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19/12/2008

Méthode de dissection : on continue avec "Dernières balises avant mutation"

La pensée du jour : "une âme sur charbons ardents à mille années-lumière de la paix intérieure". Romain GARY. Voilà qui va bien, je trouve, avec l'esprit qui règne sur Dernières balises, avec l'âme tourmentée que l'on sent se traîner d'un bout à l'autre de l'album...

 

 

Année de parution : 1981. Rappelons : « A l'époque je prenais pas mal de dope, j'avais des sortes de visions, c'était toujours la mort qui arrivait. Je travaillais sur Dernières balises, qui a donc une écriture junkie. Mais je n'ai jamais été junkie. Il y a eu cette courte période, ça a duré un mois, si j'avais continué une semaine, je l'aurais été ». (propos extraits de Hubert-Félix Thiéfaine par Pascale Bigot).

A mentionner : en un peu plus d'un an, cet album sera disque d'or.

 

Pochette : Assez effrayante, côté pile comme côté face. Cette petite fille se trouvant au bas d'un escalier, la cigarette aux lèvres, une bouteille d'alcool à proximité, a de quoi faire frémir. Et que dire de cette seringue plantée dans un infâme bout de barbaque qui n'est autre qu'un coeur ?!! Le ton est donné. Dans cet album, ça va flirter avec les bas-fonds. On y sent planer un profond mal de vivre, on plonge dans un univers morbide (entre ce bébé qui s'ouvre les veines, le coup de fil à S.O.S. amitié, l'escalier de service, ce « clébard de bar unijambiste qui largue ses sachetons dans les W.C. pour dames »). Cet album est un de mes préférés. Je me le suis écouté environ six cent milliards de fois et ne m'en suis jamais lassée ! Il fut à une certaine époque mon fidèle compagnon de détresse et d'insomnie...

Citons encore Pascale Bigot : « Même le titre Dernières balises est inquiétant. D'accord, il annonce une métamorphose, mais la mort en est une. L'ambiance est sulfureuse et bourbeuse dès la pochette, avec cette charmante gamine, putain au recto, sorcière-princesse au verso, le regard triste et malicieux, le sourire fier, un coeur percé d'une seringue entre les mains. Ce disque douloureux est terrible; courageusement, Thiéfaine y avoue sa vulnérabilité, met à vif des plaies profondes. Le clown se démaquille ».

Plus loin : « Même sa voix change. Finis cris et soupirs facétieux, fini l'accent franc-comtois fleuri de cancoillotte et d'arbois, la voix se dénude, se rapproche de la fêlure intérieure. Musicalement, c'est le grand tournant (« mon premier disque rock »). Claude écrit presque tous les arrangements, compose plusieurs musiques. Les guitares épousent métalliquement les mots, crachés par un stylo noir. Thiéfaine, plongeant dans ses bas-fonds personnels, rencontre les égouts de l'univers, les miroirs de la honte, des fluorescences froides, des regards figés. Il en veut pour sa faim, mais ne trouve, pour sa fin, que des ersatz vénéneux. La solitude se déchire dans un piano douloureux, s'exaspère de lancinances au saxophone. Pas d'issue pour les paumés ».

 

 

Titres :

113ème cigarette sans dormir

Narcisse 81

Mathématiques souterraines

Taxiphonant d'un pack de Kro

Scènes de panique tranquille

Cabaret Sainte Lilith

Photographie tendresse

Une fille au rhésus négatif

Exil sur planète-fantôme

Redescente climatisée

 

Les p'tites références à l'Allemagne : eh bien, là, il y a carrément deux phrases en allemand : « Wo ist das Blut ? Ich habe Durst »... Mais aussi : « les vopos », le « Burgenbräukeller », « une plage à Hambourg », « nous marchons sur Berlin en gobant nos oeufs durs », le tristement célèbre « mein Kampf ».

