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04/01/2007

3615 code ta vie le retour!!

Alors là, c’est encore plus 3615 code ta vie que la dernière fois, quand j’avais osé parler de mon amie d’enfance !!!

Tant pis ! Le commentaire que j’ai posté ce matin sous la note « Il fait un temps à … regarder Thiéfaine ! » m’a laissée sur ma faim. J’avais envie d’en dire plus. De toute façon, il est vrai que je n’ai jamais réellement raconté comment j’avais « usiné » ma « rencontre » avec Hubert ! Alors je me jette à l’eau ce soir !

En fait, Thiéfaine, beaucoup de gens ont essayé de m’en mettre entre les oreilles ! En troisième, j’avais deux profs qui, régulièrement, m’initiaient à la musique qu’ils écoutaient. C’est ainsi que j’ai découvert Lavilliers, Charlélie Couture, Jean Guidoni. Un jour, mon prof de maths se pointe avec, si je me souviens bien, deux CD de Thiéfaine. Je me vois encore les mettre dans la chaîne, t’écouter ça à la hâte et dire « bof ». Le lendemain, je lui rendais ses CD, sans autre forme de procès !!

En terminale, une de mes camarades de classe arrive un jour avec le texte de « Demain les kids » et me dit : « Je suis sûre que tu adorerais Thiéfaine. Lis ça ! » Je lis, je dis qu’effectivement, le texte est très beau, mais que ce n’est pas la peine d’insister, j’ai déjà essayé, non merci.

Puis, vient l’été 91, qui va être l’explosion dans ma vie ! De fille toute sage, je me transforme soudain en adolescente délurée !!! L’effet de la philo, sans doute ! La prof a dit que cela serait une révolution dans nos vies, ces cours-là. Ben, moi, je la tiens, ma révolution ! En juin, je craque littéralement pour un garçon marginal, tatoué et « joyeux fêtard ». Bref, le type même du gendre idéal ! Mes parents ne s’y trompent pas, ils flairent illico le truc louche, me font des scènes pas possibles ! Pour voir Sylvain, je suis obligée d’échafauder régulièrement des plans avec l’amie Christelle ! D’ailleurs, c’est comme ça que je me ferai choper un jour, je ne sais plus comment !

Bref… C’est ce qu’on peut appeler, je crois, l’amour fou ! Je suis tellement branchée Sylvain que je fais des rêves prémonitoires le concernant. Je sens sa présence tout le temps, n’en déplaise à mes parents !

Sylvain écoute Gainsbourg et … Thiéfaine. Souvent, quand il vient me voir dans sa caisse pourrie (mais alors vraiment pourrie : maintenant que je suis mère, je comprends par quelles angoisses mes parents ont pu passer quand ils voyaient débarquer ce type louftingue dans sa vieille guimbarde !), il écoute Thiéfaine. Il essaie de m’initier un peu à cet univers. Je reste hermétique. Sylvain me fredonne régulièrement « On s’est aimés dans les maïs,

T’en souviens-tu mon Anaïs ? », mais la mayonnaise ne prend pas !!

Et puis, le temps passe sur cet amour-là, je m’use à courir après des chimères : Sylvain fait connerie sur connerie, je dois régulièrement aller le récupérer ivre mort, dans des bars de rase campagne. Je finis par comprendre que papa et maman avaient peut-être raison quand ils essayaient de me faire entendre … raison. Un beau jour de septembre 92, je capitule. J’en ai trop vu. Cette fois, je me tire ! Mais j’ai le cœur ravagé car, vraiment, je ne sais pas, mais ce type avait quelque chose que les autres n’avaient pas… En ce mois de septembre 92, toujours, il continue à me hanter à longueur de temps. Je traîne encore avec ses copains, pour essayer  de savoir où il en est… Et, par un soir de déprime totale, le meilleur ami de Sylvain m’emmène à une fête à environ trente kilomètres de chez moi. Il me dit : « On va s’écouter Thiéfaine ». Le concert 83. On écoute cela religieusement ! Oui, du Thiéfaine, religieusement, j’ai bien dit religieusement ! Et, tout à coup, il y a cette phrase… Qui s’imprime tout de suite dans mon esprit et qui parle à ma déglingue… « Tu voudrais qu’il y ait des ascenseurs au fond des précipices ». C’est marrant, mais c’est comme qui dirait un peu ce que je ressens. Si un ascenseur se pointait là, au beau milieu de la mistoufle, ce serait pas de refus ! Je continue à écouter le père Hubert. On va à la fameuse fête. Au retour, nous écoutons de nouveau Thiéfaine. Avant de regagner mes pénates, je dis au meilleur ami de Sylvain : « Tu me files la cassette, s’il te plaît ? » Le lendemain, je m’écoute cela en boucle. Le surlendemain, je fonce en ville acheter, avec toutes mes économies, je ne sais combien d’albums d’Hubert. En cassettes, pour que ce soit moins cher et que je puisse en avoir plus en une fois ! C’est ce qui explique que j’aie, maintenant que je me suis embourgeoisée, plein d’albums à la fois en CD et en cassette ! Et, d’ailleurs, j’y pense : le concert 83, je ne l’ai jamais rendu à son propriétaire. Je ne me le pardonne pas. Si on avait osé me faire un truc pareil, j’en trépignerais encore de rage trente ans plus tard ! Bref…

