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05/12/2007

Strindberg (suite)

1bb5a3036b57593fdba0ae4986f2e47d.jpg A Berlin, Strindberg aurait dû mettre à profit les succès qu’il ne tarda pas à remporter (Les Créanciers furent représentés 70 fois au Residenztheater). Mais ses nerfs détraqués lui jouaient sans cesse de mauvais tours ; il se brouilla avec tous ceux qui lui voulaient du bien.  Sa vie privée était agitée. Il affectait de mépriser le naturalisme (encore en honneur en Allemagne, le naturalisme semblait déjà dépassé en Suède). Strindberg se considérait alors plutôt comme un savant voulant consacrer le meilleur de son temps à « l’hyperchimie ». Il courtisa une journaliste autrichienne de 21 ans, Frida Uhl, qu’il épousa à Helgoland pendant l’été 1893. Le nouveau couple ne tarda pas à connaître diverses difficultés. Strindberg s’emporta parce que sa femme, malgré ses interdictions, eut l’audace de lire Le Plaidoyer d’un fou. Il rendit visite à ses beaux-parents en Autriche, mais eut tôt fait de se brouiller avec le père de Frida ; il saisit la première occasion pour quitter la maison de famille. D’ailleurs les embarras d’argent empoisonnaient une fois de plus son existence. On trouve dans le drame Le Chemin de Damas l’écho de ses nombreuses tribulations. En août 1894, Strindberg vint s’installer à Paris. Sa femme le rejoignit en septembre, mais le quitta définitivement en novembre. L’union de Strindberg et de Frida ne devait être dissoute par le divorce qu’en 1897.

Pendant son séjour, Strindberg multiplia les efforts pour « conquérir Paris ». Afin de punir sa patrie qui le méconnaissait, il souhaitait devenir écrivain français ; c’était en français qu’il avait déjà rédigé naguère plusieurs mémoires scientifiques, puis l’ébauche du Plaidoyer d’un fou (plus tard mise au point par Georges Loiseau) ; il avait traduit lui-même Père et Créanciers en français ; de même il écrira Inferno en français. Au théâtre de l’œuvre, Lugné-Poe fit triompher Créanciers, qui frappa la critique française plus que ne l’avaient fait Père ou même Mademoiselle Julie. Strindberg fit surtout sensation quand il publia de bruyants articles antiféministes, et il se trouva bientôt au centre de vives polémiques, auxquelles prit part G. Clémenceau lui-même.  Strindberg continua à s’occuper d’hyperchimie et même d’occultisme. Cependant il ne réussit pas à s’imposer et sa notoriété s’estompa d’autant plus rapidement qu’il fut bientôt trahi par son état de santé. Il fut admis à l’hôpital Saint-Louis, souffrant d’une maladie de peau qui l’inquiétait (peut-être un psoriasis). En tout cas, Strindberg, dont l’existence avait déjà été troublée par une grave crise mentale au temps du procès de Mariés, traversa bientôt une période de redoutables malaises psychiques que l’on a désignés sous le nom de crise d’Inferno, car il en a consigné les épisodes les plus marquants dans son terrible et magnifique récit autobiographique. Ces crises, qui durèrent de juillet 1894 à novembre 1896, se présentent toutes à peu près de la même manière : le poète est d’abord saisi d’une vive agitation, le délire de la persécution l’habite, il menace de se suicider ; puis c’est la rupture violente avec le milieu ; Strindberg s’enfuit alors dans une nouvelle résidence, dont il ne communique pas l’adresse à ses proches. Enfin, ce fut le retour au calme. Mais la guérison plus complète ne survint qu’à Lund, petite ville universitaire du sud de la Suède, où des amis sûrs entouraient l’écrivain, qui trouva dans la lecture du mystique Swedenborg le réconfort, comme aussi l’explication de ses misères. Volontiers, il s’identifiait avec ce penseur, comme naguère il s’était identifié avec Kierkegaard, au temps où mûrissait Maître Olof.

 

 à suivre...

 

 

 

La pensée du jour : "L'amour meurt

Comme meurent les fleurs

L'amour meurt

Comme mentent les gens

L'amour va 

Comme vont les rivières", Léo FERRE. 

Commentaires

L'amour c'est comme le vent,
Un jour il souffle bon train
Le lendemain il s'éteint...

Un peu comme à la cadence des vagues...

Écrit par : karen | 06/12/2007

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