Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27/11/2009

Méthode de dissection : "Scandale mélancolique"

La pensée du jour : "si dérisoire

ce qui m'est donné

au regard

de ce qu'escomptait

ma soif", Charles JULIET.

 

 

Année de parution de cet album: 2005.

 

Titres :

Libido moriendi

Scandale mélancolique

Gynécées

Confessions d'un never been

Le jeu de la folie

Last exit to paradise

L'étranger dans la glace

Les jardins sauvages

Télégramme 2003

Loin des temples en marbre de lune

La nuit de la Samain

When Maurice meets Alice

That angry man on the pier

 

 

 

Une pochette assez surprenante. On y découvre un Thiéfaine encagé, vêtu de noir. Un noir qui tranche sur le fond blanc. Le bras de ferraille est levé, mais Thiéfaine lui-même n'aurait pas assez d'espace pour suivre ce mouvement. Il est totalement enfermé. Dans sa condition d'être humain ?

 

Cela fait des lustres que je n'ai pas écouté cet album alors qu'il fait partie de mes préférés. La dernière fois que je l'ai mis, c'était dans ma voiture, en été, en vacances, et j'ai fondu en larmes. Il faut dire que la Camarde est là partout, dès la première chanson, et que pour moi, il n'est pas encore possible de réentendre (encore moins de chanter) des mots comme « les morts parlent en dormant et leurs cris oniriques traversent nos écrans ». D'une certaine façon, je n'ai pas besoin d'écouter ces chansons pour en parler. Je les porte en moi, elles m'accompagnent en permanence...

Ce scandale mélancolique (ou cette scandaleuse mélancolie) s'ouvre sur une histoire de quai de gare. Tiens, cela me rappelle « des adieux ». « Nous voilà de nouveau branchés sur le hasard », entre un train qui part, un autre qui arrive. Et nous restons là, les bras ballants, à attendre. Nous ne partons pas. Pas encore. Mais « l'ultime prédatrice » ne nous loupera pas et saura nous flanquer dans les mains, à l'heure qu'elle choisira pour nous, un aller simple pour la destination finale. J'adore « Libido moriendi ». « Le calme froid de l'aurore », « les chiens vitreux de la peur » qui « flairent l'odeur sucrée de la mort », tout y est, on s'y croirait.

La deuxième chanson, « Scandale mélancolique », n'offre pas une thématique plus gaie ! « Les mères qui nous rappellent », intransigeantes, « sous leur lingerie de pierre » (quelle image puissante !) ne sont au final guère plus avenantes que l'ultime prédatrice drapée de sa robe de vamp-araignée. C'est du pareil au même. On finira sous la lame du couteau tranchant, nos errances demeurent chimériques... Cela me donne envie de citer Hermann Hesse, tiens :

« Denn ich weiß : auf allen meinen Wegen

Steht der Tod und bietet mir die Hände »...

Lourd, tout ça, bien lourd, comme le marbre dont il est question dans ce morceau...

« Gynécées », en duo avec Cali, vient apporter un peu de légèreté dans le décor. Et encore ! En même temps qu'il souligne ici ce qu'il considère comme la grandeur féminine (« elles ont le monde entre leurs seins », je note au passage que cette idée, assez masculine au fond, m'a toujours fait sourire : je ne vois pas en quoi la femme serait supérieure à l'homme. Homme ou femme, idem à mes yeux, même impressionnant potentiel de connerie et de cruauté), oui, donc, en même temps qu'il souligne cette soi-disant grandeur féminine, Thiéfaine dépeint les hommes comme des « oiseaux perdus, des ptérodactyles en déclin avec des sentiments tordus ». Vous avez déjà vu un ptérodactyle ? Je veux dire : pas en vrai, mais comme ça, dans le dictionnaire par exemple. Voici :

 

Il est vrai que cela ne donne pas franchement envie et on comprend pourquoi cette espèce a fini par s'éteindre ! Oui, donc, les hommes sont décrits ici comme de gros balourds, les femmes comme des déesses vaporeuses incarnant la douceur, la folie tranquille, le vrai, le brillant. Ouais... J'aime bien le mariage de la voix de Thiéfaine avec celle de Cali. En revanche, l'idée selon laquelle, en gros, la femme serait l'avenir de l'homme n'a jamais trouvé aucun écho en moi.

Puis, c'est « Confessions d'un never been ». Une chanson que j'adore. Que j'adore écouter à fond. La musique est sympa, le texte est sublime. Déjà rien que le début : « les joyeux éboueurs des âmes délabrées se vautrent dans l'algèbre des mélancolies ». On donnerait cher pour être l'auteur de ces mots !! « Je suis l'évêque étrusque, un lycanthrope errant qui patrouille dans le gel obscur de mon mental »... Le texte atteint son sommet en ces mots, je trouve. A signaler : l'allusion à Nietzsche et le clin d'oeil au Sturm und Drang. Quand je vous disais que pas un album n'échappe à ma théorie des références à l'Allemagne !!!

