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09/04/2022

Hubert, les folies que pour toi l'on commet...

"Les folies sont les seules choses qu'on ne regrette jamais". Oscar WILDE

 

Pourquoi cette nostalgie qui m'étreint au lendemain de chaque concert de Thiéfaine ? Bon, déjà, il faut dire que ce sentiment rencontre chez moi, d'emblée, un terrain favorable, installé depuis l'enfance. Conscience aiguë, au moment même où je vis les choses, qu'elles passeront comme tout passe... Une certaine Anna de Noailles a écrit : « Nous n'aurons plus jamais notre âme de ce soir », et si ces mots ont trouvé un fort écho en moi, ce n'est pas pour rien.
Sûr que la soirée d'hier ne reviendra jamais, que le souvenir des visages entrevus autour de moi pâlira très vite, trop vite. Déjà, ce qui a peu de chances de revenir sous la même forme, ce sont les conditions météo de ce 8 avril qu'on aurait cru sorti tout droit de l'hiver. À l'aller (environ 1h45 de route), des pluies torrentielles, parfois de la grêle. Tout cela cognait si fort sur la tôle de ma voiture que je n'entendais pas toujours très distinctement le live d'Hubert que j'avais mis pour me plonger dans l'ambiance. Au retour, ce fut pire encore. Là, j'eus droit à un tableau surpassant toutes mes appréhensions ! De la neige, même du verglas par endroits. Et, pour finir, une route inondée à traverser, les deux mains crispées sur le volant. À maintes reprises, hier, je me suis répété cette phrase qui me vient souvent quand il s'agit d'HFT : « Hubert, les folies que pour toi l'on commet »... J'ai vraiment flippé ma race, tiens !

Mais faut-il regretter l'audace qui ne m'a pas fait reculer devant le danger ? Surtout pas, voyons ! Dans ma voiture hier, ramenée à ma fragilité extrême, mise en face de la toute-puissance des éléments sur nous, je faisais le bilan de cette passion pour Hubert, celle-là même qui dure depuis presque trente ans. Une folie qui m'a sauvée et m'a empêchée d'être folle, comme dans la chanson... C'est sans doute parce que le ciel, au-dessus de ma tête, avait des allures de fin du monde, que j'ai fait un bref retour en arrière sur ma vie. Je me disais que jamais la jeune fille de 19 ans, découvrant Thiéfaine dans une R18 déglinguée en septembre 1992, n'aurait pu imaginer que l'impact reçu en plein cœur cette nuit-là ferait des ricochets sur une longue enfilade de décennies. Je me disais aussi que si cette jeune fille croisait la femme que je suis devenue, elle ne changerait peut-être pas de trottoir. C'est ce qu'il faut espérer.

Bref... Après avoir joué des coudes pour entrer dans le Palais des Congrès (et je note qu'il y aura toujours des sans-gêne qui, arrivés après moi, parviendront tout de même à me griller la place, je le dis en passant, comme si cela ne m'énervait que très peu, mais en fait, ça me fait bouillir), je me suis retrouvée assise à côté d'un joli minois sans rides. Je n'ai pas pu m'empêcher de demander à cette voisine comment elle avait atterri là, et pourquoi. Encore une histoire de transmission, comme cela arrive souvent dans le public d'Hubert. « C'est mon père qui m'a fait découvrir Thiéfaine. Il l'écoute depuis 40 ans. J'ai tout de suite été happée par cette poésie lunaire qui ne ressemble à rien d'autre ». On est bien d'accord ! Nous échangeons des mots forts en quelques minutes. Parfois, on ne sait pas pourquoi, une magie qui passe, un courant, une sympathie, et l'on raconte à un inconnu des choses que l'on ne confierait pas à son voisin. Dingue. La jeune femme me demande ce que je fais dans la vie. Et là, moment de grâce encore : quand je lui avoue, un peu craintive, ma profession, elle s'exclame : « Oh, j'adore l'allemand, c'est une langue merveilleuse ». Ce n'est pas tous les jours que l'on me rétorque ceci, d'où la crainte évoquée plus haut sous forme d'adjectif. Quand je vous dis que cette belle soirée ne reviendra jamais...

