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07/11/2006

Histoire du soldat : suite

Bon, ce n'est pas possible, ces saloperies d'insomnies! Alors je vais balancer ma note pour demain, et c'est tout! Sév, comme tu passes souvent par ici le mardi, tu seras peut-être contente d'y lire la suite de cette Histoire du soldat

 

Mais d'abord la pensée du jour (enfin, de la nuit en ce qui me concerne!) :

"Tout sera gardé dans une mémoire sans souvenir. Le grain de sel qui fond dans l'eau ne disparaît pas puisqu'il rend l'eau salée", Eugène IONESCO.

 

 

LE LECTEUR

Il se mit à lire dans le livre et le produit de la lecture fut l’argent, fut beaucoup d’argent,

parce qu’il connaissait l’événement avant le temps.

Il se mit à lire tant qu’il put,

Alors il eut tout l’argent qu’il voulut,

et avec cet argent tout ce qu’il voulait ;

ayant été marchand d’abord, marchand d’objets, puis…

puis il n’y eut même plus besoin d’objets, parce qu’on est entré dans l’esprit,

et on est en dehors du temps,

et j’use des autres comme j’entends

parce qu’ils sont dans le présent,

et, moi, je sais déjà quand eux croient seulement.

 

C’est un livre qui se lit tout seul… c’est un coffre-fort.
On n’a qu’à l’ouvrir, on tire dehors…

Des titres.

Des billets.

DE L’OR.

 

Et les grandes richesses, alors,

et tout ce que les grandes richesses sont dans la vie,

femmes, tableaux, chevaux, châteaux, tables servies ;

 

tout, j’ai tout, tout ce que je veux ;

tout ce qu’ont les autres, et je le leur prends,

et, ce que j’ai, ils ne peuvent pas, eux !

 

Alors il va, des fois, le soir, se promener.

 

Ainsi, ce soir ; c’est un beau soir de mai.
Un beau soir de mai, il fait bon ;

Il ne fait pas trop chaud comme plus tard dans la saison.

On voit le merle faire pencher la branche, puis la quittant,

la branche reprend sa place d’avant.

 

J’ai tout, les gens arrosent les jardins, « combien d’arrosoirs ? »

fins de semaine, samedis soir,

il se sent un peu fatigué,

les petites filles jouent à « capitaine russe, partez »,

 

j’ai tout, j’ai tout ce qu’ils n’ont pas,

alors comment est-ce qu’il se fait que ces autres choses ne soient pas à moi ?

quand tout l’air sent bon comme ça,

seulement l’odeur n’entre pas ;

 

tout le monde, et pas moi, qui est en train de s’amuser ;

des amoureux partout, personne pour m’aimer ;

 

les seuls choses qui font besoin,

et tout mon argent ne me sert à rien, parce qu’elles ne coûtent rien,

elles ne peuvent pas s’acheter ;

 

c’est pas la nourriture qui compte, c’est l’appétit ;

alors, je n’ai rien, ils ont tout ; je n’ai plus rien, ils m’ont tout pris.

 

Et, rentrant à présent chez lui : c’est pas les cordes qui font le son,

parce que toutes les cordes y sont ;

et ce n’est pas la qualité du bois, j’ai les plus fins, les plus précieux :

mon violon valait dix francs, mon violon valait bien mieux ;

 

Satan ! Satan ! tu m’as volé,

comment faire pour s’échapper ?

Comment faire ? comment faire ? est-ce que c’est dans le livre ça ?

et il l’a ouvert encore une fois,

l’a ouvert, l’a repoussé ;

Satan ! Satan ! tu m’as volé !

 

mais peut-être que le livre sait quand même, il sait tout, alors (dit-il au livre) réponds :

les autres sont heureux, comment est-ce qu’ils font ?

 

les amoureux sont sur le banc,

comment faire ? comment faire pour être comme avant ?

 

dis donc, parce que tu dois savoir,

comment faire pour ne rien avoir ?

 

On entend la sonnerie du téléphone.

 

Qu’est-ce qu’il y a ?... Monsieur, c’est pour ces cinq cent mille francs ;

est-ce qu’il faut les verser à votre compte courant ?

 

On heurte.

 

C’est un télégramme qui lui apporte des nouvelles de ses bateaux ; toutes les mers à moi ! je suis enfermé.

On m’envie comme jamais homme n’a été envié, on m’envie,

je suis mort, je suis hors de la vie.

Je suis énormément riche, je suis riche énormément.

Je suis mort parmi les vivants.

 

 

 

Le rideau se lève ; on voit le soldat assis avec le livre à son bureau. Le diable habillé en vieille femme apparaît sur le côté de la scène. Il se dissimule derrière le portant. Il n’est pas visible pour le soldat.

 

 

Question : Quelqu'un connaît-il le jeu "Capitaine russe, partez!" dont il est question dans cet extrait? C'est quoi, ce truc? J'y ai jamais joué, moi!

Commentaires

Salut Cath ,

Je pense qu'il s'agit d'un ancien jeu de cartes Russe appellé " MAFIA ".

Dans ce jeu il est une carte dite " Le Capitaine " qui confère à celui qui la possède une double alternative comme celle que possède le Soldat !...

Pour ne pas remuer le couteau dans une plaie encore fraiche je dirai que ce questionnement tombe à point nommé. C'est un raccourci de dire que nous possédons tous deux visages ( S'cuses Cath : ex. Renaud avec son Renard.. ), toutefois la plupart des gens essaient de montrer dans la vie une image d'eux où il n'y aurait pas de verso.

Pour beaucoup la censure exercée par leur limbique surchauffé occulte leur vision du réel !... ( sujet de mon 2 ème livre ).

En vous souhaitant une bonne journée je me souhaite maintenant une bonne nuit.

Le Doc. / Jean-Pierre Zéni ou Jean-Pierre Zéni / Le Doc.

Écrit par : Le Doc. | 07/11/2006

C' est peut- être un jeu pervers lié à l' âme slave qui concerne la roulette russe! Après tout j' aurais essayé, enfin pas d' y jouer!

Écrit par : suricate | 07/11/2006

Les commentaires sont fermés.