« Toi tu vis ta vie d’alcoolique entre ces quatre murs lamentables »… « Elle m’envoie des cartes postales de son asile m’annonçant la nouvelle de son dernier combat »… Tout y est. J’ai l’impression que ce Thiéfaine a l’art de se frayer un petit chemin jusqu’au tréfonds de mon âme...

C’est avec lui que je vais mettre du mercurochrome sur mes plaies ! Pendant très longtemps, j’aurai le sentiment de retrouver Sylvain dans chaque chanson…

Quinze ans ont passé sur cette histoire. A présent, quand j’écoute tel ou tel morceau, je ne pense plus précisément à Sylvain, mais à deux ou trois bricoles auxquelles je tiens comme à la prunelle de mes yeux : le souvenir de la première fois où mon cœur s’est vraiment ouvert à quelqu’un d’autre, un bout de ma jeunesse qui, comme le temps du lilas, a foutu le camp, et merde ! Alors, au Zénith, si j’ai chialé comme une dingue sur « Mathématiques souterraines », c’est parce qu’il y avait un petit mélange de tout cela qui remontait…

 

Et vous, la première fois avec Hubert, c'était dans quelles circonstances, si je puis me permettre?!!!

Commentaires

ben moi je vais te décevoir, Cath, car c'était tout simple et moins 'romantique'! Une vague copine avait prononcé le nom de ce chanteur que je ne connaissais pas, du coup j'ai acheté 'Tout corps vivant...' (sans connaître!) et là, le choc... J'ai adoré, alors j'ai acheté les autres vynils et j'ai foncé le voir en concert à Dijon dès qu'il est passé, j'étais au 1er rang, et j'étais quasi en transe...
ça fait 20 ans cette année.

Écrit par : soph | 05/01/2007

Ben moi ça s'est passé en 1983 ou 84, j'avais 13 ans. Je savais que la fille du coupeur de joint version 83 était traditionnellement la chanson de clotûre de tous les bals du foyer des jeunes du village. Et puis il y avait les amis de ma soeur tellement étranges, rippes longues qui roulaient en 4L, 2CV ou Simca 1000. Ils connaissaient Thiéfaine depuis 77 ou 78 déjà.
L'un d'entre eux passait sa soirée à écrire sur les nappes en papier des tables. Un style philosophique, poétique parfois. Un texte condensé de 4 ou 5 mètres de long à la fin de la soirée.
Je m'étais donc enregistré une K7 du concert 83 piqué à ma soeur. Ce fut la révélation qui expliqua mon ressenti, mon mal-être du moment : "La solitude n'est plus une maladie honteuse".
J'ai fait écouter à l'un de mes copains du collège.
Il avait un peu accroché, croyant que "Exit to chatagoune-goune" était une déclinaison du verbe anglais "to chat".
Et puis quelques mois plus tard, coup de massue. Le chanteur que je venais à peine de découvrir venait de mourir d'une overdose d'après un copain qui avait vu les infos à la télé. Je me suis précipité chez le disquaire, ai acheté les 33T de dernières balises, soleil cherche futur, tout corps et autorisation de délirer pour soulager ma peine. Je les ai écoutés en boucle, religieusement, seul, pour faire mon deuil de cet artiste que je n'avais pas eu le temps de découvrir. Et puis est arrivé Alambic/sortie sud, le concert à la patinoire de Bordeaux en novembre 85, durant lequel j'ai pû constater que mon artiste préféré était bel et bien vivant tandis que mon groupe de rock favori (The Police) était sur le point de se séparer.