Une première partie : Archi Deep. Archi sympa, vraiment, mais il faudra que je prenne le temps d'écouter un peu plus tard, quand Hubert ne menacera plus de venir jeter (sans le vouloir, bien sûr) son ombre sur le tableau. Je n'y peux rien, j'ai du mal avec les premières parties de ses concerts. Sans doute parce que, d'une certaine manière, façon Éluard, je suis si près de lui que j'ai froid près des autres. Ah, l'intransigeance qui est la mienne, quand j'y pense !

Bon, inutile de s'abîmer dans ces digressions, venons-en au noyau, comme on dit en allemand : cette entrée sur La Ruelle des morts, c'est tellement beau, inattendu et doux. Quoi de plus puissant que ce rythme lent pour déplorer que rien ne demeure ? Quoi de plus magique que la délicatesse de ces instruments épousant la délicatesse d'une voix pour verser des larmes sur ce qui ne reviendra plus ?

J'ai pris de somptueuses claques hier. Ça y est, la tournée est bien lancée, les morceaux rôdés et huilés comme il faut. Le spectacle vous entre dans les oreilles et dans les yeux. Et dans la peau aussi, via d'innombrables frissons. Il faut prendre le temps de regarder les musiciens autant que de les écouter. Chacun apporte sa touche à l'édifice et l'alchimie est sans accroc. Personnellement, j'avoue avoir un petit faible pour Frédéric Gastard. J'adore le regarder mettre tout son coffre dans son saxo ou son espièglerie dans un petit déhanchement inattendu !

Les titres s'enchaînent, on en prend plein les écoutilles. Ma voisine est à fond, elle connaît toutes les chansons par cœur. À ma droite, une autre voisine, bien plus jeune encore. Je ne peux m'empêcher d'éclater de rire au moment où, innocemment, elle scande ces paroles de Lorelei : « Reviens jouir mon amour dans ma bouche-agonie ». Ah, vraiment, ce mélange des générations, en plus d'être touchant, a un côté savoureux !

Sur La fille du coupeur de joints, on assiste, comme toujours, à une joyeuse explosion qui part dans tous les sens. Des gens se lèvent et se massent devant la scène, moi y compris. C'est là que toutes les hardiesses se rejoignent ; c'est là qu'un prof, au milieu de tout cela, se dirait : « Bon, c'est un fait, je ne tiens plus ma classe, elle m'a échappé ». C'est que le public d'Hubert n'est pas le plus docile qui soit ! Cette Fille du coupeur de joints, incomparable générique de fin, me sera toujours sympathique. Elle a le don de réunir dans ses vertiges les cheveux blonds, les cheveux gris, mais pas que. Elle fait communier toutes les individualités, les looks lisses et les un peu moins lisses. C'est toute une foule qui s'envole au même moment pour pédaler dans les nuages, et c'est beau, c'est l'effet magique d'Hubert, c'est indéniable.

À la fin, je cherche ma voisine, que j'ai laissée en plan sur La fille du coupeur de joints, lui confiant ma veste et mon sac à main et, du même coup, mes papiers, mon chéquier, ma clé de voiture, ma carte bancaire. Bien certaine qu'elle prendrait grand soin de toutes ces possessions qui soudain ne comptaient plus pour moi. Émues, nous nous remercions mutuellement pour le moment d'échange véritable. Je ressens une légère tristesse en la quittant (la nostalgie, camarade, je te dis !). Je pense aussi à la route qui m'attend. Et au courage dont il faudra s'armer face à l'avis de tempête ! 

Ah, Hubert, les folies que pour toi l'on commet !

