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12/12/2010

Arthur Rimbaud

La pensée du jour : "Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,

Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :

Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.

Je laisserai le vent baigner ma tête nue".

Arthur RIMBAUD

 

 

Georges Izambard

 

 

Dès l'hiver 1859, alors que la séparation est devenue inéluctable, madame Rimbaud entraîne ses enfants à sa suite dans d'incessants déménagements. Elle les conduit d'abord dans un quartier populaire de Charleville, puis dans des appartements bourgeois plus en rapport avec la bonne éducation qu'elle entend leur délivrer, avant que la petite famille ne trouve refuge le long d'un quai où, peut-être, se forge, chez Arthur, le premier désir d'exil.

Mais c'est quoi, être un enfant à Charleville, dans ce siècle qui se déploie si lentement ? Quand on grandit si loin du cœur du pays, dans la grisaille, entre le souvenir d'un père fugueur et la présence terrible d'une mère enracinée dans la glaise, quelle enfance a-t-on ? Arthur se montre un écolier studieux, plongé dans les livres. Tout de même, il ne l'aime pas beaucoup, cet institut Rossat, le meilleur établissement de la ville, puisque la mère exige ce qu'il y a de mieux pour ses fils. Il ne goûte guère de devoir porter un uniforme à boutons dorés, de se conformer à une discipline de fer, d'obéir sans discuter à des maîtres sévères, économes de leurs mots. Il courbe pourtant l'échine, cherchant dans les études le moyen de s'affranchir de son milieu, avant de prendre son envol. Il ne tarde pas à se distinguer, en tout cas, puisque le voilà régulièrement bardé de prix, tandis que son frère se révèle un élève moyen, voire médiocre. Lui, le cadet, fait la fierté de sa mère, qui se répand partout sur les mérites de son petit prodige.

A onze ans, il entre au collège de Charleville. Enfant frêle et taciturne, on pourrait le croire timide, mais il est déjà infatigable, enfermé dans sa besogne. Il y a aussi cette expression sur son visage, à peine perceptible, faite d'ironie et de distance aux choses, ce presque rien qui passe sur ses lèvres, une lueur brillante et fière dans le regard. Un de ses professeurs, plus attentif que les autres, s'en ouvre au principal du collège : « Il finira mal ». Il ne croit pas si bien dire. L'intelligence est toujours un désordre. Un danger.

Arthur se fait des camarades, se promène souvent aux côtés de son frère, s'enflammant pour des causes auxquelles il n'entend pas toujours grand-chose, faisant de grands gestes dans les rues, intimidant ses compagnons par sa maturité, les inquiétant parfois par sa singularité. Il lui arrive d'écrire aussi, il versifie, sans se poser vraiment de questions. Cela lui passera, pense sa mère.
Et, un jour, il a quinze ans. L'homme qui entre dans sa vie en un matin du mois de janvier 1870 est un jeune professeur de rhétorique de 21 ans, signalé par sa hiérarchie comme un « avant-gardiste ». Il se nomme Georges Izambard. Il n'est pas beau, n'a pas tellement de charisme mais, voilà, il va impressionner violemment l'adolescent et surtout lui ouvrir des portes closes jusque-là, ou qu'il s'interdisait de pousser. Déjà, Arthur avait publié, quelques semaines plus tôt, Les Etrennes des orphelins, dans La Revue pour tous. Mais soudain, il y a cet homme, libre, qui devient rapidement son ami, et qui l'éveille au monde, le pousse sur le chemin de la poésie, dit du mal des curés et des bourgeois, lui conseille des lectures que la mother, hâtivement, juge subversives. Et il y a le printemps qui arrive, une nouvelle saison, le soleil enfin, et le corps qui grandit, et l'esprit qui vagabonde, qui invente des fulgurances. Arthur approche des territoires jusque-là inexplorés, il dessine des vertiges, compose des mystères, tutoie les anges. Il devient cet échalas tour à tour sombre et lumineux, emporté et émerveillé, exalté et mutique, beau et inquiétant. Il découvre Baudelaire, Banville, les poètes du Parnasse, et un dénommé Verlaine. Il n'a pourtant pas quitté ses habits de collégien sage et bien noté, parvenant aisément à dissimuler le feu qui couve.
Au cours de l'été 1870, Napoléon III a la curieuse idée de déclarer la guerre à la Prusse. Passé les premiers élans cocardiers qui dégoûtent le jeune Arthur, les désastres se multiplient, et la région paie un lourd tribut dans ces combats absurdes. A la fin du mois d'août, l'adolescent décide, sur un coup de tête, de quitter Charleville et tente de rejoindre Paris.

Commentaires

Juste un petit coucou à tous les poêtes en passant, et bon dimanche.

Écrit par : hervé | 12/12/2010

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