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28/02/2016

Thomas Fersen était à Neuves-Maisons hier soir !

La pensée du jour : "Tout chargé encore du pollen de ce que je viens de vivre". Georges HALDAS

 

Oui, Thomas Fersen était à Neuves-Maisons hier soir, et c'était fabuleux ! Ce monsieur règne en seigneur pince-sans-rire sur un univers délicieusement loufoque. On y croise une chauve-souris éprise d'un parapluie, l'employé d'un magasin de chaussures qui, tout en s'occupant des pieds de ses clientes, se prend à rêver ou se voit saisi de haut-le-cœur incontrôlables, un squelette de la foire du trône, un certain Hyacinthe au "rire de fillette" et aux "grosses mains d'étrangleur" ("j'lui confierais pas ma sœur", commente malicieusement Thomas Fersen !). Bref, il y a là toute une faune bigarrée, toujours décrite avec une minutieuse profusion de détails, à tel point qu'on finit par la voir se promener sous nos yeux ! Au fil du temps, j'ai mis un visage sur Hyacinthe, sur l'assassin distingué et froid qu'est monsieur, ou encore sur le balafré. "Le balafré", justement : c'est ma chanson préférée de Fersen, et c'est celle qui a ouvert hier soir un curieux bal où l'on passait d'un sketch à une chanson (l'artiste était seul au piano), puis d'une chanson à un poème. Le tout chanté, récité ou déclamé avec un brin de malice enfantine au fond des yeux. Au beau milieu d'une saillie, le chanteur s'arrête, vérifiant son petit effet sur le public. Cela fait mouche, immanquablement. On rit, on se laisse docilement embarquer, et vogue la galère sur des flots que l'on sent toujours un peu bretons, rarement étales !! La croisière s'amuse sous la houlette d'un Thomas Fersen facétieux. Il me fait penser à un gamin taquin qui, tout en vous disant "t'as une tache, pistache", vous décocherait un uppercut rieur dans les naseaux ! A la fin, tout le monde éclate d'un rire franc et revigorant ! On en redemande, on adore cet univers à nul autre pareil, c'est un plaisir de déambuler en compagnie de ce coquin de vieillard encore vert qui veut "mourir comme Félix Faure", ou bien avec cette dame aux allures de Diane de Poitiers !

Après le concert, Thomas Fersen est venu rencontrer son public, signer des autographes, dédicacer des albums, des affiches (celle de la tournée actuelle est décalée à souhait, elle colle parfaitement au grain de folie du monsieur !!), se faire photographier avec des saintes familles entières, le tout dans une bonne humeur dont il ne s'est à aucun moment départi, quelle belle leçon !

Voilà, chers amis ! C'était un petit billet dans la série "il n'y a pas que Thiéfaine dans la vie" ! Mais, tout de même, on revient toujours à ses anciennes amours, à celles qui sont imprimées de manière indélébile, qu'on le veuille ou non, dans notre chair, et la prochaine note que je mettrai ici sera un compte rendu du concert de Strasbourg. Eh oui, j'y vais, finalement, après m'être débattue dans mille et une tergiversations, après avoir pensé que c'était perdu (jusqu'à lundi, je n'avais personne pour me garder les filles le soir du concert), après m'être dit que ce n'était pas raisonnable de faire tant de route entre deux réunions parents-profs... Puis, la solution est tombée du ciel comme un miracle entre mes mains étonnées et reconnaissantes : une collègue s'occupera de mes filles mercredi soir et même jeudi matin ! Et je me suis dit "au diable la raison", tirant une leçon frôlant l'amer de mon absence à Bercy en 1998 (tout cela pour ne pas être décalquée le lendemain matin en cours !) Toujours m'ont guidée les mots de Chamfort, "les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu", et ce n'est pas une petite quarantaine légèrement ahanante qui va me clouer les pieds dans des charentaises fatiguées !

 

04/02/2016

Toujours debout !

La pensée du jour : "Et c'est quand on croit que les ténèbres vont nous ensevelir que le soleil de la lumière ultime se lève". Georges HALDAS

Renaud a, comme il le disait un jour, « du mal avec la vie ». Du mal avec le temps qui passe, fauche des potes, kidnappe l’innocence des jeunes filles. C’est vers la quarantaine qu’une nostalgie sournoise s’est insinuée en lui comme un poison, lui filant de mauvais gnons dans la tripaille. Comment ne pas sombrer quand chaque jour qui passe nous barbote un truc de plus ? Comme je le comprends, mon poteau, et comme je suis heureuse de l’entendre chanter aujourd’hui qu’il est « toujours vivant, toujours debout ». J’entends déjà les commentaires cinglants, j’en ai lu quelques-uns, et ils m’ont fait mal. J’ai vite cessé d’y prêter attention. Je choisis de me faire ma propre opinion, je choisis aussi d’écouter ma petite fille de bientôt huit ans, fan de Renaud depuis un bon moment déjà, et accueillant cette nouvelle chanson comme un miracle. Ce qu’elle est. Bon sang, Renaud a traversé le désert plusieurs fois, certains l’ont dit moribond, et le voilà qui nous revient, titubant peut-être encore un peu sur les passages cloutés de la vie, mais bel et bien là, debout, vivant. Eh bien moi, au risque d’en décevoir plus d’un, je salue la niaque de cet homme ! Durant toute mon adolescence, il a été là, comme un mentor. C’était le loubard gentil dont j’étais secrètement amoureuse. Celui qui conciliait à lui seul les deux pôles qui m’attiraient : le côté mauvais garçon, tatouages en bande dessinée sur la peau, cheveux anars, et la sensibilité qui ose se dire. Des chansons caresses, des chansons coups de poing dans la gueule. Je trouvais là toute la pitance dont j’avais besoin. Ensuite, à l’âge adulte, j’ai toujours gardé un œil sur la « chetron sauvage ». Renaud me revenait par périodes. Et c’était toujours avec le même plaisir que je l’accueillais. Jamais ma tendresse n’a faibli, elle est de celle qui, parce qu’elles sont nées dans l’enfance, ne peuvent nous quitter tout à fait. La mienne est carrément enracinée en moi, inaltérable, et je suis heureuse d’avoir filé (sans chercher à le faire, d’ailleurs !) le flambeau à ma fille.

Alors oui, nous irons voir Renaud en concert ! Alors oui, sans doute, sa voix déraillera comme elle a d’ailleurs presque toujours déraillé, mais nous chanterons avec lui, nous chanterons pour lui s’il le faut, sachant bien, au fond de nous, que l’essentiel est ailleurs. Pour moi, il sera, c’est sûr, dans les yeux pétillants de joie d’une petite fille de huit ans…