15/03/2015
"J'écoute le souffle de l'instant et l'accélération du temps"
La pensée du jour : "Voilà la chose la plus difficile : apprendre à vivre avec ses disparus. Les ranger dans une boîte afin qu'ils deviennent des souvenirs. Les tenir à distance pour qu'ils cessent de nous heurter". Philippe BESSON.
Ma plume se fait rare depuis quelque temps. Ici, en tout cas. Car, ailleurs, j’ai noirci dernièrement des pages et des pages ! J’ai même enfin écrit quelque chose de plus conséquent que ces notes éparses livrées sur ce blog ou un autre (http://dadla.hautefort.com/) : un roman sur un sujet qui m’obsède depuis plus de vingt ans, à savoir la RDA et son système hautement répressif pour qui ne marchait pas dans les clous… Bref, tout cela pour vous dire que j’ai été occupée ailleurs, souvent. J’ai même zappé quelques émissions dans lesquelles HFT est apparu récemment. Moi pour qui ce genre d’omission était impensable il y a quelques années encore… J’ai vieilli, peut-être ! Mais la passion ne s’est pas émoussée, et je réserve toute mon attention aux chansons de Thiéfaine, écoutées inlassablement au fil des jours. Le dernier album, Stratégie de l’inespoir, a tourné en boucle dans ma voiture au cours des derniers mois. Et je l’aime toujours autant, voire plus qu’à sa sortie. J’ai même fini par apprivoiser quelques morceaux qui me semblaient au départ un peu rebutants, comme Mytilène Island. Je ne dis pas que cette chanson me plaît follement à présent, mais disons que je ne la passe plus systématiquement ! Ayant appris ici ou là qu’elle faisait partie des chansons préférées de tel ou tel thiéfainaute, j’ai cherché à creuser. On peut effectivement voir de l’audace dans le thème, on peut peut-être imaginer, en l’écoutant, un tableau du style Gabrielle d’Estrées et une de ses sœurs (cf. une conversation que j’ai eue avec 655321). Pourquoi pas ? Tout est possible, et il en faut pour tous les goûts !
Pour ma part, je suis toujours subjuguée par En remontant le fleuve. Entrée en matière éminemment thiéfainienne, aux accents délicieusement rimbaldiens, comme l’a déjà souligné Foxy (http://foxysback.hautefort.com/). Cette remontée jusqu’au « berceau final » m’enchante, et ce depuis le début ! Un des textes les plus percutants de Thiéfaine selon moi, à ranger du côté des morceaux d’anthologie du style Exercice de simple provocation avec 33 fois le mot coupable, ou encore Annihilation. Au fil du temps, des liens entre certaines chansons se sont imposés à moi comme des évidences. C’est ainsi que je vois une passerelle entre Résilience zéro et Toboggan. Immobilité du temps de l‘enfance, accélération de ce même temps à l‘heure où la vie se penche vers son automne. Et c’est bien là, je crois, une expérience commune à tous, cette impression que le temps ne s’écoule pas de la même façon aux différents âges de la vie. Je me revois encore, adolescente, maudire le dimanche soir qui annonçait les « heures de la désolation » à venir, s’empilant mollement les unes sur les autres. Impression, avec le lundi qui arrivait, de retourner au bagne à perpétuité ! La nécessité de m’enivrer des Alcools d’Appolinaire, un frangin qui se demandait lui aussi quand donc finirait la semaine ! Et soudain, la trentaine s’est pointée, sans s’annoncer, puis la quarantaine, et me voilà comme déclassée. Et ce temps qui défile et me file entre les pattes, et mon impuissance à le retenir, et la sensation d’aller moi aussi vers le grand toboggan, vers l’ultime chute dont je ne me relèverai pas… La hantise, presque la certitude, de trouver le néant en bout de course, et non ce Dieu en qui je croyais dur comme fer quand j’étais môme. « Je te salue Seigneur, du fond de l’inutile. »
Bref, voilà un album qui m’accompagne quasi quotidiennement, et que j’ai hâte de découvrir sur scène !
Autre chose : j’aimerais bientôt écrire un petit billet sur la chanson Helter Skelter des Beatles, citée par Thiéfaine comme étant celle qui lui aurait inspiré Toboggan. Quelqu’un pourrait-il me dire dans quelle émission HFT a évoqué ce parallèle ? Merci !
10:53 | Lien permanent | Commentaires (10)
Commentaires
Bien ce petit cabaret de l'écriture....
Écrit par : Alezandro | 15/03/2015
Merci... je n'en finis pas de me régaler, de sourire, de réagir intérieurement à la lecture de vos mots... C'est comme si je m'y retrouvais, en un autre esprit, une autre âme... Depuis la lecture de ce billet du 29/12/13 la semaine dernière, je reviens ici, comme à une source qui fait du bien à mon âme qui aime tant vibrer et qui, la plupart du temps, ne le fait que seule... Merci...
Écrit par : Rachel | 15/03/2015
Merci, Rachel, pour ces mots gentils. Et moi c'est grâce à vous que j'ai pris la plume ce matin, portée par votre premier commentaire !
Écrit par : Katell | 15/03/2015
, et moi ce matin pour ne jamais me taire !...
Écrit par : Sans haîne | 16/03/2015
roo les dimanches soirs!! starsky et hutch à 18h!
merci kat !
Écrit par : le fan | 16/03/2015
salut Katell, pour la chanson des Beatles il me semble dans l'émission "la bande originale" sur France Inter mais sans certitude ....
Écrit par : vaxenlair | 17/03/2015
je confirme j'ai retrouvé le lien http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=1006501 à plus !
Écrit par : vaxenlair | 17/03/2015
Super ! Merci beaucoup, Vaxenlair, pour le lien !
Écrit par : Katell | 17/03/2015
Hello Katell ! Le toboggan a également été évoqué dans Les Nocturnes de Georges Lang, je crois. Je n'ai pas réécouté le podcast mais la chanson des Beatles faisait bien partie de la très instructive playlist d'HFT.
http://www.rtl.fr/culture/arts-spectacles/hubert-felix-thiefaine-invitee-exceptionnelle-de-vos-nocturnes-du-mercredi-4-fevrier-2015-7776472897
Écrit par : Arnaud | 20/03/2015
Un petit coucou suite à la superbe soirée à Reims. J'espère en faire d'autres au cours de cette tournée. Je souhaite te lire bientôt sur ce blog.
Bien amicalement
Écrit par : Christiane | 21/04/2015
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