12/11/2006
Jour J moins 5!!!
La pensée du jour : "L'impossible nous ne l'atteignons pas. Il nous sert de lanterne", René CHAR.
A propos de René Char, justement ... En relisant ces mots, je me suis dit : "tiens, au fait, si tu relisais quelques poèmes de ce monsieur!". Et voilà que je tombe sur un titre qui m'explique enfin le mystère Evadné! Depuis longtemps, je me demandais à quoi faisait référence ce joli pseudo. Evadné, j'espère que tu ne m'en voudras pas quand tu découvriras ce poème sur mon blog!
EVADNE
L'été et notre vie étions d'un seul tenant
La campagne mangeait la couleur de ta jupe odorante
Avidité et contrainte s'étaient réconciliées
Le château de Maubec s'enfonçait dans l'argile
Bientôt s'effondrerait le roulis de sa lyre
La violence des plantes nous faisait vaciller
Un corbeau rameur sombre déviant de l'escadre
Sur le muet silex de midi écartelé
Accompagnait notre entente aux mouvements tendres
La faucille partout devait se reposer
Notre rareté commençait un règne
(Le vent insomnieux qui nous ride la paupière
En tournant chaque nuit la page consentie
Veut que chaque part de toi que je retienne
Soit étendue à un pays d'âge affamé et de larmier géant)
C'était au début d'adorables années
La terre nous aimait un peu je me souviens.
Du coup, je comprends aussi "Notre rareté commençait un règne"! Et il me semble, Evadné, que tu as mis un jour ce poème sur "Fragments d'Hubert". Je le trouve tout simplement sublime!
Bon, jour J moins 5, mesdames et messieurs! Je commence à sentir les scolopendres me grimper sur l'estomac. Dès que je pense à ce qui nous attend et à ce que nous attendons avec tant d'impatience, ça danse là-dedans! Je crois que mon amoureux et moi allons jusqu'au bout dire "au diable l'avarice" et nous payer un week-end complet à Paris! Avez-vous peut-être entendu parler d'expos susceptibles de nous intéresser?! J'ai la flemme de chercher!!
21:59 | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
T'en vouloir???
Mais bien au contraire! Quelle belle surprise! Voir Evadné citer sur ton blog est pour moi presque un honneur, et un grand bonheur! Je voudrais le faire aimer à la terre entière!
René Char me tient compagnie depuis presque 20 ans; sa poésie me fascine, me touche profondément, sans que je puisse l'expliquer bien souvent. J'ai toujours sur moi le recueil Fureur et Mystère d'où est extrait ce poème. Chez René Char, les titres à eux seuls sont des bijoux: la parole en archipel, par exemple, il fallait le trouver!
Pour Paris, j'irais bien au musée municipal d'art moderne, où l'on peut ,paraît-il, voir toute une salle de cadavres exquis d'André Breton. Et je n'ai jamais visité le musée Dali.
Je le laisse avec cet aphorisme de René Char : " Le poète est celui qui sait tirer parti de l'éternité d'une olive."
Écrit par : Evadné | 12/11/2006
Encore un autre aphorisme, (je suis désolée mais quand on m'évoque René Char, je deveins très bavarde):
" La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil."
J'en connais un qui aurait bien pu écrire ça...
Écrit par : Evadné | 12/11/2006
Coucou Evadné!
Merci pour cet accueil enthousiaste! Pour ma part, je ne connais pas très bien René Char, je n'ai lu que quelques poèmes par-ci par-là, dans des anthologies. Quels titres me conseillerais-tu?
Pour Paris, j'ai finalement fait quelques recherches : j'aimerais aussi aller voir une librairie allemande, cela peut être sympa! Mais je retiens ton idée, il faut voir sur place!
Écrit par : Katell | 13/11/2006
Bonsoir Katell,
concernant René Char, ma préférence va à son recueil Fureur et Mystère, en particulier, la partie "feuillets d'hypnos", constituée essentiellement d'aphorismes écrits lorsque Char était dans le maquis. La partie "visage nuptial", très courte, compte aussi parmi mes textes préférés (on peut y lire Evadné, Conduite, Gravité, post-scriptum). Enfin, je citerais tous les courts poèmes d'une autre partie du même recueil, "Partage formel", où Char définit sa conception du poète et de la poésie.
Je te quitte avec un texte qui me touche dans ce qu'il a de vrai ( c'est souvent ça René Char, une poésie de l'émotion):
Allégeance
Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima?
Il cherche son pareil dans le voeu des regards. L'espace qu'il parcourt est ma fidélité. Il dessine l'espoir et léger l'éconduit. Il est prépondérant sans qu'il y prenne part.
Je vis au fond de lui comme une épave heureuse. A son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand méridien où s'inscrit son essor, ma liberté le creuse.
Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas?
Écrit par : Evadné | 14/11/2006
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