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10/05/2006

LORELILITH / LORELEILITH

LILITH

« Au commencement, lorsque Dieu créa le ciel et la terre, un grand esprit noir planait sur les eaux… Il ressemblait à un oiseau nocturne aux longs cheveux dont les cris trouent l’espace.

Au commencement, avant la création d’Eve, il y eut Lilith, mais l’homme fit tout pour l’oublier et ne pas même mentionner son nom. Lilith, démone obscure, fut rangée au nombre des cauchemars, des frayeurs enfantines, des fantasmes d’homme mûr. On l’accusa de rapts et de meurtres d’enfants, on lui inventa une face horrible et noire, tout en la qualifiant de séductrice. Lilith rejoignit la nuit du grand commencement, l’oubli de la raison humaine. Elle demeura le secret de la nuit et de toute genèse.

Elle était – mais on le dit si peu – la première femme, créée en même temps qu’Adam ; et dans  ce premier couple humain l’égalité devait régner en tous points, selon le désir du Créateur. Mais voici : Lilith était susceptible et Adam fort buté. Ils se querellèrent, pour « avoir le dessus » en faisant l’amour : qui « dominerait » l’autre ?...

Le conflit naquit-il de l’acte d’amour ou d’un goût du pouvoir ? Comme chacun refusait de se soumettre, d’être en position inférieure, Lilith s’envola à tire-d’aile loin de ce faux paradis. Adam cria, pleura après la femme enfuie, il fit une requête pressante auprès du Créateur mais, malgré trois anges dépêchés à sa recherche, Lilith ne revint jamais au foyer conjugal prétendument édénique. Elle préférait la nuit, ses grandes ailes, la liberté, l’espace. On dit aussi qu’elle s’acoquina avec Samaël, ange de ténèbres, préférant les frissons de la passion maudite à un bonheur sans problème et sans imagination vécu auprès de (c’est-à-dire sous) Adam.

Peut-être fut-ce elle, la femme irremplaçable, qui revint sous forme de serpent tenter Eve, la seconde épouse.

Elle est reine de la nuit, elle a les démons pour compagnons et elle doit vivre longtemps, Lilith, très longtemps, jusqu’au Jugement dernier.
Les hommes ont voulu la chasser de leur mémoire, de leurs écrits. Ils n’ont voulu retenir que l’épouse fidèle et la mère des vivants, Eve, et non Lilith l’insoumise.
Et pourtant, elle hante les rêves des poètes et elle sert la vengeance divine, aidant à la destruction des méchants.
Le Livre saint ne la mentionne qu’une fois, par la bouche menaçante du prophète Isaïe. De là à imaginer que Lilith serait l’unique Femme, comme il y a pour le peuple d’Israël un Dieu unique dont on doit taire le nom… »

Les Femmes de la Bible, Jacqueline KELEN, La renaissance du livre, 2002.

A la fin du texte, Jacqueline KELEN donne la référence suivante : Isaïe 34, 14. J’ai cherché le passage en question dans la Bible. Le voici :

« Chiens et chats sauvages s’y rencontreront,

Et les satyres s’y appelleront l’un l’autre ;

Le spectre nocturne hantera ces lieux,

Il y trouvera son repos ».

Et, dans les notes sur la prophétie d’Isaïe, on peut lire :

Le spectre nocturne : la Lilith, démon féminin nocturne et malfaisant, toujours agité.

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LORELEI, L’ONDINE DU RHIN

« La mythologie allemande abonde en créatures féminines hantant les montagnes et les fleuves. La légende de la Lorelei, ondine, c’est-à-dire déesse des eaux, est née sur les bords du Rhin, près de Saint-Goar, en aval de Bacharach. A cet endroit, le fleuve dessine une courbe dangereuse à franchir, jadis redoutée des bateliers, dont la peur était encore accrue par un phénomène d’écho, lié à un rocher escarpé qui surplombe de 132 mètres la rive droite du fleuve. Ce bruit mystérieux a été interprété par l’imagination populaire comme un chant surnaturel et maléfique : quand la Lorelei chante, les bateliers ne voient plus et n’entendent plus qu’elle, et leur bateau se brise contre les écueils, tandis qu’ils crient « Lorelei » (« lei » signifie en allemand médiéval « roche » et l’allitération en « l » rappelle l’écho), nom du rocher et de la sirène qui est censée l’habiter.

L’une des caractéristiques du romantisme allemand est d’avoir utilisé les légendes populaires, réservoir inépuisable de thèmes, et de leur avoir donné une forme littéraire. Dès le Moyen Age (XIIIème siècle), avant que la Lorelei ne devienne un véritable motif servi par les grands poètes de l’époque romantique, on trouve des textes évoquant le fameux écho du rocher : la légende est liée à celle de l’Or du Rhin et des Nibelungen, à celles des elfes et des gnomes.

(…) Tous les textes insistent sur les quelques éléments caractéristiques de cette créature des eaux, resplendissante de beauté : sa chevelure, tantôt verte, tantôt blonde (« sorcière blonde », « cheveux de soleil », Apollinaire), ses yeux fascinants (…), ses pouvoirs surnaturels. (…) Symbole des séductions, des rêves, de la folie, elle est l’image de la beauté maléfique. Elle incarne l’enchantement pernicieux des sens qui, en supplantant la raison, conduisent l’homme à sa perte. C’est un des grands mythes qui mettent en garde l’homme contre la femme et soulignent le lien entre la beauté et la mort ».

Source : Historia spécial, l’Allemagne romantique, juillet-août 1991.

Conclusion : En lisant ces deux textes, on comprend mieux pourquoi, à Esch-sur-Alzette, Thiéfaine disait que Lorelei et Lilith, c’était du pareil au même !

Question : Mais si Lilith n’est mentionnée qu’une fois dans la Bible, comment a-t-on eu vent de son histoire ? Je ne pige pas tout !!

Pense-bête : Il faudra que je consacre une note aux Nibelungen. Pas à mes « Nibelungen intimes et privés », mais à la Chanson des Nibelungen, l’épopée germanique !

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