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11/12/2010

Arthur Rimbaud

La pensée du jour : "Elle est retrouvée.

Quoi ? -L'Eternité.


C'est la mer allée

avec le soleil". Arthur RIMBAUD

 

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En novembre 2004, à l'occasion des 150 ans de la disparition d'Arthur Rimbaud, paraissait un Télérama hors-série consacré entièrement à ce poète. Puisque nous avons évoqué Rimbaud dernièrement, je vais mettre ici, en plusieurs "épisodes", tout l'article que lui consacra Philippe Besson dans ce Télérama hors-série. Le tout était magnifiquement illustré par Benjamin Flao. Je vous ai scanné un de ses dessins (voir image ci-dessus).

 

Janvier 1854. Encore une fois, l'hiver est rude du côté de Charleville, dans ces Ardennes qui ne connaissent pas la clémence. Par ici, les hommes sont durs à la tâche et les femmes vont, courbées contre le vent, pieds dans la boue, visage cinglé sous des fichus que parfois la bise emporte. Le capitaine Rimbaud est revenu auprès de sa jeune épouse deux mois plus tôt, ayant obtenu une permission à l'occasion de la naissance de son premier enfant. Il a passé les fêtes du nouvel an avec sa famille toute neuve. Il sait déjà qu'il devra repartir bientôt, que son sort est de rejoindre toujours des villes de garnison. Pour combattre cette froidure qui fait trembler les carcasses, ces pluies glacées qui pénètrent jusqu'aux os, le mieux, c'est encore que les corps se pressent l'un contre l'autre, dans la bonne chaleur des draps, sous des couvertures de laine. Ces deux-là, le capitaine et sa Vitalie, s'aiment si bien qu'ils conçoivent, sans le faire exprès, un nouvel enfant, qui sera là à l'automne, si tout va bien. Le père serait content d'avoir un deuxième fils, un frère pour Frédéric. La mère, elle, aimerait peut-être une fille mais elle prendra, évidemment, ce que la nature lui donnera. Lorsqu'ils se séparent, nos jeunes parents, ils croient encore qu'il est possible d'être heureux ensemble. Ils se trompent, bien sûr.

Vitalie traverse les semaines, les mois, elle regarde son ventre s'arrondir. En octobre, elle se prépare à appeler l'accoucheuse. Elle ne redoute pas les douleurs qui vont lui tordre les flancs, elle se souvient comme le corps se déchire, comme il est difficile de retenir ses pleurs, mais elle se montrera courageuse, elle l'a toujours été. Et puis, le destin d'une femme est de devenir une mère. Elle ne gémit pas lorsqu'il s'accomplit. Le vingt, à l'aurore, après plusieurs heures d'un épuisant travail, elle met au monde un nouveau garçon, dans sa chambre, au 12 de la rue Napoléon. On le prénommera Jean Nicolas-Arthur. On prétend qu'il a les yeux de son père. Aussitôt, comme cela se pratique alors, il est placé en nourrice chez des cloutiers de Gespunsart, un village posé sur la frontière avec la Belgique toute proche. Qu'on ne s'y trompe pas, pourtant : la mère aime son fils et s'en occupe, le ramenant souvent avec elle à Charleville.

En mars 1855, après quelques mois passés à découvrir les joies d'un foyer paisible et aimant, le capitaine doit repartir encore, cette fois pour aller faire la guerre en Crimée. Quelque chose se casse alors, qui ne sera jamais réparé. A son retour, quinze mois plus tard, plus rien n'est vraiment pareil. Les amours anciennes se sont disloquées, sans raison véritable, ou alors les raisons étaient-elles trop nombreuses.

Viendront encore trois enfants, tous conçus à l'occasion de permissions : Vitalie, tout d'abord, en avril 1857, qui décède au bout de trois mois, une autre Vitalie, en juin 1858, comme s'il s'agissait de remplacer l'enfant morte, et enfin, Isabelle, en juin 1860. Aussitôt après cette ultime mise au monde, le capitaine s'en va pour de bon et sa femme devient pour tous, et d'abord pour elle-même, la « veuve » Rimbaud, qui élèvera crânement et seule, parfois sous les quolibets, sa progéniture. Drôle de veuve, en réalité, puisque son mari ne mourra que dix-huit ans plus tard, sans qu'elle l'ait jamais revu, sans qu'il ait lui-même jamais cherché à revoir ses enfants. Comment croire que ce traumatisme, cette béance ne soient pour rien dans ce qui va suivre ?

 

Commentaires

Bonjour,

Aujourd'hui, 11 décembre, date très importante, surtout le 11 décembre 1998...
Pour en revenir à Arthur Rimbaud, Alfana et moi-même étions partis un week-end à Charleville-Mézières afin de mieux connaitre l'endroit où Arthur avait vécu et qu'il surnommait "Charleston". Nous avons visité le Musée qui porte son nom, et bien sûr, nous sommes allés nous recueillir devant sa tombe au cimetière, ce fut un week-end très culturel au-delà, malheureusement, du temps excécrable que nous avions eu...
Pourquoi croyez-vous que le fils ainé d'Alfana se prénomme Arhur ? Un bel hommage en quelque sorte...
Chapeau bas à toi, l'homme aux semelles de vent...
Bon week-end à tous et à toutes, bien cordialement, la biz, FRED06

Écrit par : FRED06 | 11/12/2010

Sorry, j'ai oublié le "t" à "Arthur"...

