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29/11/2006

Un poème en prose de Charles Baudelaire

La pensée du jour : "Roméo, c'est une légion de gamètes mâles qui montent à l'échelle pour rejoindre la gamète femelle qui les attire avec une force irrésistible", René BARJAVEL (La faim du tigre).

 

Ben ouais : "pas prendre pour un courrier du coeur les pulsions des glandes endocrines"!!

 

Voici aujourd'hui un poème en prose de l'ami Charles Baudelaire. Je sais, Evadné, que tu l'as posté dernièrement sur le forum de "Fragments d'Hubert". J'espère que tu ne m'en voudras pas si je le mets ici aussi. J'en avais l'intention depuis un petit moment. J'aime ce texte, il m'accompagne depuis des années déjà...

Au fait, n'oubliez pas de répondre à la question posée par 655321 au bas de la note intitulée "La chanson française pour les nuls"!

 

Et maintenant, place à Baudelaire :

Anywhere out of the world

 

N’importe où hors du monde

 

 

Cette vie est un hôpital où chaque malade est possédé du désir de changer de lit. Celui-ci voudrait souffrir en face du poêle, et celui-là croit qu’il guérirait à côté de la fenêtre.

Il me semble que je serais toujours bien là où je ne suis pas, et cette question de déménagement en est une que je discute sans cesse avec mon âme.

« Dis-moi, mon âme, pauvre âme refroidie, que penserais-tu d’habiter Lisbonne ? Il doit y faire chaud, et tu t’y ragaillardirais comme un lézard. Cette ville est au bord de l’eau. ; on dit qu’elle est bâtie en marbre, et que le peuple y a une telle haine du végétal, qu’il arrache tous les arbres. Voilà un paysage selon ton goût ; un paysage fait avec la lumière et le minéral, et le liquide pour les réfléchir ! »

Mon âme ne répond pas.
« Puisque tu aimes tant le repos, avec le spectacle du mouvement, veux-tu venir habiter la Hollande, cette terre béatifiante ? Peut-être te divertiras-tu dans cette contrée dont tu as souvent admiré l’image dans les musées. Que penserais-tu de Rotterdam, toi qui aimes les forêts de mâts, et les navires amarrés au pied des maisons ? »

Mon âme reste muette.
« Batavia te sourirait peut-être davantage ?  Nous y trouverions d’ailleurs l’esprit de l’Europe marié à la beauté tropicale. »

Pas un mot. – Mon âme serait-elle morte ?

« En es-tu donc venue à ce point d’engourdissement que tu ne te plaises que dans ton mal ? S’il en est ainsi, fuyons vers les pays qui sont les analogies de la Mort. – Je tiens notre affaire, pauvre âme ! Nous ferons nos malles pour Tornéa. Allons plus loin encore, à l’extrême bout de la Baltique ; encore plus loin de la vie, si c’est possible ; installons-nous au pôle. Là le soleil ne frise qu’obliquement la terre, et les lentes alternatives de la lumière et de la nuit suppriment la variété et augmentent la monotonie, cette moitié du néant. Là, nous pourrons prendre de longs bains de ténèbres, cependant que, pour nous divertir, les aurores boréales nous enverront de temps en temps leurs gerbes roses, comme des reflets d’un feu d’artifice de l’Enfer ! »

Enfin, mon âme fait explosion, et sagement elle me crie : « N’importe où ! n’importe où ! pourvu que ce soit hors de ce monde ! »

 

 

Commentaires

Hello Kat,
Ouh la, mon com sera le premier, je dois donc réunir mes qlq neurones pour écrire un truc un peu cohérent et compréhensible pour d'autres que moi. Pas simple, concentration, top départ...
Combien même ce monde ne nous convient pas, combien même notre condition ne nous convient pas, nous ne pouvons nous en échapper.
On peut se révolter, se vanter d'être différent, proposer d'autres alternatives, militer, se réfugier ds la solitude, ds l'art, l'intellect, créer un groupe d'apparentés, faire une bande à soi tout seul, crier haut et fort je vous emmerde......... Il n'empèche : il est impossible d'être hors de ce monde. Pourquoi ? Parcequeuuuuuuu ohhh.
Vouloir être hors de ce monde, c'est la preuve évidente qu'on y est. On ne tente pas d'échapper à ce qui n'est pas.
Pfoufff, vais essayer de ne pas m'enliser plus...
Tout est imbriqué, tout agit sur tout, même la pensée (ce que je pense, je le pense en fonction de ce qui m'ait donné à penser). Aieeeeee, c'est encore pire.
En imaginant que je veuille me mettre totalement hors de ce monde, et que la capacité de me transformer en...végétal me soit offerte. Ben je fais tjs partie intégrante de ce monde lorsqu'un chien lève la patte sur moi, qu'un pied me foule, qu'un mégot incandescent me brûle, qu'un pompier m'asperge, que le soleil me réchauffe, que le gros popotin d'une charmante dame voit en moi un coussin confortable, que la pollution humaine et le trou ds la couche d'ozone......
Ouinnnnnnnnnnnn, je m'en sortirai pas....
Du livre de Kundera "La vie est ailleurs", je n'ai aimé que le titre. Parceque je me suis demandé si ma vie pourrait être ailleurs, à une période de mon existence où je ne voyais d'autre solution que la fuite.
Partir. Où, pour faire quoi, qu'est-ce que je trouverai de plus qui me sera salutaire, et quand mes poches seront vides je mangerai quoi et je dormirai où (un chouilla matérialiste là) ?
On peut toujours essayer de fuir, nos démons ne nous quittent pas, les démons de ce monde non plus, quelle que soit la distance géographique ou psychique que l'on tente de mettre.
Nous n'avons d'autres choix que d'essayer de faire au mieux avec ce que nous avons. Oh c'est profond cette phrase, honte à moi......
Ce que j'essaie de dire (note: trouver un synonyme du verbe essayer) c'est que la meilleure façon de vivre (d'être heureuuuu ouille j'aime pas ce mot) est peut-être de trouver des compromis.
Se rapprocher au plus près de ses idéaux, de ses croyances, de ses valeurs (une façon de se mettre hors de ce monde) tout en continuant à vivre ds ce monde (en en souffrant le moins possible).
Ex perso : en choisissant de vivre la nuit (outre le fait que pour un insomniaque c'est plus commode) je vois moins de monde, donc moins de crétins-qui-m'énervent, et moins de stress. En contrepartie, j'ai moins de choix pour les gens que je rencontre, et ceux que j'aime sont plus difficiles à voir parcequ'eux vivent le jour. Mais comme je ne suis pas hors de ce monde (volontairement ou non), il y a internet, les mails et les coms qui eux se moquent des horaires.
Arrrrrgg, même cet exemple il est nul........
Bref, moi je fuis ce monde à ma façon : je vis la nuit, je ne m'oblige pas à fréquenter des gens qui ne m'interessent pas, je vis au plus près de mes idéaux, j'ai bonne conscience, je m'autorise à critiquer ce qui me déplait parceque j'ai des arguments pour me justifier, je m'autorise à "créer" (dessins, peinture, écriture) parceque ça m'est agréable et que c'est pas parcequ'on a pas de talent qu'on doit se censurer, et je me fous de passer pour une extra-terrestre bizarroïde.
Bon, j'abandonne la partie, je ne pourrai pas faire mieux sur ce coup, le démon du peux pas être claire-concise-compréhensible-interressante semble ne pas vouloir me lacher.
Bises à kat et Sam, bon jeudi à tous, moi je vais me coucher.
Je ne signe pas mon com, je le trouve trop nul...

Écrit par : Tommie | 30/11/2006

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