10/02/2007
Villes natales et frenchitude
La pensée du jour : "C'est accablant en fait, il se trouve toujours quelqu'un pour te raconter ce que tu ne souhaites pas entendre et qui va t'anéantir, pour t'enfoncer un poignard entre les côtes, tout en prétendant n'avoir pour intention que de te secourir". Philippe BESSON, Se résoudre aux adieux.
Villes natales et frenchitude
clichés de poubelles renversées
dans la neige au gris jaunissant
où un vieux clébard estropié
r’nifle un tampon sanguinolent
givré dans la nuit de Noël
un clocher balbutie son glas
pour ce pékin dans les ruelles
qui semble émerger du trépas
il vient s’arrêter sur la place
pour zoomer quelques souvenirs
fantômes étoilés de verglas
qui se fissurent et se déchirent
ici y avait un paradis
où l’on volait nos Carambars
maint’nant y a plus rien mon zombie
pas même un bordel ou un bar
voici la crèche municipale
sous son badigeon de cambouis
où les générations fœtales
venaient s’initier à l’ennui
cow-boy au colt 45
dans la tendresse bleue des latrines
on était tous en manque d’Indiens
devant nos bol d’hémoglobine
voici l’canal couvert de glace
où l’on conserve les noyés
et là c’est juste la grimace
d’un matou sénile et pelé
mais ses yeux sont tellement zarbis
et son agonie si tranquille
que même les greffiers par ici
donnent l’impression d’être en exil
voici la statue du grand homme
sous le spectre des marronniers
où l’on croqua la première pomme
d’une quelconque vipère en acné
et voici les murs du lycée
où t’as vomi tous tes quatre heures
en essayant d’imaginer
un truc pour t’arracher le cœur
mais t’as jamais vu les visages
de tes compagnons d’écurie
t’étais déjà dans les nuages
à l’autre bout des galaxies
trop longtemps zoné dans ce bled
à compter les minutes qui tombent
à crucifier de fausses barmaids
sur les murs glacés de leurs tombes
un camion passe sur la rocade
et le vent du Nord se réveille
mais faut pas rêver d’une tornade
ici les jours sont tous pareils
Hubert-Félix THIEFAINE
Il y a deux ans et demi, nous étions allés faire un tour à Dole, ville natale de Thiéfaine. Je vous invite à consulter l’album que j’ai créé aujourd’hui : « Villes natales et frenchitude », du nom de la chanson. C’est joli, Dole, mais on imagine aisément la lourdeur que peut revêtir l’ennui dans cette ville où il ne « faut pas rêver d’une tornade » et où « les jours sont tous pareils »…
19:55 | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
J'aime beaucoup la pensée du jour. Et j'emm... ceux qui prétendent me "secourir" en étant cruels et injustes.
Pour Dole : je trouve ça beau. De toute façon, dès qu'il y a un cours d'eau et de quoi balader le chien, je suis comblée.
Écrit par : Tommie | 10/02/2007
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