04/02/2016
Toujours debout !
La pensée du jour : "Et c'est quand on croit que les ténèbres vont nous ensevelir que le soleil de la lumière ultime se lève". Georges HALDAS
Renaud a, comme il le disait un jour, « du mal avec la vie ». Du mal avec le temps qui passe, fauche des potes, kidnappe l’innocence des jeunes filles. C’est vers la quarantaine qu’une nostalgie sournoise s’est insinuée en lui comme un poison, lui filant de mauvais gnons dans la tripaille. Comment ne pas sombrer quand chaque jour qui passe nous barbote un truc de plus ? Comme je le comprends, mon poteau, et comme je suis heureuse de l’entendre chanter aujourd’hui qu’il est « toujours vivant, toujours debout ». J’entends déjà les commentaires cinglants, j’en ai lu quelques-uns, et ils m’ont fait mal. J’ai vite cessé d’y prêter attention. Je choisis de me faire ma propre opinion, je choisis aussi d’écouter ma petite fille de bientôt huit ans, fan de Renaud depuis un bon moment déjà, et accueillant cette nouvelle chanson comme un miracle. Ce qu’elle est. Bon sang, Renaud a traversé le désert plusieurs fois, certains l’ont dit moribond, et le voilà qui nous revient, titubant peut-être encore un peu sur les passages cloutés de la vie, mais bel et bien là, debout, vivant. Eh bien moi, au risque d’en décevoir plus d’un, je salue la niaque de cet homme ! Durant toute mon adolescence, il a été là, comme un mentor. C’était le loubard gentil dont j’étais secrètement amoureuse. Celui qui conciliait à lui seul les deux pôles qui m’attiraient : le côté mauvais garçon, tatouages en bande dessinée sur la peau, cheveux anars, et la sensibilité qui ose se dire. Des chansons caresses, des chansons coups de poing dans la gueule. Je trouvais là toute la pitance dont j’avais besoin. Ensuite, à l’âge adulte, j’ai toujours gardé un œil sur la « chetron sauvage ». Renaud me revenait par périodes. Et c’était toujours avec le même plaisir que je l’accueillais. Jamais ma tendresse n’a faibli, elle est de celle qui, parce qu’elles sont nées dans l’enfance, ne peuvent nous quitter tout à fait. La mienne est carrément enracinée en moi, inaltérable, et je suis heureuse d’avoir filé (sans chercher à le faire, d’ailleurs !) le flambeau à ma fille.
Alors oui, nous irons voir Renaud en concert ! Alors oui, sans doute, sa voix déraillera comme elle a d’ailleurs presque toujours déraillé, mais nous chanterons avec lui, nous chanterons pour lui s’il le faut, sachant bien, au fond de nous, que l’essentiel est ailleurs. Pour moi, il sera, c’est sûr, dans les yeux pétillants de joie d’une petite fille de huit ans…
12:21 | Lien permanent | Commentaires (20)
Commentaires
Bonjour,
Quand lis vos lignes, je m'y retrouve... Et le retour de Renaud me rempli de joie, preuve qu'il va mieux, qu'il parvient à surmonter ses démons, peut être pas à 100% mais c'est un bon début. Faut aussi lui laisser le temps de reprendre confiance, et ne pas tirer sur l'ambulance, comme certains l'ont fait. J'ai trouvé pas mal de critique juste blessante.
Bravo pour votre blog
Écrit par : Marie | 04/02/2016
Bonsoir,
Ah Renaud, je me suis toujours dit que ce que je pouvais percevoir de lui méritait une amitié indéfectible...moi qui d'habitude fuit toute forme de nostalgie (peur d'une facture trop salée...)l'écouter évoquer sa jeunesse la voix chevrotante en se jugeant crucifier par ce paradis perdu me contamine d'une langueur irrémédiable...mon adolescence pétrie de petites dramaturgies personnelles que je ne vivais que dans la solitude, se reflétait dans les refrains rebelles du chanteur "énervant"...par ses analyses poétisées en chansons il donnait du souffle, de la Beauté, à des choses, à des descriptions qui en étaient à priori dénuées...telle " deuxième génération" si vraie , si poignante et tellement gorgée d'humanité que l'empathie nous gagne...moi aussi je dois beaucoup à Renaud et qu'importent les polémiques, mon soutien à cet ami que je ne connais pas est acquis depuis belle "pépette"...euh lurette, de façon inconditionnelle. Et mes garçons aussi restent inexorablement attentifs et liés à cet artiste qui les a si souvent bercés notamment dans la voiture de papa!
et sur la route de ses prochains concerts je ne reviendrai peut-être pas seul à témoigner de la gratitude (après avoir acheté ton album bien sur) et une certaine fidélité...inoxydable
A toujours et merci au Cabaret pour ces libres expressions.
