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30/06/2016

"Fulgurante Astrée de mes nuits"...

"Tout pesé, si j'avais à recommencer ma vie, avec le droit d'y faire des ratures, je n'y changerais rien". Ernest RENAN.

 

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L'Astrée est un roman pastoral de l'écrivain Honoré d'Urfé (1557-1625), publié en cinq parties de 1607 à 1627; les deux dernières par les soins de son secrétaire, Balthazar de Baro. L'auteur raconte les amours de deux bergers, Céladon et Astrée. A travers mille péripéties, l'action se déroule aux temps anciens des Gaulois et des Druides, sur les rivages enchanteurs du Lignon, dans une des plus belles régions de la France, le Forez. En vertu d'une fausse nouvelle, Astrée croit que son ami lui est infidèle, c'est pourquoi elle lui ordonne de s'éloigner pour toujours de ses regards. Céladon, désespéré, cherche à se noyer dans la rivière; mais il est sauvé par les nymphes. L'une d'elles, Galatée, lui déclare son amour; lui, cependant, ne pense qu'à Astrée, et la rejoint sans tarder, déguisé en jeune fille. La guerre ayant éclaté, le parfait amant se montre valeureux chevalier. Ainsi, selon la mode de la fin du XVIème siècle et la galanterie de la cour d'Henri IV, d'Urfé nous présente le portrait idéal de l'amant et de l'homme courageux. Mais Astrée n'accorde pas encore son pardon. Céladon doit donner d'autres preuves, comme dans la tradition des héros de chevalerie, jusqu'à ce que "la fontaine magique de la vérité" assure à la jeune fille sa fidélité. Enfin, après un long et prolixe récit (où s'entrecroisent d'autres amours et aventures), Astrée accorde son amour à Céladon. L'œuvre prend modèle sur les grands exemples italiens de l'Aminta du Tasse et du Pastor fido de Guarini et plus directement sur la Diana de l'Espagnol Montemayor. La délicatesse des descriptions de la nature, et la peinture des sentiments humains tels qu'on les trouve dans l'Arcadie de Sannazar s'y unissent à la galanterie et à l'amour tels qu'on les pratiquait dans la société française. L'œuvre, très célèbre pendant tout le XVIIème siècle, nous paraît actuellement loin de notre goût; mais elle intéresse le savant par la peinture précise de l'idéal précieux et mondain qu'elle nous donne; de plus s'y affirme un certain goût pour la recherche psychologique qui, - même à travers la fiction pastorale, - influa sur l'esprit et sur la littérature du grand siècle.

Un opéra, Astrée, a été composé en 1691 par Collas Pascal sur un livret de La Fontaine; un autre opéra sur le même sujet, intitulé Astrée apaisée, fut écrit en 1760 par Jean-François Maio.

 

(Dictionnaire des œuvres de tous les temps et de tous les pays, éditions Robert Laffont).

05/06/2016

In Bulligny we trust !!

 

