01/11/2020
De la poésie jusqu'au bout des doigts, ou plutôt des ailes !
De la poésie jusqu'au bout des doigts, ou plutôt des ailes : un texte d'Isabelle.
Au début je n'aimais pas trop, mais Thiéfaine faisait rire aux éclats un de mes amis poitevin. L'histoire du séminariste à motocyclette, il adorait ! Nous participions alors à un chantier de jeunes, du côté de Besançon, et sous le soleil de juillet, nous transpirions à grosses gouttes (Joëlle et Christian, si vous passez par là … on ne sait jamais). Hubert commençait à faire parler de lui dans la région. Je découvrais que ça sonnait vraiment juste. Il y avait des défis à relever et pas des moindres ! J'écoutais Ad orgasmum aeternum en pleurant. C'est sûr, j'avais raté mon orientation, j'aurais dû être barmaid plutôt qu'assistante sociale !
Les années passées, j'arrêtais de fumer, mais de mon vol plané, je décidais de ne jamais atterrir. Depuis Tout corps vivant branché sur le secteur, il ne manque pas un seul laser à ma discothèque, de quoi apporter ma contribution à la retraite du chanteur. Déniché par un dimanche chanceux, un magnifique coffret répondant au doux nom de Séquelles est venu enrichir ma caverne d'Ali Baba. L'agence des amants de madame Müller dans sa version live en 14 minutes... C'est vrai ça, monsieur le commissaire, qui n'a pas sa névrose ?
Sous l'effigie bienveillante du corbeau, la tournée Homo Plebis Ultimae Tour est passée par La Commanderie. Le 5 mai 2012, la salle s'est remplie d'adolescents de tous les âges. Dans une lumière bleutée évoquant les mystères de la nuit ou le fond de l'océan, l'enfant de la cité a fait une entrée magistrale, saluée par les applaudissements, les sifflements du vent à 11500 mètres, les déchaînements et les cris de joie. Je me suis sentie gonflée à bloc ! Annihilation résonnait de façon très particulière. Dans cette salle, quelques années auparavant, Hubert fut l'invité surprise de son ami Yves Jamait. Le 5 mai, le public s'appelait « Jura Nord ». Dans un programme de deux heures, c'est la carrière et les albums du chanteur qui ont défilé, en même temps que quelques tranches de ma vie et de ses variations. Il y a de l'intemporalité ou de l'uchronie dans les chansons de Thiéfaine, il n'y a pas d'âge pour les écouter et d'ailleurs je n'ai pas d'âge. J'aurais bien aimé me hisser sur de solides épaules et m'élever au-dessus de toutes les têtes folles qui se balançaient devant moi. Alors j'ai détourné le regard, l'ombre des mains de l'homme-corbeau dansait sur le mur. De la poésie, jusqu'au bout des doigts !
Depuis ce jour, je ne regarde plus de la même façon les corneilles se poser sur ma route. J'éprouve même de l'affection pour elles. À quoi ça tient !
14:21 | Lien permanent | Commentaires (13)
Commentaires
Texte très chouette aussi, qui m'a fait bien rire par moments. Il est encore très différent de tous les autres, mais son originalité le relie tout de même aux précédents. C'est la même passion qui s'exprime ! Merci à vous pour vos très beaux récits, je les adore ! D'autres devraient suivre encore. Au moins un dans les jours qui viennent.
Écrit par : Katell | 01/11/2020
Ah, non, Katell : Ce texte n'est pas très chouette. Il est très corbeau (ou corneille).
Bon, d'accord...(oui, ben, je me réveille...).
Des ados de tous âges…J'adore !! Tout comme l'ambiance onirique…
Isa, tu me fais bisquer avec ton coffret Séquelles…
Salutations numériques !!
Et merci !!
Écrit par : Seb | 02/11/2020
Et je l'aime encore mieux à la deuxième lecture !
Écrit par : Seb | 02/11/2020
Salut à tous
Super ton texte Isabelle merci à toi.
« Alors j'ai détourné le regard, l'ombre des mains de l'homme-corbeau dansait sur le mur. »... whoua... ça me file des frissons... d’agréables frissons.
Il y a quelque chose d’envoûtant presque ensorcelant dans cette description. À l’image des chansons d’Hubert qui nous happent et nous chamboulent.
Écrit par : Bételgeuse | 02/11/2020
@ Isabelle :
Je t'ai lue mais le nouveau Doc est en chemin, à minima en cet instant au Cabaret, et donc je serais tout en RETENUE !...
P. -S :
@ SEB :
Un billet du Doc vaudrait pour livre alors comment taire une aventure qui ne peut se réduire à une lettre, fusse-t-elle d'un Jaurès.
La culture de l'être ne se réduit pas, hélas, à la transmission de savoirs !...
, ...
Écrit par : le Doc. | 02/11/2020
, c'est rédhibitoire et pis c'est tout !...