Écrit par : Arnaud | 05/01/2007

Mais non, Soph, tu ne me déçois pas, voyons!
Arnaud, tu écris que la phrase "La solitude n'est plus une maladie honteuse" résumait bien ton mal-être de l'époque, moi c'était donc "Tu voudrais qu'il y ait des ascenseurs au fond des précipices". Souvent, on puise du courage dans les textes de Thiéfaine : le fait qu'il soit parfois allé très loin dans la description du désespoir n'est pas forcément effrayant. Au contraire, c'est même rassurant de savoir que quelqu'un d'autre a pu éprouver des sentiments assez proches des nôtres, finalement...

Écrit par : Katell | 05/01/2007

Bon, à mon tour de me lancer (aie aie aie).
J'étais en 3e (84?), et amoureuse d'un gentil bidasse qui faisait du judo ds le même club que moi. Quand l'heure de la quille sonna et son retour ds l'Oise avec, il (Stéphane) m'offrit la k7 du live, celle avec le clap de cinéma. Il avait dû beaucoup l'écouter déjà car elle avait bien morflé. Je n'ai absoluement rien compris !!!
Il faut dire, à ma décharge, que je vivais ds un univers où règnaient l'ignorance, l'isolement, la dictature, le sadisme, la dépression...bref, le milieu idéal pour qu'un ado ne puisse même pas faire sa crise de rébellion...
Mais il me semblait que ce type au drôle de nom me parlait. Je choppais des mots, par ci par là, des ambiances, une musique étrange, mais je restais incapable d'en saisir le sens. J'étais bien trop étouffée par le reste. Ca a duré des années, avec Balavoine pour seul compagnon.
Puis, à mesure que mon champs de vision et de compréhension s'est élargit (les études puis le boulot, la confrontation avec le vrai monde et les vrais autres, ma propre prise de conscience même si elle se fit ds la douleur et les excès en tous genres...), j'ai fini par comprendre de quoi il s'agissait, en gros. J'ai donc acheté tout ce qui se trouvait sur le marché. C'était vers 96.
NB : pardon pour les dates approximatives, mais il est des substances et des chocs qu'on encaisse, qui vous laissent avec des mégas trous de mémoire ...
Autour de moi, personne n'adhérait à Thiéfaine, et je vécus cette re-découverte comme un aveugle, en tatonnant. Une lente initiation, sans tutorat, avec seulement mon vécu, mes maigres connaissances et mes souffrances.
En 98 il y eu Bercy. Je crevais d'envie d'y aller (des copines m'avaient emmenée voir Aubert à l'Olympia et j'y avais découvert la magie des concerts). Mais j'étais seule et bourrée de phobies, et Paname c'était presque la Chine. Ca m'a tripatouillé les entrailles cette idée, et puis j'ai fait le premier pas : j'ai acheté mon billet ! Désormais je devrai me préparer à faire le grand saut ds l'arène de Bercy. Que d'angoisses et d'organisation. Mais qui peut comprendre ce que cela représentait pour qlqu'un comme moi. Si vous saviez...
Et j'ai donc relevé ce défi, avec brio je crois. Et j'ai vécu là le moment le plus "constructif" de ma vie. Ce jour là je suis née, et le vrai travail pouvait commencer, qui prendrait des années, et ne s'arrêterait jamais.
Je crois que Kat et JPADPS, qui ont lu le billet que j'ai écrit sur Bercy sur mon blog, peuvent un peu appréhender ce que Hubert et ce 11/12/98 ont changé dans ma vie.
Pour conclure : merci Stéphane, et si tu te balades sur la toile et te reconnais, contacte-moi (Stéph. P. bidasse à Montargis vers 94, qui allait évacuer ses coups de blues au bord de l'Oise...).
Voilà, c'est pas mirobolant ce récit, mais il y a tant de choses indisibles sur un blog où finalement personne ne me connait (le prend pas mal Kat, surtout que c'est grace à toi et à cabaret que j'ai encore découvert " d'autres routes" ).

Écrit par : Tommie | 07/01/2007

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