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01/06/2009

Méthode de dissection :"Eros über alles" (suite et fin).

La pensée du jour : "Serait-il possible d'aimer davantage ? De ramener par un surcroît d'amour un mort à la vie ? Et personne n'a-t-il encore suffisamment aimé pour cela ?" Elias CANETTI

 

 

Eh bien, on ne peut pas dire que les commentaires se bousculent à propos de cet album ! Tant pis, je continue quand même à prêcher dans le désert !! Comme un arbre mort, tiens !

Venons-en à « Septembre rose ». Magnifique chanson, encore plus émouvante lorsque l'on a soi-même des enfants et que l'on repense au moment magique où le bébé « jaillit, ruisselant ». J'adore le texte de « Septembre rose » ! Un petit tour sur le blog de l'animal bluesymental m'a permis d'en revoir le clip. Je savais bien qu'il y avait de l'eau dans l'histoire, mais je ne me souvenais pas des détails ! La phrase que j'aime plus que tout dans cette chanson :

« Et mon regard prélude

Le jeu de la pudeur

Quand par manque d'habitude

On s'méfie du bonheur »...

C'est bizarre, mais moi j'entends toujours « nos regards préludent »... Mais le livret est formel : « mon regard ».

 

Vient ensuite « Syndrome albatros ». Regorgeant d'envolées lyriques d'une immense beauté ! « Clowm masqué décryptant les arcanes de la nuit

dans les eaux troubles et noires des amours-commando »...

Ou encore :

« Et dans le froid torride des heures écartelées

Tu retranscris l'enfer sur la braise de tes gammes ».

A chaque fois que j'écoute « Syndrome albatros », je ne peux m'empêcher de penser à Tommie, si émue de nous présenter, à Paris, le petit topo qu'elle avait fait sur cette chanson. D'ailleurs, Tommie, tu nous manques, ici comme ailleurs...

Puis, c'est « Droïde song ». Alors là, que dire ? Cette chanson est tout simplement sublime ! Je l'ai redécouverte sur la tournée « HFT en solitaire ». Je trouve qu'elle rendait très bien dans cette version dépouillée, Hubert se trimbalant avec sa guitare et ses appareillages dans le dos... Les moments que je préfère sur cette chanson ? Aucun, c'est-à-dire TOUS ! Texte grandiose qui atteint son sommet dans des phrases du style « Quand j'ai besoin d'amour ou de fraternité, j'vais voir Caïn cherchant Abel pour le plomber », ou encore : « Le jour où les terriens prendront figure humaine, j'enlèv'rai ma cagoule pour entrer dans l'arène ».

 

L'album s'achève sur « Je suis partout ». Il faudra d'ailleurs que je consacre une note au journal du même nom. Un de ces jours, sûrement.

J'aime bien cette chanson, mais sans plus. La musique ne me plaît guère.

 

Et cet album renferme-t-il des références à l'Allemagne ou à la langue allemande ? Oui, bien sûr ! Pour l'instant, pas un n'échappe à la règle, et je crois bien qu'il en sera ainsi jusqu'à « Amicalement blues » !

D'abord, il y a le titre : « Eros über alles ». Et « Was ist das rock'n'roll », évidemment. Mais aussi « My little Wunderkind ». L'allusion aux « millions d'enfants gazés » est également une référence à l'Allemagne, au chapitre le plus sombre de son histoire... Comme l'écrit Günter Grass, l'Allemagne sera toujours le pays où Weimar et Buchenwald se touchent. Weimar, la ville où vécurent tant d'artistes, Weimar la si douce, la ville que j'aime tant...

 

Conclusion : j'adore cet album ! Comme tous les autres !!!!!

 