Alfana
Écrit par : alfana | 04/02/2016
Merci pour vos beaux commentaires. Alfana, tu traduis si bien ce que je ressentais moi aussi en écoutant Renaud, il y a presque trente ans ! C'est grâce à lui que je me suis mise à écrire, je crois. Suite à un chagrin d'amour, j'ai écrit ma propre version de "Où c'est qu'j'ai mis mon flingue ?", poème dans lequel je me répandais (déjà) en invectives contre la gent masculine !!! Je lui dois vraiment beaucoup et jamais je ne renierai cet attachement survenu brusquement dans l'enfance, grâce à mon frère.
Écrit par : Katell | 04/02/2016
Coucou Cath!! merci pour cette belle note. Je suis bien d'accord avec toi. Renaud m'accompagne depuis tellement d'années que je suis ravie de son retour!! Je me souviens du dernier concert que j'ai fait à Marseille, il avait du mal avec sa voix, et là tous les gens du Dôme, les 8.000, debout à chanter avec lui. C'était magnifique!! Bisous!!
Écrit par : Arabesque | 04/02/2016
Superbe billet Cath. , cependant moi je roule en Clio ;-)
Écrit par : Le Doc. | 06/02/2016
hello!
Petit préambule, je pense que ce billet de Katell est le mieux écrit de tous tes articles sortis ici et la langue que tu emploies réchauffe mon cœur, mes yeux et mes oreilles alors je t'en remercie!
Après, on est d'accord ou pas avec ce que tu écris! Il semble qu'ici nous soyons de nombreux vrais amoureux de Renaud Séchan! Chacun d'entre nous désire lui décerner un césar d'honneur pour l'ensemble de sa carrière tant il nous a accompagné au cours de notre existence! Renaud est un interprète divin , un poète moderne et un parolier de la trempe de Brassens! Je me joins donc à vous pour saluer l'ensemble de son œuvre!
Après, une fois les sirènes de la nostalgie éteintes, reste sa chanson. J ai souvent critiqué ici le dernier album de hft alors que vraiment Thiéfaine, je l'adore. Pour toujours debout, j ai envie de faire la même chose, mais ne croyez pas que je sois un rabat joie! Parfois, il m'arrive d'aimer les dernières chansons d'un artiste!
Mais là putain, j 'ai mal à mon Renaud! Si j'étais malhonnête, je ferais mienne la citation de Desproges à propos de Gainsbourg, "je l'ai beaucoup aimé de son vivant"! Mais bon, je ne suis pas Desproges et surtout Renaud est MORT, je parle de l'artiste évidemment! Je n'aime pas dire du mal des morts et encore moins de mes idoles mortes, alors je ne dirais pas ce que je pense!
Je ne parle pas de ses idéaux de jeunesse auxquels il a tourné le dos, chacun évolue et c'est très bien ainsi! Mais à un moment, il faut savoir s'arrêter et ne pas faire le combat de trop! Quand j'entends chanter Renaud en 2016, j'ai l'impression de réécouter Jeanne Calment quand elle a sorti un disque. C'est vrai ca, on est plus dans l amour de la musique mais dans la musique business! Déjà, je refuse de croire que le vrai Renaud écrive une chanson sur lui et à propos de lui, il est beaucoup trop pudique pour ca. Les amoureux de ses chansons me rejoindront la dessus! Ainsi, je refuse de croire que le texte soit de lui, d'ailleurs il ne l'est pas!
Sa voix est trafiquée électroniquement pour nous faire croire qu'il a retrouvé ses cordes vocales! Foutaises! Ce Renaud là est du Canada Dry; « ca a la couleur du Renaud, le goût du Renaud… mais ce n’est pas du Renaud ». Je suis profondément meurtri car j'ai l'impression de voir un ancien champion du monde des lourds remonter sur un ring à 50 ans pour le pognon alors qu'il va se faire éclater en moins d'un round!