 

La suite dans quelques jours, quand je serai revenue de mon week-end vadrouille... Demain, je m'en irai flirter avec l'univers foutraque de monsieur Thomas Fersen. A mon avis, un grand moment m'attend !

Commentaires

Je n'aime pas les ptérodactyles, mais je constate qu'Hubert en parle souvent dans ses chansons !!!

Écrit par : Katell | 27/11/2009

Salut Cath ,

, à propos d'Hubert et de l'influence de la culture allemande sur sa création où en es-tu de ma commande de traduction ?...

;-)

Bises..

..'n'Roll

Écrit par : Le Doc. | 28/11/2009

Alors là, c'est incroyable : je pensais à toi ce matin, je voulais justement t'envoyer un SMS ou mettre un mot ici pour toi. Je n'oublie pas ton cadeau de Noël !! J'ai fait la traduction, je l'ai envoyée à une amie allemande pour qu'elle la vérifie (comme le truc est sorti de son contexte, j'avais peur de ne pas avoir saisi certaines nuances). Cela fait un bout de temps déjà que je lui ai fait parvenir cette traduction. Elle l'a reçue car elle m'a dit qu'elle s'en occuperait, que c'était intéressant, mais plus aucune nouvelle depuis. Je vais la relancer. Promis, tu auras ton texte pour Noël, mon cher Doc !

Écrit par : Katell | 28/11/2009

Il y a une telle détresse dans cet album ... Scandale Mélancolique...L'Etranger dans la Glace ... Confessions d'un Neverbeen...Libido Moriendi ... tous liés ...

Écrit par : Loreleï2 | 28/11/2009

Salut Cath ,

, par intuition je sais pourquoi Hubert a extrait cette partie du texte intégrale de l'oeuvre et l'a " jetée " au public dans la langue biensûr de Goethe !...

, tu es prof. et j'aurai aimé transmettre aussi, ce que je fais indirectement heureusement toutefois pour mes " étudiants "..

Bonne journée à toi et à ta p'tite famille et à l'Oncle Sam

, salut Loreleï2 : pour avoir posé des actes de suicides ( et non des appels au secouirs.. ) je peux dire que lorqu'il y a désespoir la situation est grâve mais pas desespérée. En ce qui me concerne je vis hors de ce concept [ espoir/desespoir ]

Bonne journée la Miss

Écrit par : Le Doc. | 29/11/2009

Aprés le courageux et déstabilisant "défloration 13", qu'allait donc nous mitonner l'ami Hubert pour cette 14e balise...contrairement à "défloration" où il m'a fallu du temps (et des écoutes...) pour appréhender ces nouveaux rythmes,ces nouvelles ambiances avant d'y adhérer sans retenue, "scandale mélancolique" s'est de suite imposé comme une évidence dans le panthéon de mes albums incontournables...mais de ce terreau fertile d'exhalaisons mélancoliques,un scandale sucita immédiatement une émotion intense et déchirante à l'intérieur de ma carcasse de grand chien paumé à la dérive:"le jeu de la folie".
Presque déjà chanson-testament de cet "aventurier du graal perdu" déjà évoqué dans "errer humanum est".D'ailleurs ces 2 chansons se rapprochent par leur théme de quéte éperdu de voyances (sens rimbaldien du terme) à s'imposer pour élargir son champ de conscience à l'infini...
A l'écoute de ce "jeu de la folie" mes yeux ne pleuraient pas ,mais d'inexplicables petits spasmes émaillés de sanglots s'échappaient d'un plexus que je ne controlais plus...il fallait que je crane un peu afin de me donner une contenance plus digne pour échapper aux quolibets assassins de proches non "initiés"!!!
Un album immensément riche,à écouter en toute humeur car les chansons prennent une teinte différente en fonction des circonstances,des états d'ame etc...je conduis et j' écoute "l'étranger dans la glace" en solitaire dans la pénombre d'une route déserte le regard rivé au rétroviseur où se profile les "matins bleus de ma jeunesse"...magique non et délicieusement extatique...
En fait ,beaucoup de chansons d'Hubert se pretent à une écoute méditative qui sied bien à la conduite automobile.Ainsi "roots déroutes et croisements" un des moments les plus forts de "défloration 13" existe encore plus fort sur route de campagne, de nuit, lorsqu'on se met inconsciemment à guetter,au détour d'un croisement,d'un carrefour l'homme qui attend...magnifique chanson.
Mais je m'égare:la dèrniere remarque concernant "scandale mélancolique" porte sur le dynamisme et l'urgence qui se dégagent de cet album.Dans cette oeuvre pas de chansons de plus de 4 minutes,du coup ce que les thémes perdent peut-etre en profondeur et en extension les rythmes les dopent en vitalité et en énergie,du coup se transmet une "fureur de vivre" bien communicative.
Je m'arrete là,merci d'offrir cette tribune d'interet public pour aficionados impatients,il s'agit d'un bon exutoire...en attendant

Écrit par : alfana | 30/11/2009

Les commentaires sont fermés.