Hubert, les folies que pour toi l'on commet, c'est la certitude d'atteindre le sommet ! Je sais, c'est une fin légèrement cucul la praline, mais rien de mieux ne me vient !

Commentaires

Point trop de nostalgie tout de même en ce lendemain de concert car c'est aussi une veille de concert : demain, ce sera Bar-le-Duc !

Écrit par : Katell | 09/04/2022

Dans le feu de l'action, en écrivant ce billet ce matin, j'ai oublié de dire qu'Hubert nous avait livré, hier soir, une interprétation magistrale de "Vendôme". J'ai adoré la manière dont il a présenté les choses : "Voici une chanson qu'on me réclamait depuis longtemps, alors je la fais parce que je suis un homme servile". Servile, Hubert, bien sûr !!! Et il a ajouté que tous les soirs des paris se faisaient avant "Vendôme" : va-t-il réussir à la jouer ou non ? Et il nous a fait bien rire quand il a dit que bientôt la Française des Jeux serait sur le coup !!!!

Écrit par : Katell | 09/04/2022

Ahah ! Epiques les trajets !!
J'aurais bien vu le Dies Irae de Verdi en play-list.
Mais bon, j'ai l'impression qu'aucuns éléments, fussent-ils déchainés, ne t'empêcheraient d'assister au concert :-)
D'ailleurs...bon concert !!

Salutations numériques

Écrit par : Seb | 10/04/2022

J'aime bien te lire, ça m'émeu...
Moi aussi c'est Gastard le gars qui me fait kiffer sur cette tournée.
La Ruelle (qui fait partie des chansons qui me lassent un peu) est absolument magnifique dans cette version.
Moi je déteste la fille, je n'arrive plus à rentrer dans cette chanson qui me gonfle en tous points. Pour moi le concert se termine une chanson avant la fin.
Peut être au 7 mai si j'ai le courage de te contacter avant le concert mais j'avoue que j'aimerais bien mettre un visage sur quelqu'un que je lis avec plaisir et émotion depuis des années.

Écrit par : PK | 11/04/2022

Coucou tout le monde, très beau concert à Bar-le-Duc aussi ! Des petites anecdotes à raconter, ce que je ferai à mon retour d'Allemagne. Je pars en effet jusqu'à samedi. Je ferai un compte rendu de Bar-le-Duc à mon retour.
PK, n'hésite pas à me contacter avant le 7 mai ! Je serais très heureuse de faire ta connaissance !
Seb, tu as raison, je crois : pour me faire renoncer à un concert d'Hubert, il faudrait s'accrocher ! Je suis plus tenace que les éléments déchaînés, plus têtue que tout ce qui pourrait tenter de me faire obstacle ! C'est comme ça depuis toujours. J'ai fait des trucs assez dingues pour voir Hubert (une fois : un aller-retour Nancy-Paris pour passer quelques heures à la Flèche d'or. Retour dans la nuit, avec boulot le lendemain. Et tant d'autres folies ! Il faudrait que je m'amuse à les raconter ici !!!).

Écrit par : Katell | 12/04/2022

@ Catherine :

, pour Bar-le-Duc je suis dans la toile d'attente :-)

@ Delphine :

Sauf incident on the road Watergate ;-)

@ PK :

, môa j'aime bien la fille et de celle là ne me lasse point !... anecdote pour anecdote : Hubert l'a chantée 1 fois cpmme avant denière chanson !... ( je l'aime bien ainsi aussi soit-elle .. )

@ à tous :

COUCOU :-)

, ...

Écrit par : le Doc. | 13/04/2022

@ ... :

https://thiefaine.com/livre-dor/

, ...

Écrit par : Jean-Pierre Zéni dit le Doc. | 13/04/2022

@ ... :

https://thiefaine.com/livre-dor/#comment-240955

, ...

Écrit par : Jean-Pierre Zéni dit le Doc. | 20/04/2022

Les commentaires sont fermés.