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29/01/2014

Lynda Lemay en concert à Thionville le 23 janvier

La pensée du jour : "Et me voici adulte -matricule léger- au pavillon des incurables de l'âme". Franck VENAILLE

 

Je tourne, je tourne à en être étourdie

Je reviens, je retourne à mes planches chéries

Y a des mains qui s'agitent, y a des paumes qui crient

La lumière m'invite, la pénombre est remplie

 

 

Je me plante comme une fleur, je suis prête à grandir

A m'exhiber le cœur, à me laisser cueillir

J'ai apporté des strophes, à vous d'les corriger

Allez, soyez mon prof, je vous tends mon cahier

 

 

Je vous prête mes crayons, qu'ils soient feutres ou pastels

Allons-y, colorions comme à la maternelle

Y a déjà des rayons qui nous tombent des lampes

On peut tracer des ronds sur chaque feu de la rampe

 

 

Dessinons des soleils dans chaque coin de nos ciels

On fera des merveilles, la soirée sera belle

Peu importe notre âge, on est tous écoliers

Il faut tourner des pages, réapprendre à voler

 

 

Je tourne, je tourne à en être étourdie

Je reviens, je retourne à mes planches chéries

J'vous remets mes chansons comme des feuilles d'examen

J'aurai jamais tout bon, j'ferai jamais tout bien

 

 

Mais si y a une leçon qu'j'ai fini par apprendre

C'est qu'ça prend cent pour cent dans l'plaisir qu'on va prendre

A tenter de notre mieux sans s'comparer aux autres

D'être fiers et heureux dans une vie bourrée d'fautes

 

 

Je tourne, je tourne, je tourne, je tourne, je tourne

Je tourne, je tourne, je tourne, je tourne, je tourne

 

C'est sur cette chanson, « Je tourne, je tourne », que s'allume la première étincelle du dernier album de Lynda Lemay, Feutres et pastels. C'est aussi la chanson qui ouvre un spectacle époustouflant, avec peu de respiration entre les morceaux, un spectacle durant lequel on passe du rire aux larmes, des larmes au rire. Le grand huit des émotions !
Lynda Lemay, je l'ai découverte, je crois, avec la chanson « Les filles seules ». A l'époque, j'étais seule, justement, et je me reconnaissais dans chaque ligne de ce texte. Et je crois pouvoir dire que de nombreuses filles seules ont pleuré dans leur chaumière en écoutant ces paroles si criantes de vérité. Ensuite, ce fut la claque avec « Le plus fort c'est mon père ».

« Quel effet ça t'a fait

Quand tu l'as rencontré ?

Est-ce que ça t'paraissait

Qu'il allait tant t'aimer ? »

Une chanson magnifique, une déclaration d'amour à fleur de peau d'une fille à son père...

 

J'ai écouté Lynda Lemay pendant de nombreuses années, puis plus rien. Après Les secrets des oiseaux, je ne saurais dire pourquoi, j'ai tout loupé, j'ai zappé les albums qui ont suivi. Pourtant, je savais bien, au fond de moi, que les chansons de la Québécoise m'avaient construite presque autant que celles de Barbara. Je savais bien qu'un jour ou l'autre je reviendrais à ces douces amours. Ce fut donc par le biais de Feutres et pastels. Dès la première chanson, je fus conquise à nouveau ! Lynda Lemay a 47 ans et demi, autant dire 48, autant dire 50 (ce sont ses propres mots) et elle nous revient avec une plume taillée par une maturité qui lui va à ravir. Par quelques blessures aussi. Lynda Lemay confesse en toute franchise que quand il s'agit de choisir, elle choisit l'erreur, et comment ne pas se sentir la frangine de cette femme forte qui n'hésite pas à confesser ses fragilités ? Les chansons de Lynda, ce sont des histoires qui auraient pu, qui pourraient arriver ou qui sont arrivées à plusieurs d'entre nous, et c'est cela qui fait leur charme et leur force.

Il faut aller voir Lynda Lemay en concert car c'est là que ses chansons prennent leur envol. Sur la tournée actuelle, la dame nous accueille dans un décor d'école primaire et s'y promène à son aise, accompagnée de trois musiciens. C'est dans ce coin d'enfance que Lynda fait tournoyer et flamboyer sa longue chevelure, c'est là qu'elle fait aussi tournoyer et flamboyer nos cœurs ! On rit en écoutant « La visite » ou « Les souliers verts » et en prenant notre première leçon de québécois (savez-vous ce qu'est une bécosse ou un maringouin ?!), on cache quelques larmes en écoutant « Quand j'étais p'tit gars » (et comme dirait ma fille Louise : « Ben dis donc, le gars, il a vraiment une voix de fille !!! ») ou « La place au sous-sol » ou encore « Une mère ».

On sort de là revigoré, plein d'énergie, car ça fait du bien de se vider d'un trop-plein de larmes, ça fait du bien de rire aux éclats sur des chansons qui parlent des petits riens qui font nos drôles de vies, ça fait du bien de rire de l'âge qui vient, qui est déjà là, qui fout tout en charpie, le corps et le reste. Mais pas le cœur, Lynda, pas le cœur, et je voudrais m'exclamer, après avoir vu le magnifique concert de Thionville la semaine dernière, je voudrais m'exclamer, à la manière de Barbara : « Merci et chapeau bas ! »

 

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