Écrit par : FRED06 | 11/12/2010

Par le hasard d'une mutation, j'ai passé un an dans les Ardennes, il y a assez longtemps déjà. Je suis allée, moi aussi, visiter le musée Rimbaud et me recueillir sur la tombe du grand Arthur...

Écrit par : Katell | 11/12/2010

Rimbaud, c'est le verbe clair. C'est la marée impatiente et qui semble faite pour toi quand tu la prends dans les yeux.
Rimbaud, c'est le sourire du large, la passion des mots au fond de ta gorge. Crie, crie, crie... et tu lui ressembleras.
Rimbaud, c'est la folie à l'âge de quinze ans... seize, dix-sept, dix-huit...
Le génie ? Pourquoi vient-il ? Comment s'en va-t-il ? En afrique ? Auprès d'un éléphant qu'on vient de chasser ? A Marseille ? Dans un hôpital ? A Charleville, avec Isabelle ?
La mort ? en 1891 ?

(Léo Ferré, 1991)

Écrit par : Yannig | 11/12/2010

Hormis "Affaire Rimbaud" d'HFT, il existe plusieurs autres chansons évoquant Arthur. Dont deux que j'aime particulièrement :
- "Pauvre Rimbaud" (Bernard Lavilliers, 1967)
et surtout :
- "Rimbaud" (Alain Aurenche, 1986)

.../...

P.S. Mon fils aîné s'appelle Arthur...

Écrit par : Yannig | 11/12/2010

Parmi les chansons parlant d'Arthur Rimbaud, on peut citer aussi "Rimbaud" d'Allain Leprest. Une chanson que j'aime beaucoup. Quant à celles de Lavilliers et d'Aurenche, je ne les connais pas, je vais vite remédier à cette lacune. Aurenche, j'écoutais cela il y a ... oh, je ne sais plus. Longtemps !!!

Écrit par : Katell | 11/12/2010

Et aussi :
http://www.mag4.net/Rimbaud/Chansons.html

Écrit par : Katell | 11/12/2010

http://www.youtube.com/watch?v=OemB8KDmEzY

Écrit par : loreleï2 | 11/12/2010

Bonsoir,

Rimbaud Arthur...le nom déjà relève d'un esthétisme réussi peut-etre aussi parce que prononcé dans la langue d'Oscar Wilde (bien plus familier pour moi que Shakespeare) ce patronyme traduirait " arc en ciel" -rainbow-.Et puis ce visage éminemment frondeur,boudeur et facétieux si bien reproduit par Ernest Pignon-Ernest dans des oeuvres clairsemées au hasard de rues urbaines...c'est hypnotisant non?
Outre les artistes que vous avez cités ayant rendu hommage au "voyant" que Rimbaud espérait devenir, je rajouterai l'intérprétation saisissante de Laurent Malet dans un téléfilm retraçant surtout le destin rimbaldien post-poétique...
A titre personnel, longtemps Baudelairien (autre patronyme divinement réussi,c'est curieux l'enchantement émanant de ces noms de poétes) je fus immédiatement réceptif à la poésie et à l'itinéraire foudroyant de ce gamin surdoué.A tel point que j'en alimentai des voyages où je ne cessais de renifler les empreintes de ce piéton infatigable...de l'odyssée originelle de Charlevilles à Louxor (encore avec Fred 06) jusqu'à Zanzibar en passant par la mythique Abyssinie...
Car si Rimbaud doit se ressentir et se vivre il doit aussi,je pense,se voyager ("je ne suis qu'un piéton rien de plus) l'action se situant en amont de la poésie sans se dissocier d'elle.
Alors devant l'echec de cette ambition "folle" de changer la vie "ah que les temps viennent où les coeurs s'éprennent" a t-il abdiqué ses idéaux poétiques au profit d'idéaux mercantiles plus facilement accessibles...j'avoue que cette dualité nourrit aussi ma fascination car elle résume aussi tout le mystére humain capable du meilleur comme du pire,et apportant de l'eau non du vin je préfére à mon moulin consistant à ressasser cette seule certitude acquise de mon "aventure terrestre" de quadragénaire avancé :la Vérité est rarement blanche ou noire mais souvent grise...
Enfin mon garçon récitant "le dormeur du Val" gorge serrée et petit coeur balbutiant d'émotions contenues,c'est autrement plus poignant qu'une "marseillaise" pitoyable de poncifs guerriers et haineux...
Enfin," le front encore alourdi de reves" (magnifique !) je vous laisse sur le titre d'un article écrit par un journaliste il y a quelque temps "si Rimbaud vivait au XXIe siécle il s'appellerait Thiéfaine".
Il avait tout compris !
Bien à vous

Écrit par : alfana | 11/12/2010

Il est vrai que lors de notre "périple égyptien" avec Alfana, au temple de Louxor, nous étions tombés curieusement sur cette inscription qui nous avait beaucoup intriguée : "A.Rimbaud" ... inscription photographiée maintes fois... nous supposons donc que l'enfant de Charleville serait venu à Louxor car nous savions déjà qu'il était venu en Egypte...
@ Yannig : je ne savais pas que ton fils ainé se prénommait également Arthur !!
Enfin, je terminerai mon intervention par une inscription que j'ai fait faire sur un tee-shirt en hommage à Rimbaud que je porte surtout l'été ! devant il y a la silhouette du poète et au dos "le monde est très grand et plein de contrées magnifiques que l'existence de 1000 hommes ne suffirait pas à visiter"...
Bon dimanche à tous et à toutes, la biz, FRED06

Écrit par : FRED06 | 12/12/2010

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