Une tradition lorraine (peut-être devrais-je écrire « une déformation lorraine », mais je n'ai pas l'habitude de canarder ma région !!), une tradition lorraine veut que par chez nous, on ajoute un article défini devant chaque prénom. Ainsi, Gérard, ce n'est pas Gérard, mais LE Gérard ! C'est comme ça, on finit par s'y faire. Donc, le JDM, ce n'est pas le jardin de Michel, non (ce serait trop classieux, très peu pour nous), c'est le jardin du Michel. Et on peut dire que le Michel fut très bien inspiré le jour où lui vint l'idée de monter un festival à Bulligny, au fond de son jardin (qui est immense : c'est un champ, en fait, ou peut-être dix champs, je ne sais pas trop !!). Grâce au Michel, depuis quelques années, les Lorrains ont leurs Vieilles charrues, le chouchen et l'air marin en moins. Oui, mais nous, nous avons l'air lorrain ! Une autre tradition régionale veut que les saisons ne sachent pas toujours très bien où elles en sont, et il arrive que l'automne s'invite en plein cœur du mois de juin (un de mes amis appelle cela l'automne indien, c'est une improbable saison qui n'existe, me semble-t-il, que dans l'Est de la France et qui n'aurait inspiré que des aquarelles grises à Marie Laurencin !!!). Donc, le jardin du Michel peut être lui aussi victime de cette bizarrerie locale. Ce qui est arrivé cette année. Hier, j'ai vraiment cru que le concert d'Hubert allait être annulé. D'aucuns ont renoncé d'avance. Peur de se retrouver embourbés, dégoulinants de la colère des cieux. Pour ma part, je voulais y aller, coûte que coûte. Ce concert avec mes filles, j'en rêvais depuis des années. Après tout, sans Tonton Beu (c'est ainsi que mon aînée appelait Hubert quand elle était petite !), elles ne seraient pas de ce monde !! C'était donc hautement symbolique pour moi d'aller écouter Thiéfaine avec elles. Je ne sais pas si un festival est la meilleure formule pour une écoute recueillie et familiale !! Face au nombre de démarches chaloupées s'élançant parfois droit sur elles, face aux regards embrumés, aux haleines avinées, mes filles ont un peu flippé par moments (et moi aussi, pour elles !!). Par chance, j'étais bien placée : à côté d'un couple, accompagné d'un de leurs amis, tous trois venus là pour ne pas perdre une miette du festin. Des êtres adorables, qui ont pris ma fille Louise sous leur protection, l'entourant de soins quasi maternels. J'ai adoré vivre ce concert avec eux ! Juste avant Autoroutes jeudi d'automne, je n'ai pu m'empêcher de dire à ma fille : « Oh, celle-là, je l'adore, c'est une de mes préférées ». Et la jeune femme, à nos côtés, de s'exclamer, s'adressant à Louise : « Maman, elle kiffe » !! C'est amusant : quand j'entends ce mot, je pense systématiquement au sens qu'il a en allemand. « Kiffen » signifie s'adonner à la fumette ! Et on peut dire qu'hier soir, ça kiffait pas mal !!! J'ai eu soudain une pensée attendrie pour ma mère, j'ai repensé à mon premier concert de Thiéfaine, où je l'avais traînée, insistant autant que possible sur les innombrables références littéraires dont regorgeaient les textes du poète que je venais de découvrir ! Je l'entends encore me dire, à la fin de ce spectacle absolument déjanté : « Je n'ai jamais fumé un seul joint de ma vie, mais je crois savoir maintenant quel effet cela peut procurer » !! Et aussi : « C'est bizarre, toutes ces références littéraires dont tu parlais, je ne les ai pas vraiment perçues » !!! Hier, donc, dans la boue de Bulligny, alors que des effluves de chichon me chatouillaient régulièrement les narines, je me suis dit, amusée : « Pour kiffer, ça oui, elle kiffe, maman » !!!

Mais j'arrête de regarder mon petit nombril. Je vais enfin élargir la perspective, comme on m'a appris à le faire à l'école. Le concert d'Hubert était excellent. Notre Jurassien était en forme et souriant. Je dois dire aussi que je l'ai profondément admiré. Voilà un artiste qui assume une playlist audacieuse pour un festival : pas facile de chanter Résilience zéro ou Sentiments numériques revisités face à une foule en délire dont le plus grand nombre est venu là pour festoyer copieusement, ne connaissant parfois, du répertoire d'Hubert, que La fille du coupeur de joints, ou tout bonnement que dalle. Et pourtant, cela a pris. Fans de la première heure ou joyeux allumés vierges de toute écoute préalable, le mélange s'est fait avec un naturel dont je suis encore ébahie. Quelque part, j'ai lu qu'hier soir, Thiéfaine avait mis tout le monde d'accord, et je ne saurais mieux dire ! Et, franchement, La fille du coupeur de joints les pieds dans la gadoue, ça le fait, et merveilleusement !

