22/10/2006
Histoire du soldat : "et je vois devant moi le diable en personne"
La petite pensée du jour : "Dès que nous sommes seuls, nous sommes des fous. Oui, le contrôle de nous-mêmes par nous-mêmes ne joue que soutenu par le contrôle que les autres nous imposent", François MAURIAC.
Reprenons l’Histoire du soldat là où nous l’avions laissée. Cette fois, le diable fait son apparition. Allez, lisez ses répliques en essayant d’imaginer la voix d’Hubert :
LE SOLDAT, accordant le violon.
On voit que c’est du bon marché,
il faut tout le temps l’accorder…
Le soldat se met à jouer. Musique. Petits airs au bord du ruisseau. Entre le diable. C’est un petit vieux qui tient à la main un filet à papillons. Tout à coup, il tombe en arrêt. La musique continue. Le diable s’approche du soldat par derrière. Fin de la musique.
LE DIABLE
Donnez-moi votre violon.
LE SOLDAT
Non !
LE DIABLE
Vendez-le-moi.
LE SOLDAT
Non !
LE DIABLE
posant son filet à papillons et prenant dans la main droite le livre qu’il a sous le bras gauche.
Changez-le-moi contre ce livre.
LE SOLDAT
Je ne sais pas lire.
LE DIABLE
Vous ne savez pas lire ? ça ne fait rien.
C’est un livre… on n’a pas besoin de savoir lire pour le lire.
C’est un livre, je vais vous dire,
Qui se lit tout seul ; il se lit pour vous.
On n’a qu’à l’ouvrir, on sait tout.
C’est un livre… c’est un coffre-fort…
On n’a qu’à l’ouvrir, on tire dehors…
Des titres !
Des billets !
DE L’OR !
LE SOLDAT
Faudrait me le montrer d’abord.
LE DIABLE
Je suis parfaitement d’accord.
Il tend le livre au soldat, qui se met à lire, bougeant les lèvres et suivant les lignes avec le doigt.
LE LECTEUR
A terme, à vue, cours des changes…
Pas moyen d’y rien comprendre.
LE SOLDAT
Je lis, c’est vrai, mais je ne comprends pas.
LE DIABLE
Essayez toujours, ça viendra.
LE SOLDAT
Et puis aussi, monsieur, si ce livre vaut tant d’argent, mon violon, à moi, il m’a coûté dix francs.
LE DIABLE
Ce que c’est quand même que l’honnêteté !
Elle va vous récompenser
en vous faisant faire une bonne affaire.
L’occasion n’est pas ordinaire.
Dites que oui, profitez-en…
LE SOLDAT
Oh ! bien, si vous y tenez tant !
Il donne le violon au diable et se met à lire dans le livre.
21:55 | Lien permanent | Commentaires (5)
Commentaires
ça me rappelle plein de souvenirs. ma jeunesse au Lycée, mes années à la fac et bien sûr, le conservatoire. Ah, la, la, que de choses passées depuis... mais bon, merci de nous faire partager ce si beau texte. J'attends la suite avec impatience.
Écrit par : sev | 22/10/2006
pour moi, les souvenirs sont plus recents... j'etais a la representation et il est vrai qu'hubert est n grand comedien, sa prestation du diable etait grandiose... Ce qui est dommage, c'est qu'aucun realisateur le sache, car je l'imagine tres bien au cinema, dans des roles proche d celui la...
Imaginez le, a la place de Al pacino, dans l'associé du diable, ou encore dans angel heart dans le role de De Niro...
Si vous en voyez d'autres...
Écrit par : 655321 | 23/10/2006
Salut Cath ,
Je prends le prétexte de la phrase du jour pour venir te saluer.
Toutefois dans les T.O.C je rejoints ( juste un instandamné.. ) la réflexion de Sarthe qui disait : " l'enfer c'est les autres ", j'y retourne...
...en concerts mais je n'aime pas ces phrases lapidaires qui n'ont pour la plupart que la valeur d'élévation en " mythe " de leurs auteurs !...
Bonne journée...
Le Doc.
Écrit par : Le Doc. | 23/10/2006
Bonne journée à toi aussi, Doc, ainsi quà tous ceux qui viendront se balader ici aujourd'hui! Je fais vite, sinon je vais partir en retard au travail! Mais je reviens ce soir mettre mon grain de sel dans les commentaires!
Écrit par : Katell | 23/10/2006
J'ai le poivre d'abord ( PPDA ) ;-)
Le Doc.
Écrit par : Le Doc. | 23/10/2006
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