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09/09/2007

La queue (Léo Ferré), suite et fin

Suite et fin du texte "La queue" :

Et puis il y a

les invertébrés,
les miteux,
les assis debout,
c'est curieux cette manie qu'ont bien des hommes de transcender leur verticlae et de se faire un lit de la moindre attente,

 

les déplacés,

les hurluberlus,

les démocrates,

la queue étant un endroit propice à la vocation VOX populaire,

 

les rentrés,

les inquiets,

les souriants,

les parfumés,

les acrobates de la pipe qui promènent leur tuyau de babord à tribord avec cette perspicacité redoutable que donne au fumeur le prolongement de sa bouche en un macaron de scaferlati,

 

les brefs,

les longs,

les bétonnés du cuir chevelu et dont le vernis s'empoussière aux tempes et tous les et cetera

aux lèvres humides,

aux rides chaplinesques,

aux pantalons exténués,

aux visages de la mort quotidienne qui forment l'or permanent des cités.

Une ville sans queue est inconcevable et vouée à la déchéance.



Les hommes fuient la guerre pour s'agglomérer à la queue.

 

La morale de l'attente est un des bastions de la société moderne.



ATTENDRE n'importe quoi

 

un livre,

une exposition,

une augmentation,

une échéance,

le dentiste,

le coiffeur,

le plein d'essence,

le Parlement,

les vacances,

le bachot,

 

MAIS... ATTENDRE

C'est la fonction même du temps des hommes.

Supprimer l'attente, cela revient à dire : arrêter le temps, vivre en marge de Greenwich - instrument de mesure à tempérament -

comme le piano, qui ignore le 1/4, le 1/8, le énième de ton et qui ne s'accordera jamais avec le violon et qui ne jouera jamais les sérénades ultrasoniques aux chauves-souris mélomanes.

 

Arrêter le temps, c'est arrêter la vie,

la vie des cons, bien entendu.

Quant aux autres, il y a belle lurette qu'ils ont leur temps personnel.


L'autre vie ignore l'attente, enfin... qu'on dit !

 

On entre au ciel de plain-pied et en enfer, en montrant sa carte, son permis d'enfer,

on entre dans la mort sans le chronomètre.
Il n'y a pas de vestiaire au Père-Lachaise,

il y a simplement la Dame Pipi d'ange à qui on refile quelque grain de silence.



Les morts sont nus.

 

Comme disait Bakounine : "Si Dieu existait, il faudrait le faire disparaître",

car, tout ça, vraiment, l'être, le néant, l'en-soi, le pour-soi... Ta gueule, Philo !

 

Commentaires

J'aimerais bien l'écouter cette chanson!!!

Écrit par : Yoann | 09/09/2007

Moi aussi ! Car j'en ai trouvé les paroles dans mon recueil La mauvaise graine, mais c'est tout, je ne sais pas à quoi cela ressemble musicalement parlant. A creuser ! J'emprunterai bientôt le CD à la médiathèque de Nancy.

Écrit par : Katell | 09/09/2007

Les commentaires sont fermés.