26/10/2009
Enfanthiéfainages...
La pensée du jour : "Il y a des poètes et des écrivains qui vous accompagnent partout. Des présences quotidiennes". CIORAN.
Bon, désolée, je pique encore une idée à Lorelei Nummer zwei ! Sur Facebook, elle a mis un lien vers Deezer, où l'on peut écouter "Les deux ogres", chanson que Thiéfaine interprète avec Yves Jamait et Aldebert. L'album s'appelle "Enfantillages" et je vous le conseille si vous avez des enfants en bas âge ! A la maison, nous avons le premier CD et nos filles en sont folles ! Et nous aussi, d'ailleurs !
Bonne écoute !
09:29 | Lien permanent | Commentaires (6)
24/10/2009
Méthode de dissection : "Le bonheur de la tentation"
La pensée du jour : "Recommencer, revivre, être un autre fut la grande tentation de mon existence. Je lisais, au dos de mes bouquins : "...plusieurs vies bien remplies... aviateur, diplomate, écrivain...". Rien, zéro, des brindilles au vent, et le goût de l'absolu aux lèvres". Romain GARY, le grand, l'unique !
Bon, alors, maintenant que je suis en vacances et que j'ai relooké ce blog, je vais peut-être balancer quelques notes dessus ! Mais, je vous en prie, ne me laissez pas seule, « me laissez pas dans le noir avant la fin de l'histoire », pondez, pondez des commentaires par milliers, par myriades, c'est ce qui fait l'intérêt d'un blog !
« Le bonheur de la tentation », donc. Cet album est comme l'écho du précédent. D'ailleurs, c'est voulu jusque dans les titres : sur « la tentation », on trouve « la philosophie du chaos », ici ce sera « le chaos de la philosophie ». Sur les « 24 heures dans la nuit d'un faune » vient se superposer « 27ème heure : suite faunesque ». « Eurydice nonante sept » vient compléter « Orphée nonante huit ». Deux albums-ricochets, donc. Qui causent entre eux, qui s'interpellent, qui se répondent.
Le livret s'ouvre sur ces mots latins : « et ne nos inducas in tentationem sed libera nos a malo ». Proverbe néocrétacé, est-il précisé en-dessous. Bizarre quand même : « ne nous soumets pas à la tentation », mais en même temps, la tentation, quel bonheur ! Après tout, la contradiction n'est qu'apparente. C'est encore et toujours au « rayon des fruits défendus » qu'on fait les plus belles emplettes !
« Retour vers la lune noire » est le premier morceau du CD. Je l'aime bien, celle-là. Les choeurs, la musique, le rythme, tout.
Puis, « la ballade d'Abdallah Geronimo Cohen » vient également enchanter nos esgourdes. Et nous rappeler à juste titre que nous sommes tous des êtres qui ont ce que les Allemands appellent un « Migrationshintergrund » :
« Abdallah Geronimo Cohen
était né d'un croisement sur une vieille banquette Citroën
de Gwendolyn von Strudel Hitachi Dupond Levy Tchang
et d'Zorba Johny Strogonof Garcia M'Golo M'Golo Lang
tous deux de race humaine
de nationalité terrienne ».
La troisième chanson est plus calme. Le violoncelle vient lui apporter une couleur toute particulière. Que j'aime bien. Thiéfaine, une fois de plus, taquine l'oxymore : « ses blancs corbeaux », « mes noires étendues de neige ».
Puis, c'est de nouveau du rythme. Celui d'une ambulance qui transporte un voyageur vers la destination finale dont on ne revient pas. « Adrénaline au point zéro
et silence au stétho »... Superbe texte, musique entraînante : ce rythme, c'est sans doute ce qu'il fallait pour un thème aussi grave... Je ne peux plus écouter cette chanson sans penser à ma mère, seule, misérablement abandonnée dans l'ambulance qui la conduisit vers son dernier voyage... Excusez-moi, mais je suis d'une humeur toussaintesque parfois. Souvent...