Écrit par : le Doc. | 16/11/2020
Toujours des pensées poétiques et enivrantes sur ce blog, chapeau! J'avais fait l'aller retour depuis la capitale pour assister à ce concert à Dole, superbe! Une salle surchauffée, très jeune en effet, alors que les têtes commencent à se dégarnir sur les autres dates... Je me souviens d'une standing ovation à la fin des dingues et des paumés et d'un Hubert au final très en retenu entre les morceaux, mais en pleine forme à chaque interprétation!
Dans le malheur ambiant on a eu de la chance que la tournée des 40ans ne soit pas tombé en 2020... Il y a un an se clôturait la tournée dans une ambiance de folie à l'Olympia... Les temps sont durs!...
Écrit par : Ignatius | 24/11/2020
, les temps ont toujours été durs Ignatius!...
Lorsque l'on sort de ce qui confine à la ' médiocrité ' , soit notre écosystème ( personnel ) , on ne peut que faire ce constat ..
P. -S : avec ou cent ajoutées ..
, ...
Écrit par : le Doc. | 24/11/2020
Oubli :
avec ou cent valeurs ajoutées ..
, ...
Écrit par : le Doc. | 24/11/2020
J'aime les gens qui doutent, les gens qui trop écoutent leur cœur se balancer
J'aime les gens qui disent et qui se contredisent et sans se dénoncer
J'aime les gens qui tremblent, que parfois ils ne semblent capables de juger
J'aime les gens qui passent moitié dans leurs godasses et moitié à côté
J'aime leur petite chanson
Même s'ils passent pour des cons
J'aime ceux qui paniquent, ceux qui sont pas logiques, enfin, pas "comme il faut"
Ceux qui, avec leurs chaînes pour pas que ça nous gêne font un bruit de grelot
Ceux qui n'auront pas honte de n'être au bout du compte que des ratés du cœur
Pour n'avoir pas su dire "délivrez-nous du pire et gardez le meilleur"
J'aime leur petite chanson
Même s'ils passent pour des cons
J'aime les gens qui n'osent s'approprier les choses, encore moins les gens
Ceux qui veulent bien n'être, qu'une simple fenêtre pour les yeux des enfants
Ceux qui sans oriflamme et daltoniens de l'âme ignorent les couleurs
Ceux qui sont assez poires pour que jamais l'histoire leur rende les honneurs
J'aime leur petite chanson
Même s'ils passent pour des cons
J'aime les gens qui doutent mais voudraient qu'on leur foute la paix de temps en temps
Et qu'on ne les malmène jamais quand ils promènent leurs automnes au printemps
Qu'on leur dise que l'âme fait de plus belles flammes que tous ces tristes culs
Et qu'on les remercie qu'on leur dise, on leur crie "merci d'avoir vécu!"
Merci pour la tendresse
Et tant pis pour vos fesses
Qui ont fait ce qu'elles ont pu
Au revoir Anne ❤️
Écrit par : Martine | 01/12/2020
Merci Martine
Écrit par : Seb | 02/12/2020
Merci beaucoup, Martine, pour cet hommage à Anne Sylvestre. Je suis bien triste depuis l'annonce de la nouvelle. Anne Sylvestre n'a pas fait que marquer mon enfance, elle m'a accompagnée dans la vie... Une grande dame nous a quittés.
Écrit par : Katell | 02/12/2020
J'aime les gens qui doutent, les gens qui trop écoutent leur cœur se balancer
J'aime les gens qui disent et qui se contredisent et sans se dénoncer
J'aime les gens qui tremblent, que parfois ils ne semblent capables de juger
J'aime les gens qui passent moitié dans leurs godasses et moitié à côté
J'aime leur petite chanson
Même s'ils passent pour des cons
J'aime ceux qui paniquent, ceux qui sont pas logiques, enfin, pas "comme il faut"
Ceux qui, avec leurs chaînes pour pas que ça nous gêne font un bruit de grelot
Ceux qui n'auront pas honte de n'être au bout du compte que des ratés du cœur
Pour n'avoir pas su dire "délivrez-nous du pire et gardez le meilleur"
J'aime leur petite chanson
Même s'ils passent pour des cons
J'aime les gens qui n'osent s'approprier les choses, encore moins les gens
Ceux qui veulent bien n'être, qu'une simple fenêtre pour les yeux des enfants
Ceux qui sans oriflamme et daltoniens de l'âme ignorent les couleurs
Ceux qui sont assez poires pour que jamais l'histoire leur rende les honneurs
J'aime leur petite chanson
Même s'ils passent pour des cons
J'aime les gens qui doutent mais voudraient qu'on leur foute la paix de temps en temps
Et qu'on ne les malmène jamais quand ils promènent leurs automnes au printemps
Qu'on leur dise que l'âme fait de plus belles flammes que tous ces tristes culs
Et qu'on les remercie qu'on leur dise, on leur crie "merci d'avoir vécu!"
Merci pour la tendresse
Et tant pis pour vos fesses
Qui ont fait ce qu'elles ont pu
Au revoir Anne ❤️
Écrit par : Martine | 03/12/2020
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