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05/09/2007

Le saviez-vous?

Oui, saviez-vous que Léo Ferré avait écrit "La queue", lui aussi?

En voici le début :

 

La QUEUE,

merde.

L'homme est un complexe de salle d'attente.

 

La queue est devenue un outil social de première grandeur.
Sous l'occupation on faisait la queue pour subsister.
Hors l'occupation on fait la queue pour le plaisir et on s'y installe pendant trois ans, s'il le faut, pour toucher une deux-chevaux.

 

On fait la queue sur l'autoroute les jours de grande liesse populaire, on fait la queue au ciné pour être des premiers à pouvoir dire que Mr Hitchcock en rajoute.

 

La queue est une science et comme pour toute science il y a la technique.

 

Ne fait pas la queue qui veut : il y faut un certain entraînement, de la patience, certes, mais non dénuée de fantaisie.

 

Il y a les habitués, les fortiches de la queue et puis les nouveaux, les amateurs, et, pour qui a quelques dons d'observation, les qualités et les défauts des queutards se lisent assez facilement.

 

Allez devant une salle d'exclusivités cinématographiques, sous le règne de Clouzot, par exemple.
Prenez un panier rempli de cacachouettes et déambulez d'un queutard à l'autre.

Il y a le vieux de la vieille

celui qui connaît non seulement Clouzot mais son perch'man aussi et son balayeur du matin.

Celui-là est planqué contre le mur

à la corde,

pour grignoter deux ou trois clients au virage convoité.

C'est ce qu'on pourrait appeler le mangeur de queue à la sauvette,

celui qui voudrait bien faire mieux mais qui n'a pas l'étoffe ad hoc.

Il y a celui qui lit le journal,

très important, le journal, dans une file d'attente, ça distrait,

et puis, ça permet de lentes mais sûres progressions dans la masse, carrément,

dans le gras, si l'on préfère.
C'est le peloteur malgré lui,

le têtu,

qui était naguère trois rangs derrière vous et que vous apercevez tout à coup au guichet, alors qu'il vous reste encore trente mètres de chair humaine à décompter. Il y a celui qui arrive comme une rafale et qui retrouve un copain-comment-vas-tu? et qui s'infiltre,

qui s'inocule.

C'est le parasite,

le client pilote qui a, la plupart du temps, une gueule de requin.

 

à suivre...

Commentaires

Il est bien sympathique ce texte!!!

Écrit par : Yoann | 06/09/2007

Non, je ne me rappelle pas avoir déjà lu ce texte, ou alors je l'ai zapé...Mais je préfère tout de même la queue d'Hubert (sans mauvais jeu de mots) !!!

Écrit par : Tommie | 06/09/2007

Les commentaires sont fermés.