Quand j'avis 14 ans, j'avais 3 posters dans ma chambre d'ado, Mickael Jackson, David Bowie et Renaud. En fait, c'est comme si un serial killer avait décidé de buter toutes mes idoles de jeunesse, c'est chelou parfois la psychologie d'un serial killer!
Bref, Renaud, mon gosse, mon frangin, mon poteau, mon copain, tu m'tiens chaud, Renaud. Je t'ai vu deux fois au Zénith à Paris, une fois en 1986 (à même pas 13 ans!) pour la "chetron sauvage" et l'autre fois en 1988, pour la tournée "visage pale rencontrer public". J'ai trop de respect et d'admiration pour celui que tu fus pour m'adonner à la pantalonnade d'aller te revoir sur scène; tout ce que tu m'as dit quand j'étais petit, je l'ai appris et je m'en rappelle et je sais que tu ne m'en veux pas! Parfois, on a pour ses vieilles idoles la même tendresse que pour ses anciennes maitresses!
Alors, mieux que l'original, la parodie:
https://www.youtube.com/watch?v=ug5tKTfgu7o
A.
Écrit par : toine | 09/02/2016
en y réfléchissant, sa chanson docteur renaud mister renard était déjà sur lui, mais cela ne change rien à mon propos, la mort artistique de renaud se situant avant!
A.
Écrit par : toine | 09/02/2016
Mais bordel ou j'ai planqué mon flingue ???
Écrit par : minitorus | 09/02/2016
Mais bordel ou j'ai planqué mon flingue ???
Écrit par : minitorus | 09/02/2016
1) qu'est-ce donc ' or ni car ' qu'un artiste ? : je vous l'demande Émile ... , une seule bonne réponse et j'vous la mets dans le mile Mlle Clio !...
2) nous avons tous et toutes du Dr. Jeckyll et du Mr. Hyde en nous : questionner votre serviteur et il vous expliquera !...
http://mon3emelivre.hautetfort.com/
Écrit par : Le Doc. | 09/02/2016
Je t'envoyais ce s.m.s le 1/02 :
" Les mots qui vont surgir de nous savent de nous des choses que nous ignorent d'eux. René Char "
, et puis voici venir ton billet le 4/02, et puis ton long commentaire toine ;-) à tous deux : " .. où est la sortie* ?... "
--->
Écrit par : Le Doc. | 09/02/2016
@minotorus: bien sur que oui! On a tous pensé à ce morceau, probablement le plus engagé de Renaud non? Même davantage qu'hexagone?
A.
Écrit par : toine | 10/02/2016
Moi je peux dire que j'ai été engagé à l'âge de 15 ans et 8 mois pour une durée de 7 années, au service de la France pour protéger les tire-au-flan, les peigne-cul et j'en trépasse, inclus le réformé via le formulaire F 756 du 72 03 10 :-(
Écrit par : Le Doc. | 10/02/2016
:-)
Écrit par : Le Doc. | 10/02/2016
À mon tour de donner un lien d'actualité en rapport à ce billet Toujours debout !
- à partir de 4.50 min - https://www.youtube.com/watch?v=ECY-b9ksbOc
Écrit par : Laetitia | 23/02/2016
Ich bin es eigentlich müde, über Einfachheit zu sprechen, also dachte ich mir, ich mache mein Leben komplexer, als ersthaftes Spiel.
Écrit par : Le Doc. | 24/02/2016
Ich bin es eigentlich müde, über Einfachheit zu sprechen, also dachte ich mir, ich mache mein Leben komplexer, als ersthaftes Spiel.
Écrit par : Le Doc. | 24/02/2016
À ta guise Silver, moi j'essaie de composer avec le chagrin. Et quel chagrin immense !
On ne peut pas être fatigué de la simplicité, d'en parler oui ! La simplicité ne se dit pas, les mots et les idées sont des constructions de l'ego qui aime jouer sous quelque forme que ce soit ! Tout n'est que vue de l'esprit. Et l'expérience, qui est du ressort de l'esprit, empêche la compréhension de ce qui est.
Écrit par : Laetitia | 24/02/2016
traduction complète :
En fait, je suis un peu fatigué de parler de simplicité, c'est pourquoi, pour expérimenter, j'ai pensé que j'allais essayer de rendre ma vie un peu plus complexe.
Écrit par : Le Doc. | 24/02/2016
J'ai écrit une grosse connerie !
Écrit par : Laetitia | 25/02/2016
Les commentaires sont fermés.