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14/05/2007

Adieu Gary Cooper

La pensée du jour : "Je songe, attristé, à tout ce que j'aurai ignoré de toi", Louis CALAFERTE.

Voici un extrait des entretiens de Romain Gary et d'André Bourin. Ici, Gary évoque son roman Adieu Gary Cooper

"André Bourin : Le titre, d’abord, surprend. Peut-être d’abord à cause du mot « Gary ».

 

Romain Gary : C’est vraiment une coïncidence absolue. (…) Adieu Gary Cooper. Pourquoi ce titre ? (…) C’est que Gary Cooper représente une Amérique qui est toujours, aujourd’hui, en voie de disparition. C’est une Amérique des certitudes. Gary Cooper était ce héros sans peur et sans reproche qui triomphait toujours des méchants et des vilains, qui était sûr de sa cause. C’est la justice, avec lui, qui triomphait à la fin. Il y avait presque toujours le happy end, du moment que la justice triomphait. Eh bien, cette Amérique-là, c’est fini. (…) C’était une Amérique qui était sûre d’elle-même. Or, aujourd’hui, c’est terminé. Adieu Gary Cooper, l’Amérique a rejoint la vieille Europe dans l’angoisse, dans l’interpellation, dans le doute, dans le cynisme, dans le désarroi qui, jusqu’à présent, étaient la prérogative, si je puis dire, la spécialité européenne, alors qu’en Amérique il y avait ce qu’on appelait « the american dream », cette espèce d’idéalisme qui donnait aux Américains une très grande certitude pour le rôle qu’ils représentaient dans le monde. Mais depuis le Vietnam, ils étaient partis croyant que, et puis ils se sont aperçu qu’ils s’étaient trompés de guerre, qu’ils s’étaient trompés d’idéal et que c’était ce qu’on appelle une sale guerre. C’était la première fois que l’Amérique connaissait une sale guerre. Elle était si peu préparée à ça parce que le passage du rêve américain à la sale guerre du Vietnam qui dure depuis tant d’années a profondément ébranlé la jeunesse américaine et mon héros, dans Adieu Gary Cooper, Lenny, qui porte dans sa poche la photo de Gary Cooper dédicacée lorsqu’il avait onze ans, il voulait lui aussi être shérif et cow-boy.

Eh bien, cette Amérique-là est terminée et le jeune héros, Lenny, a d’ailleurs fui l’Amérique à cause du Vietnam.

 

André Bourin : Il vit en Suisse.

 

Romain Gary : Pour ne pas être mobilisé, il vit en Suisse. C’est un déserteur, c’est un insoumis."

 

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