22/02/2009
Allain Leprest à l'Ostra hier soir
La pensée du jour : "Quand quelqu'un de cher disparaît, nous payons de mille regrets poignants la faute de survivre. Sa mort nous découvre sa singularité unique; il devient vaste comme le monde que son absence anéantit pour lui, que sa présence faisait exister tout entier; il nous semble qu'il aurait dû tenir plus de place dans notre vie : à la limite toute la place". Simone de Beauvoir. Toutes mes pensées du jour et de chaque seconde vont vers elle, ma maman qui me manque tant et à qui j'aurais aimé raconter la soirée d'hier, et tant de choses encore...
Ce qu'il y a de formidable à l'Ostra, petite salle de concert nancéienne, c'est qu'on ne sait jamais comment la soirée va se terminer. Parfois, on ne sait même pas comment elle va commencer ! Hier, par exemple, je pensais voir, en première partie d'Allain Leprest, le groupe local Tournée générale (allez donc faire un tour sur leur Myspace, mettez-vous leurs chansons dans les esgourdes !). Mais ce fut plus encore : il y eut d'abord un duo dont j'ai oublié le nom et dont je n'ai entendu que la dernière chanson parce que je suis arrivée en retard, puis ce fut Martial Robillard (il avait déjà assuré la première partie de Zaza Fournier à l'Ostra le 24 janvier), et enfin Tournée générale, qui interprétait des chansons de Christian Paccoud.
Puis, vers 23 heures, ce fut lui. Allain Leprest, le grand, le sublime. Je suis certaine que c'est un artiste dont les chansons parleraient à Tommie, Evadné, Yoann, Sapq. Alfana aussi, sûrement. Allain Leprest, loin de tout tapage médiatique, fait son petit bonhomme de chemin, son chemin de grand bonhomme dans la chanson française. Superbe plume, voix lessivée par l'alcool et le tabac, poésie coup de poing ou caresse. Il était accompagné au piano par Léo Nissim (j'ai d'abord cru que c'était un surnom : « Léonissime », un prénom et un suffixe pour dire le talent de ce pianiste grandiose !). Allain nous a interprété toutes les chansons que j'avais espérées. Si, juste avant le concert, j'avais dit à Sam que je rêvais d'entendre « Il pleut sur la mer », « La retraite », « Nu », « J'étais un gamin laid », « C'est peut-être ». Allain Leprest, ce n'est pas seulement un chanteur, c'est aussi un comédien, et il faut regarder les expressions de son visage et ses mains pendant tout le spectacle. D'ailleurs, dès la première seconde, il nous happe totalement. Maxime, de Tournée générale, l'a accompagné à l'accordéon sur je ne sais plus quelle chanson. Jean-Philippe, le chanteur de ce même groupe (quelle voix il a, et quelle présence, lui aussi !), a interprété avec lui « C'est peut-être », cette magnifique chanson qui raconte toutes sortes de talents qui n'aboutissent pas, qui vont s'échouer contre la dure nécessité de gagner sa croûte autrement que par son art. Cette gamine qui est peut-être Colette, elle finira dans sa cuisine, un torchon étouffant ses dispositions artistiques. Et lui, là, qui peut-être a tout en lui pour devenir Jacques Brel, eh bien, autour de lui, il n'aura rien pour l'aider à devenir Jacques Brel. Il finira maçon. Ce texte est d'une époustouflante beauté, comme tous les textes de Leprest, d'ailleurs. « Il puait mauvais à rendre sourd », quelle jolie trouvaille parmi tant d'autres !
Je ne sais plus très bien à quelle heure le concert s'est terminé. En tout cas, comme après le spectacle de Zaza Fournier, tout le monde s'est installé au bar. Allain Leprest est venu lui aussi. Je me suis pointée avec quatre CD, je voulais qu'il en choisisse un pour le signer, et il m'a proposé de tous les dédicacer ! Il a agrémenté les pochettes de « Nu » et de « Quand auront fondu les banquises » de jolis dessins. Sacré bonhomme dont la présence remplit de chaleur tout l'espace qui l'entoure et tous les êtres qui ont la chance de se trouver à ses côtés. Et puis, l'Ostra, c'est vraiment un lieu magique. Une salle en sous-sol, petite par la taille, mais si grande par l'âme... Une âme qui repose sur les propriétaires des lieux. Baldo, passionné de chanson française, homme au grand coeur. Sa femme, dont j'ignore le prénom, d'une immense sensibilité... Vers deux heures du matin, la maison a offert un couscous à tous ceux qui étaient là, à tous ceux qui avaient la chance de ne pas être ailleurs !
Parfois, je rêve un peu, tranquille : et si je demandais à Baldo de nous accueillir chez lui pour une soirée Thiéfaine ? Et s'il disait « oui » ? Et si vous étiez de la partie ? En attendant, allez quand même chercher des infos sur Leprest, cousin, par l'âme et le talent, d'un autre chanteur dont nous admirons l'oeuvre !
10:36 | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
Oui, il faudrait vraiment que je me procure un de ses albums. Tout ce que tu dis, et que j'ai entendu ailleurs, me donne vraiment envie de découvrir le bonhomme.
Un petit conseil pour L'album à acheter pour le découvrir de la meilleure manière qui soit ?
Enfin, c'est pas pour tout de suite, car je pars quelques semaines me faire soigner. Alors la vie reprendra son cours (pas limpide) à mon retour.
Écrit par : Tommie | 23/02/2009
Pour ma part, j'aime beaucoup "Voce a mano", "Mec", "Nu" et "Quand auront fondu les banquises" (le dernier en date, très sympa). Il y a aussi un bel album qui est un hommage rendu à Leprest par différents artistes (dont Yves Jamait et Jacques Higelin). J'en avais parlé ici il y a quelques mois. Cela peut être une bonne entrée en matière aussi. A toi de voir. Mais écoute Leprest, je t'en supplie : sa poésie te parlera, j'en suis sûre !
Écrit par : Katell | 23/02/2009
présenté comme ça, ça donne envie :)
ok ok ok je vais écouter !
Écrit par : sapq | 27/02/2009
Et n'oublie pas, Sapq, de revenir ici pour donner ton avis ensuite, s'il te plaît !
Écrit par : Katell | 27/02/2009
Si ça peut encore plus aider à convaincre les commentateurs précédents...
http://sensorial.juraver.net/2008/03/chez-leprest/
Écrit par : JJ | 06/04/2009
...Que vivent les morts d'amour...
Écrit par : HFTforEver | 15/08/2014
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