Commentaires

Bonjour Katell et autres aficionados
En fait,attentif à tes commentaires et ressentis j'attendais ta vue d'ensemble sur l'album avant d'intervenir afin d'éviter les "doublons".Car effectivement sur le contenu de l'album tes appréciations et critiques sont exhaustives et riches,que pourrais-je y rajouter ?
Il s'agit d'un album extremement littéraire dont les textes finement ciselés témoignent d'une poésie singulière visant et touchant toujours au bon endroit...Margueritte Duras,Malcolm Lowry voilà des lectures d'où j'allais extraire cette certitude: la compassion de Thiéfaine pour ces malades de l'ame n'était pas feinte mais assumée et partagée...
Le texte de "syndrome Albatros" a ébranlé mon ame épouvantée voire un peu jalouse d'autant de richesses lyriques.A mesure que la chanson se déploie,les braises de cette écriture enfiévrée s'embrasent en vers incandescents de mélancolie-triste.
Mais parallélement à ces richesses je ne me doutais pas que cet album sonnerait comme le chant du cygne de cette si fructueuse collaboration :Thiéfaine-Mairet.Ce fut effectivement le dernier album effectué avec cet arrangeur hors pair et ce guitariste virtuose que représentait Mairet.Et ouis au-délà de ces compétences techniques et artistiques il se dégageait,sur scéne, une telle complicité entre les 2 compéres que oui le groupe Thiéfaine ne pourrait survivre à un départ de l'élément Mairet.La suite me prouva que non seulement Thiéfaine était toujours là mais que cette séparation matérialisa le point de départ d'un renouvellement artistique débridé dont HFT se fait,depuis, l'un des chantres le plus crédible.
Dérnière reflexion :je rebondis sur ta premiére citation du sujet sur l'approche et l'arrivée en rajoutant qu'effectivement ce n'est pas la destination qui est le plus excitant mais le voyage en lui-meme,la quete plus que la conquete et que je pense qu'il y a eu méprise ou confusion :le vrai domicile de l'homme n'est pas la maison mais la route, et un écrivain-voyageur du nom de Bruce Chatwin écrivait que "la Vie est un Voyage à faire à pied".C'est pourquoi l'univers rimbaldien m'enchante et que des chansons comme "routes,déroutes et croisement "ou "errer humanum est" me touchent intimement...
Bravo pour les notes toujours bien enrichissantes.

Écrit par : alfana | 02/06/2009

Merci, Alfana, pour ce commentaire passionnant, comme tous ceux que tu laisses ici ! Ouf, tu ne m'abandonnes pas ! Je trouve que ce blog est un peu désert en ce moment, peut-être parce que je l'ai délaissé moi-même trop longtemps à une époque où je n'avais plus le temps de l'alimenter ? Hier, je me posais mille questions, je me disais que mes notes s'étaient peut-être apauvries, d'où le silence des autres. Il faut dire que je fais souvent vite, la vie de famille me prenant beaucoup de temps ! Moi qui rêvais, à une époque, d'écrire un livre sur Thiéfaine, je sais que ce pari était démentiel et ne se réalisera jamais ! D'autres le feront, et bien mieux que je ne pourrais le faire !
Oui, j'ai oublié de dire que cet album était le dernier Thiéfaine-Mairet. C'était important de le signaler !
Bisous à toi et à Fred06, que j'espère bien voir dans un mois !

Écrit par : Katell | 02/06/2009

On est tous un peu occupé Katell en ce moment mais bien évidemment qu'on ne t'oublie pas, et Eros Uber Alles est un des albums que j'écoute le plus en ce moment. Je ne sais plus quoi faire... et Droide song en tête pour moi!!!

Écrit par : Yoann | 03/06/2009

Tes notes appauvries ? Mais ça ne va pas bien hein :)

C'est vrai on ne laisse pas toujours pas de commentaires, juste parce que parfois on ne sait pas quoi dire de plus alors que tu le dis si bien.

J'aime beaucoup aussi cet album et je t'assure j'ai toujours entendu 'Nos regards', ils ont du se tromper sur la pochette non ? :)

Écrit par : sapq | 03/06/2009

Moi aussi, j'ai toujours entendu "nos regards", Sapq ! Merci pour tes compliments, cela fait chaud au coeur !! Je me sens parfois bien seule ici ! Et, surtout, c'est vrai, je dois souvent aller vite, essayer de dire l'essentiel en peu de mots. J'ai eu peur que ce côté "expéditif" agace ! Je fais ce que je peux avec les deux enfants et tout le reste !!

Écrit par : Katell | 03/06/2009

En tout cas, vu tes notes sur l'album, jai l'mpression qu'il s'agit d'un de tes chouchous...

Pour ma part, c'est le cas... je pense que c'est l'abum que j'ecoute le plus souvent...

