11/10/2006
Rimbaud-Thiéfaine
La pensée du jour : "Si on commence à chercher tout ce qui manque... Il faut se limiter, parce qu'on ne peut pas manquer de tout à la fois", Romain GARY.
Pendant quelques jours, je vais mettre, sur ce blog, les textes en prose ou les poèmes de Rimbaud dont sont extraites certaines phrases ou expressions qu’utilise Thiéfaine dans « Affaire Rimbaud ». Voici d’abord la chanson de Thiéfaine :
AFFAIRE RIMBAUD
La jambe de Rimbaud
De retour à Marseille
Comme un affreux cargo
Chargé d’étrons vermeils
Dérive en immondices
A travers les égouts
La beauté fut assise
Un soir sur ce genou
Horreur Harar Arthur
Et tu l’as injuriée
Horreur Harar Arthur
Tu l’as trouvée amère …/… la beauté ?
Une saison en enfer
Foudroie l’Abyssinie
Ô sorcière ô misère
Ô haine ô guerre voici
Le temps des assassins
Que tu sponsorisas
En livrant tous ces flingues
Au royaume de Choa
Horreur Harar Arthur
Ô bentley ô château
Horreur Harar Arthur
Quelle âme, Arthur, est sans défaut ?
Les poètes aujourd’hui
Ont la farce plus tranquille
Quand ils chantent au profit
Des derniers Danakils
Juste une affaire d’honneur
Mouillée de quelques larmes
C’est quand même un des leurs
Qui fournissait les armes
Horreur Harar Arthur
T’es vraiment d’outre-tombe
Horreur Harar Arthur
Et pas de commission
Horreur Harar Arthur
Et pas de cresson bleu
Horreur Harar Arthur
Où la lumière pleut
Hubert-Félix THIEFAINE
Voici à présent un premier texte de Rimbaud, celui qui ouvre « Une saison en enfer » :
« Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s’ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient.
Un soir, j’ai assis la Beauté sur mes genoux. –Et je l’ai trouvée amère. –Et je l’ai injuriée.
Je me suis armé contre la justice.
Je me suis enfui. O sorcières, ô misère, ô haine, c’est à vous que mon trésor a été confié !
Je parvins à faire s’évanouir dans mon esprit toute l’espérance humaine. Sur toute joie pour l’étrangler j’ai fait le bond sourd de la bête féroce.
J’ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils. J’ai appelé les fléaux, pour m’étouffer avec le sable, le sang. Le malheur a été mon dieu. Je me suis séché à l’air du crime. Et j’ai joué de bons tours à la folie.
Et le printemps m’a apporté l’affreux rire de l’idiot.*
Or, tout dernièrement m’étant trouvé sur le point de faire le dernier couac ! j’ai songé à rechercher la clef du festin ancien, où je reprendrais peut-être appétit.
La charité est cette clef. –Cette inspiration prouve que j’ai rêvé !
« Tu resteras hyène, etc…, » se récrie le démon qui me couronna de si aimables pavots. « Gagne ta mort avec tous tes appétits, et ton égoïsme et tous les péchés capitaux ».
Ah ! j’en ai trop pris : -Mais, cher Satan, je vous en conjure, une prunelle moins irritée ! et en attendant les quelques petites lâchetés en retard, vous qui aimez dans l’écrivain l’absence des facultés descriptives ou instructives, je vous détache ces quelques hideux feuillets de mon carnet de damné ».
*Tiens, « l’affreux rire de l’idiot », cela ne vous rappelle rien ?!
09:50 | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
BRAVO POUR CE BLOG !!!
Écrit par : ANTIRACKET | 11/10/2006
Merci Katell pour cette "minute culturelle". C'est drôle mais en lisant l texte de Rimbaud, on le fait en chantant.
En tout cas, je me suis aperçu que je ne disais pas toutes les bonnes paroles... je vais aller mettre quelques exemplaires sur ton "petit jeu..."
J'espère que tu te rétablis...
Écrit par : petit-jour | 11/10/2006
Tout à fait d'accord avec vous, ce blog est très bien!!!
Bravo katell, continue à nous enrichir.
Écrit par : Keyser Sözé | 11/10/2006
Tu reviens quand, dis? C' est pas marrant sans toi et ta bonne humeur!!! Bravo pour tes notes sublimiiiiissiiiimes!
Écrit par : suricate | 11/10/2006
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