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20/03/2015

"Ravages esthétiques"...

La pensée du jour : "Ich denk an ihre Augen,

die nicht vergehen

Und was sie jetzt wohl seh'n

Oder wen". Max PROSA

 

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Régulièrement, je me prends des claques poétiques ! Je sais, dès la première écoute de telle ou telle chanson, qu’elle va désormais faire partie de mon paysage quotidien, lui donner un autre relief. Thiéfaine fut celui qui m’administra la première grande bourrade, ou même bourrasque, le premier « ravage esthétique », ai-je envie de dire, pour reprendre l’expression utilisée par David Foenkinos quand il évoque ce que fut pour lui la rencontre avec l’œuvre de Charlotte Salomon.

 

Dans ma vie, il y a eu comme ça bien d’autres artistes, mais toujours, est-il nécessaire de le préciser, Thiéfaine reste le grand, l’immense, le magistral ! Celui avec qui il fait bon nager en eau trouble, mourir à 4h10 par un matin d’été, pour renaître d’une fièvre résurrectionnelle inespérée…

 

Bien sûr, d’autres flacons m’apportent l’ivresse, et heureusement ! Mais je constate jour après jour que seule la poésie de Thiéfaine semble me correspondre pleinement. Feu d’artifice au-dessus de l’abîme, incandescence ravageuse !

 

Mais quand même : au répertoire des découvertes sublimes, il y a eu pour moi Max Prosa. C’est un jeune Allemand, tout frêle, habité par les mots qu’il chante. Je l’ai vu une fois sur scène, et je suis restée bouche bée devant cette singulière apparition. Max Prosa vient d’une autre planète, il touche des sphères que nous ne pouvons que contempler de loin. Ses mots sont d’une incroyable beauté, et je déplore (une fois de plus !) que tant de gens disent des vacheries au sujet de l’allemand, langue éminemment inventive, qui sait claquer comme un fouet parfois, peut-être, mais qui sait avant tout englober la poésie du monde. Oui ! Et je le disais encore tout à l’heure à mes élèves, que mon envolée lyrique a laissés un brin interdits !!

 

Max Prosa dit les univers que nous n’atteindrons jamais, qui se dérobent au commun des mortels, il pleure l’amour qui se meurt dans un sanglot, il chante la brûlure qui étreint deux papillons lorsqu’ils tournoient autour de la lumière en une danse hardie qui leur sera sans doute fatale (Zwei Falter est à mes yeux le texte le plus poétique de Prosa), le soleil qui resurgit après la tempête («Als der Sturm vorbei war, hab ich die Sonne wieder geseh’n »). C’est la vie (oui, le titre est en français) parle d’une déchirure, et l’on peut tout imaginer : il est possible qu’ici, le chanteur évoque la fin d’un amour, mais peut-être aussi la mort d’un proche. C’est une chanson qui me chamboule complètement…

 

Bref, si le cœur vous en dit, oubliez ce soir tous les poncifs qui courent sur la langue allemande (rugueuse, moche, militaire, j‘en passe, et des pires), mettez-vous un petit Max Prosa, fermez les mirettes pour mieux siroter ce miel, et donnez-m’en des nouvelles !

 

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