La pochette n'est pas terrible... enfin moi, je ne la trouve pas terrible...
C'est un album qui sonne bien "années 80", mais contrairement a beaucoup de disques de cette periode, je trouve que celui ci a plutot bien vieilli...

mes phrases preferées :

De nature solitaire je me terre pour me taire
Mais mon double pervers joue dans un groupe de rock

J'ai quelque mauvais don d'acrobatie verbale
Surtout les soirs d'hiver quand j'suis black et d'équerre
Tel un Douanier Rousseau du graffiti vocal
J'fais des bulles et des rots en astiquant mes vers

Ma langue natale est morte dans ses charentaises

En attendant d'chanter en braille chez les aveugles

Pas b'soin de télescope pour suivre ta beauté
Quand tu viens t'acharner à me faire espérer

Et d'un éclat de rire tu gommes les pierres tombales
Des quartiers délabrés de ma radio mentale

Mais j'suis fait d'une matière débile indélébile
Et je n'sais plus quoi faire pour me rendre inutile


Quand ses lèvres arrachent un par un
Les boutons de mon 501

J'ai confié mon âme à un gnome
Qui jonglait sous un revolver

Et je picole en compagnie
D'un spectre imbibé de strychnine
Welcome señor Malcolm Lowry
Sous la Lune caustique et sanguine

Jour des morts à Oaxaca
Près de la tombe numéro 7
Je promène ma calavera
En procession jusqu'aux toilettes

Je respire l'odeur alcaline
Des relents d'amour périmé

Les singes me balancent des bananes
Sur des slogans de fièvre aztèque

Naufragé virtuose
D'un amour clandestin

Tu jaillis ruisselant
D'une vague utérine
Sur ce ventre brûlant
De tendresse féminine


Quand par manque d'habitude
On s'méfie du bonheur

Où les miroirs d'automne
Reflètent à fleur de flamme
Ta jeune écorce d'homme
Éclaboussée de femme

Clown masqué décryptant les arcanes de la nuit
Dans les eaux troubles et noires des amours-commando


Toi qui voulait baiser la terre dans son ghetto
Tu en reviens meurtri

Fier de ton déshonneur de poète estropié
Tu jouis comme un phénix ivre mort sous les flammes


Comme cette odeur de mort qui précède les combats
Et marque le début des vocations martyres

Vois la fille océane des vagues providentielles
Qui t'appelle dans le vert des cathédrales marines
C'est une fille albatros, ta petite soeur jumelle
Qui t'appelle et te veut dans son rêve androgyne

Quand j'ai besoin d'amour ou de fraternité
J'vais voir Caïn cherchant Abel pour le plomber

Dans l'odeur des cités aux voiles d'hydrocarbure
Les rires sont des ratures qui s'attirent et saturent

Cosmonaute du trottoir, éboueur en transfert
Je peins mes hiéroglyphes sur les murs des waters
Avant de m'enfoncer plus loin dans les égouts
Pour voir si l'océan se trouve toujours au bout

Attirées par le vide

Le jour où les terriens prendront figure humaine
J'enlèverai ma cagoule pour entrer dans l'arène


Et je viendrai troubler de mon cri distordu
Les chants d'espoir qui bavent aux lèvres des statues

Dans la fille tondue qu'on trimbale
A poil devant les cannibales

Dans le train Paris-gare d'Auschwitz
Entre les corps des amants juifs
Dans ces millions d'enfants gazés
Qu'on voudrait me faire oublier

Dans le gentil petit caniche
Qui ratonne la nuit dans sa niche

Dans l'oeil du bougnoul écoeuré
Par cet Occident périmé

Dans le box des innocences
Avec ma putain d'bonne conscience

Dans la rue des amours toxiques
Au bras d'un monstre pathétique
Dans les annales des coeurs trav'los
Avec ma capote en croco

Entre tes seins entre tes cuisses
Entre tes cimes et tes abysses
Humaniste sous ton collant
La bite coincée entre tes dents



j'ai deja vu en live :
WAs ist das rock'n roll
Pulque...
Septembre rose
Droïde song

les autres, je les ai dejà entendues sur des enregistrement pas forcement officiels...

enfin bref, tres bon album, qui grouille de references et qui cultive toute personne qui s'y interresse...

Écrit par : 655321 | 03/06/2009

'la bite coincée entre tes dents'
c'est sûr ça cultive ça !
c'est juste pour dire une ânerie, ça me détend :)

Écrit par : sapq | 04/06/2009

J'aime beaucoup cet album, en effet ! Pourtant, je trouve que je ne l'écoute pas tant que ça, je ne sais pas pourquoi... En tout cas, toute cette semaine, je l'ai eu dans ma voiture et n'ai cessé de m'étonner de sa beauté (oui, encore maintenant !). Que de musique dans les textes aussi !
Moi aussi, Yoann, je crois que je mettrais "Droïde song" en tête ! "Syndrome albatros" en deux !

Écrit par : Katell | 04/06/2009

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