brassens, il faudra que je me renseigne), tronqué, ou que certaines strophes avaient été déplacées, etc. Voici d’abord le texte que Thiéfaine chanta à Mâcon. Suivra, quand j’en aurai le courage, la version originale (plusieurs pages) ! Attention : âmes sensibles, s’abstenir, le père Lamartine n’ayant pas écrit grand-chose de bien gai, que je sache !!!
PENSEE DES MORTS
Voilà les feuilles sans sève
Qui tombent sur le gazon,
Voilà le vent qui se lève (version originale : s’élève)
Et gémit dans le vallon,
Voilà l’errante hirondelle
Qui rase du bout de l’aile
L’eau dormante des marais,
Voilà l’enfant des chaumières
Qui glane sur les bruyères
Le bois tombé des forêts.
C’est la saison où tout tombe
Aux coups redoublés des vents ;
Un vent qui vient de la tombe
Moissonne aussi les vivants :
Quoique jeune sur la terre,
Je suis déjà solitaire
Parmi ceux de ma saison,
Et quand je dis en moi-même :
Où sont ceux que ton cœur aime ?
Je regarde le gazon.
C’est alors que ma paupière
Vous vit pâlir et mourir,
Tendres fruits qu’à la lumière
Dieu n’a pas laissé mûrir !
Quoique jeune sur la terre,
Je suis déjà solitaire
Parmi ceux de ma saison,
Et quand je dis en moi-même :
Où sont ceux que ton cœur aime ?
Je regarde le gazon.
C’est un ami de l’enfance,
Qu’aux jours sombres du malheur
Nous prêta la Providence
Pour appuyer notre cœur ;
Il n’est plus ; notre âme est veuve,
Il nous suit dans cette épreuve (version originale : notre épreuve)
Et nous dit avec pitié :
Ami, si ton âme est pleine,
De tes joies ou de tes peines (version originale : De ta joie ou de ta peine)
Qui portera la moitié ?
C’est une jeune fiancée
Qui, le front ceint du bandeau,
N’emporta qu’une pensée
De sa jeunesse au tombeau ;
Triste, hélas ! dans le ciel même,
Pour revoir celui qu’elle aime
Elle revient sur ses pas,
Et lui dit : Ma tombe est verte !
Sur cette terre déserte
Qu’attends-tu ? Je n’y suis pas !
C’est une mère ravie
A ses enfants dispersés,
Qui leur tend de l’autre vie
Ces bras qui les ont bercés ;
Des baisers sont sur sa bouche,
Sur ce sein qui fut leur couche
Son cœur les rappelle à soi ;
Des pleurs troublent son sourire, (version originale : voilent son sourire)
Et son regard semble dire :
Vous aime-t-on comme moi ?
C’est l’ombre pâle d’un père
Qui mourut en nous nommant ;
C’est une sœur, c’est un frère,
Qui nous devance un moment ;
Tous ceux enfin dont la vie
Un jour ou l’autre ravie,
Emporte une part de nous,
Murmurent sous la poussière :
Vous qui voyez la lumière,
De nous vous souvenez-vous ? (version originale : Vous souvenez-vous de nous ?)
Voilà les feuilles sans sève
Qui tombent sur le gazon,
Voilà le vent qui se lève (version originale : s’élève)
Et gémit dans le vallon,
Voilà l’errante hirondelle
Qui rase du bout de l’aile
L’eau dormante des marais,
Voilà l’enfant des chaumières
Qui glane sur les bruyères
Le bois tombé des forêts.
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