 

Mon morceau préféré sur cet album : Difficile à dire. Evidemment, j'ai et aurai toujours une tendresse particulière et indéfectible pour « Mathématiques souterraines », la chanson qui m'a fait découvrir et aimer Thiéfaine. Et m'a fait voir les maths autrement ! Mais j'adore aussi « Redescente climatisée » (je trouve d'ailleurs que l'interprétation qu'Hubert en a faite lors de la tournée « Défloration 13 » est splendide, déchirante, sublime), « Cabaret Sainte Lilith », « Exil sur planète-fantôme ». « Narcisse 81 », bien sûr. Et « 113ème cigarette sans dormir », chanson qui a longtemps accompagné mes insomnies enfumées ... jusqu'au jour où, ayant durablement cessé de fumer, je suis arrivée à bien plus de 113 insomnies sans cigarette !!!

 

 

Les phrases morceaux d'anthologie :

« Les enfants de Napoléon

dans leurs mains tiennent leurs roustons

s'ils ont compris tous les clichés

ça f'ra d'la bidoche pour l'armée ».

 

 

« Manipulez-vous dans la haine

et dépecez-vous dans la joie

le crapaud qui gueulait je t'aime

a fini planté sur une croix ».

 

 

« Tu rayes les mentions inutiles

au bas de ton carnet d'absence

et tu t'accroches au bout du fil

qui te ramène à ton silence ».

 

« Tu voudrais qu'il y ait des ascenseurs

au fond des précipices ».

 

 

« Les mannequins des cortèges officiels ont goudronné

ma tendresse et la famille Duraton veut m'obliger

à finir mon tapioca alors que ça fait bientôt

2 000 ans que j'ai plus faim ».

 

 

« J'suis dans un train-fantôme bloqué

sur une voie de garage ».

 

 

« La vie c'est pas du bubble-gum

et rien qu'le fait de respirer

ça m'fout des crampes dans le sternum ».

 

« Nous étions fossoyeurs d'un monde à l'agonie ».

 

 

« Mais je veux vivre encore plus ivre de cramé

je veux ronger le mal jusque dans ses recoins

j'ai traîné mes vingt siècles d'inutilité

je n'ai plus rien à perdre mais j'en veux pour ma fin

j'en veux pour ma faim ».

 

 

« petite-soeur soleil au bout du quai désert

petite gosse fugitive accrochée dans mes nerfs ».

 

 

« Un vieux soleil glacé retraverse la nuit

et c'est le long retour au point zéro

la dernière étincelle a grillé mes circuits

et soudain j'ai si froid dans ma peau ».

 

 

J'espère que vous allez de nouveau pouvoir poster des commentaires sous mes notes. Je ne sais pas si le problème technique a été résolu. J'ai envoyé un mail à Haut et fort. Parce que moi, j'aime bien que vous lâchiez vos comms !!!

Commentaires

Superbe album !!! Ouais, mais en même temps, tous ses albums sont superbes...
Album n° 2 dans mon top 3, derrière soleil cherche futur et devant chroniques blusymentales.
Evidemment, difficile d'en choisir une préférée puisqu'elles sont toutes cultes !!! Alors je dirais que redescente climatisée est un coup de coeur en plus. Celle que j'aime le moins : cabaret sainte lilith. Trop sexe pour moi, lol.
Album idéal pour accompagner la déprime, et pour se la jouer destroy pendant les concerts...
On sent bien un tournant chez Hubert, comme il y aura d'autres tournants.

Écrit par : Tommie | 19/12/2008

Je ne sais plus quoi dire à force de complimenter les albums d'Hubert!!

Aucune préférence particulière pour les chansons, mais la fille au rhésus négatif reste pour moi un chef d'oeuvre de noirceur!!!

Écrit par : Yoann | 21/12/2008

Sans doute un de mes preferés...