Il y a dix ans, je crois, suite à un Chien à plumes où je m'étais fait malmener par un public éméché, je m'étais promis d'éviter les festivals. Mais toujours le petit grain de folie qui sommeille en moi quand il s'agit d'Hubert, et qui ne demande qu'un léger coup de pouce pour s'abandonner à la luxuriance, toujours ce petit grain de folie me pousse à braver mes jolis principes, à saccager (avec raison) mes serments éphémères ! Je ne regrette rien, parce que ce JDM 2016 était du meilleur cru ! La boue et la menace anthracite venue d'un ciel plombé ont ajouté un supplément d'âme à un concert qui en envoyait de toutes parts ! C'était torrentiel, diluvien, comme cette satanée pluie qui nous est tombée abondamment sur la bobine durant les jours passés et qui a eu l'élégance de ne pas la ramener une seule seconde durant la prestation d'Hubert. Décidément, oui, il a mis tout le monde d'accord. Et même les éléments déchaînés depuis quelques jours, il te les a tenus en laisse, muselant l'ire des cieux, domptant à la fois les orages et les déluges potentiels. En bouclant ce billet, je repense à une formule, lue hier sur une grande affiche, et qui m'a fait sourire : In Bulligny we trust. Yes ! Je dirais même plus, pour élargir la perspective : In Hubert we trust !!

04/06/2016

Autorisation de délirer ... sous la pluie !

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Thiéfaine au JDM, j'en rêve tout bonnement depuis la création de ce festival !! J'ai toujours pensé que l'ambiance du site et l'esprit de cette manifestation s'accorderaient pleinement avec l'univers d'Hubert ! Et voilà que cette année, mon rêve prend corps ! Alors ce soir, on y va, on y va, on y va, comme chante Miossec en ouverture de son dernier (et magnifique) album ! On y va, même si le sol risque d'avoir des allures de Loire-et-Cher ("on dirait qu'ça t'gêne de marcher dans la boue" !!!). Rien n'effraie le peuple thiéfainien, toujours en marche, toujours vivant, toujours debout !! Je me réjouis de revoir des visages familiers, dans les traits desquels je lirai sans doute une attente brûlante, mêlée d'ardeur et de joie, et qui ressemblera à la mienne. Je l'ai déjà dit, j'adore les moments qui précèdent les concerts de Thiéfaine. Je cherche du regard des silhouettes croisées X fois déjà, et mon cœur s'illumine quand je reconnais un tel ou une telle...

Ce soir, ce concert aura une saveur particulière pour moi car ce sera la première fois que je verrai Hubert en compagnie de mes filles. Nous avons décidé de porter les tee-shirts au corbeau !

Coûte que coûte, on y va, on y va, on y va, malgré le temps ddégueulasse, hésitant entre le bas breton et le patois lorrain !! Plus de générateurs diesel à la place du cœur, plus de pompes refoulantes au niveau des idées, rien qu'un cœur à ciel ouvert. Et comme toujours, quand Hubert apparaîtra, nimbé de son aura rimbaldienne, j'oublierai les petits griefs qui, de temps à autre, viennent imbécilement me visiter, je retrouverai l'élan premier, celui qui me précipita, il y a plus de vingt ans, dans la lave d'une poésie survoltée qui allait changer ma vie. "Que serais-je sans toi ?", voilà ce que je pourrais dire à Hubert si je le rencontrais un jour dans des conditions meilleures que celles dans lesquelles je l'ai déjà croisé, entre deux portes, dans des loges intimidantes et dénuées d'âme. Que serais-je devenue sans cet univers qui vola à mon secours à l'orée de la vingtaine, alors que je me débattais en plein naufrage sentimentalo-métaphysique ?! Alors ce soir, une fois encore, je ne serai que reconnaissance quand paraîtra le monstre sacré...

10:59 Publié dans Sport | Lien permanent | Commentaires (8)