Ensuite, c'est « Dans quel état terre ». J'aime bien le message, évidemment, mais la chanson, paroles, musique, bref l'ensemble me plaît moyennement.
En revanche, « Bouton de rose » me parle tout de suite davantage. J'aime les sonorités du texte : « dans le satin d'essences assassines », par exemple. Et j'aime citer souvent cette jolie maxime : « Mais le jour s'lève pas toujours au milieu des dentelles »... Une chanson que j'aimerais entendre sur scène un jour, tiens ! Qui fait passer le message à Hubert ?!
« 27ème heure suite faunesque », alors là, je vais en décevoir plus d'un, mais voilà une chanson que je n'ai écoutée que trois fois en entier. Pas plus, je pense. Je ne l'aime pas. Je reconnais que le texte recèle quelques perles, mais je ne sais pas, la musique ne me plaît pas. Et je vais dire une hérésie : cette chanson est trop longue à mon goût !!!!!!!!!!
« Eurydice nonante sept » (d'ailleurs, pourquoi nonante sept ici et nonante huit sur « la tentation du bonheur » ?!) est une chanson sympa. Que j'écoute avec plaisir. Mais qui ne fait pas partie de mes préférées sur cet album . Non. « Le chaos de la philosophie » : idem. Cela s'écoute, c'est sympa, mais ... Mais ma préférence, mon immense, mon indéfectible préférence va au morceau qui suit « Le chaos de la philosophie », à savoir : « Exercice de simple provocation avec 33 fois le mot coupable ». Magique, grandiose, unique. Du début jusqu'à la fin. Rien ne nous est épargné. Ni la longue et effroyable énumération de MST qui guettent ceux qui mènent une vie sexuelle vagabonde et dissolue, ni le terrible et froid jugement qui s'abat sur nos ancêtres : « dans un pays où les indigènes pendant l'occupation allemande écrivirent un si grand nombre de lettres de dénonciation que les nazis les plus compétents et les mieux expérimentés en matière de cruauté et de crimes contre l'humanité en furent stupéfaits et même un peu jaloux ». Thiéfaine se sent une « gueule à être dénoncé ». Et, désabusé, n'attendant plus rien du genre humain, il garde ses « lunettes noires de vagabond solitaire ». Tout autour, presque tout le monde a choisi de chausser ses lunettes roses et de se livrer à toutes sortes de « pitreries masturbatoires ». Pas Thiéfaine. Il « regarde passer les zumains de sa rue un peu comme on reluque au zoo les zébus ». Ne se sent pas d'ici. Un peu à la manière de Ferré : « Je suis d'un autre pays que le vôtre, d'un autre quartier, d'une autre solitude »...
Morceau sublime, vraiment ! Je pourrais écrire des pages et des pages sur cette chanson ! Mais tout est dit dans le texte, écoutez-le encore et toujours. Inlassablement.
Le tout s'achève sur le « Final Abdallah ». Retour à la douceur, à l'enfance. Mais quand même : « Und meine letzte Tentation ist noch für deine Hose »... C'est vraiment de Marx, ça ?!
Ah quand même, n'oublions pas le petit truc qui me tient à coeur, à savoir les références faites à l'Allemagne sur cet album. Bon, bien sûr, il y a Hitler (« dans quel état terre ») et les nazis (« Exercice de simple provocation avec 33 fois le mot coupable »). Mais il y a aussi et surtout les « Nibelungen », dont je devrais peut-être vous parler ici un jour.
Zut, je m'aperçois que dans mes exercices de dissection, j'ai parfois négligé cette question des références à l'Allemagne. Pas bien ! A recommencer ! Très vite !
21:46 | Lien permanent | Commentaires (13)
11/10/2009
Petite info
Merci à Elsa, qui m'a envoyé un lien extrêmement intéressant :
http://www.rdm-video.fr/A000455973/CD_la_collection_78_88.html
Chouette, on peut commencer à se réjouir ! Vivement 2010 !
20:50 | Lien permanent | Commentaires (10)