La pochette, sans doute celles qui colle le mieux au contenu, des chansons tres sombre, un petit coté pervers que j'apprecie pas mal...

mes phrases preferées :

Manipulez-vous dans la haine
Et dépecez-vous dans la joie
Le crapaud qui gueulait je t'aime
A fini planté sur une croix

Arsenic is good for you

J'suis dans un train fantôme bloqué
Sur une voie de garage
Est-ce que ma carte vermeille
Me donne droit au sleeping ?

Allô ici SOS amitié
Vous êtes sur répondeur automatique
Et vous avez 30 secondes pour vous pendre !

Fais-moi une place dans ton linceul
Quand y en a pour un y en a pour deux

Une p'tite canette, une p'tite fumette
Une reniflette, une seringuette
Une bonne branlette
Et puis ciao, dodo

Cheveux-tilleuls-écartelés-sur-visage
Taxiphone-de-l'attente-souvenir-coma
Trauma-de-vieillard-géranium-camé
Baisers-Tranxène-coagulés-sur-miroir
Hygiaphone-TV-lunettes-noires-pyjama-rayé
Wo ist das Blut ?
Ich habe Durst...

Je me souviens de toi dans ces années obscures
Où tu te promenais avec un rat en laisse

Dans la fluorescence bleutée de son scanner
Je regarde l'aiguille s'enfoncer dans ta peau

Lové sur ton ventre le bébé s'ouvre les veines
Et tu me demandes s'il a bien pris sa dose

Aujourd'hui la tempête a lynché mes copains
Et je suis le dernier à rater mon suicide

Mais je veux vivre encore plus ivre de cramé
Je veux ronger le mal jusque dans ses recoins
J'ai traîné mes vingt siècles d'inutilité
Je n'ai plus rien à perdre, mais j'en veux pour ma fin

J'ai gardé pour la route ma rage, ma haine
Et ma connerie


les chansons qu'hubert a deja chantées devant moi :

113e cigarette sans dormir
Narcisse 81
Mathématiques souterraines
Scènes de panique tranquille (enfin, c'etait un enregistrement en intro de concert...)
Cabaret sainte Lilith
Exil sur planète-fantôme
Redescente climatisée

les autres, je les aies deja entendu en enregstrement live

mention speciale pour la redescente, qui, selon la version peut prendre un sens different... (enfin, c'est ce que je pense...)

Question, que vient foutre JP2 au beau milieu de cette oeuvre punk deparvée, c'est plutot une place pour le père Guy GILBERT...

sans doute un de mes 15 albums preferé d'Hubert...

Écrit par : 655321 | 21/12/2008

Bonjour à tous ,
Autant l'album précédent semblait léger (déguisement,artifices,fantasmes espiégles -groupie 89...scorbut...) autant "dérnières balises" se révéle comme une mise à nue impitoyable et sans concession.Pas de places pour juguler les affres d'un monde décadent où la zone ne m'aua jamis paru aussi réelle aussi flippante...Le vernis se lézarde et le interstices et/ou entrebaillements dévoilent une mosaique de flashs angoissants,cafardeux et désepérement hermétiques.
Mais paradoxalement j'ai puisé,à titre individuel, dans cette noirceur,dans cette poésie incandescente une salutaire rage de vivre.
De ces oripeaux d'humanité ("le crapaud qui gueulait je t'aime a fini planter sur une croix"),de ces illusions perdues ou de ces aléatoires paradis artificiels pouvaient subister et meme rejaillir des soubresauts de vie,de poésie ou d'images d'une intensité insoupçonnée.Seulement voilà il fallait un voleur de feu à sacrifier,je ne donnais pas cher de la santé de Hubert à cette époque...
Enfin il s'agit pour moi du 1er album français vraiment rock,aussi bien par rapport àl'idée que je me faisais des textes que par la musique (superbement mis en musique par un Claude Mairet au sommet de son inspiration).Un album d'une richesse et d'une beauté vénéneuse inouies où Hubert semblait à la lisière d'une folie et d'une rupture irrémédiables et incoercibles...
Bonnes fetes à tous.

Écrit par : alfana | 22/12/2008

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