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11/02/2008

Enivrez-vous

ead9a9a68866dd89128349db7b333ea5.jpgUn texte de Baudelaire que j'aime particulièrement...

 

Enivrez-vous

 

Il faut être toujours ivre. Tout est là : c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. mais enivrez-vous.
Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est; et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront : "Il est l'heure de s'enivrer ! Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous; enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise".

Commentaires

Longtemps ce poéme a retenti en moi comme un sillon qu'il fallait suivre et une philosophie de vie à appliquer afin de déserter les démons lancinants du "rien qui s'appelait quotidien".Je ne me sentais pas trés doué pour la vie et je m'identifiai souvent à cet albatros dont les ailes de géants l'empéchait de voler...(voir "l albatros" du meme auteur et le splendide "syndrome Albatros" de HFT.
Aujourd'hui que ma raison tangue plutot sur les eaux apaisés d'une sagesse -somme toute aléatoire- due surtout (je pense)à la proximité des rivages d'une vieillesse inéluctable, je ressens ce poéme de Baudelaire comme une formidable ode à la Vie.D'une fuite à connotation auto-destructice et suicidaire (lors des matins bleus de ma solitaire jeunesse tourmentée), au fil de ma réconciliation avec la Vie,ce poéme a pris la dimension d'un élan qui m'a permis des découvertes et des rencontres toujours plus... enivrantes.
Et ce qui parait assez singulier et troublant ,c'est de constater la force que l'on peut puiser de ces écrits d'un de nos poétes le plus déséspéré qui soit...magie,alchimie des mots ou/et des maux qui débouche sur une "universalité" finalement bien rassurante
Amicalement

Écrit par : alfana | 11/02/2008

Très beau commentaire, Alfana ! Moi aussi, à une époque, et même encore maintenant en cas de haute contrariété, je puise des forces dans la poésie de Baudelaire. C'est pourtant assez sombre, en effet, comme certaines chansons de Thiéfaine, et, loin de me ramener à mes impasses, ces textes tristes m'aident à tenir debout et me montrent que je ne suis pas tout à fait seule. Enfin, comme tu l'écris, avec le temps, on est plus apaisé. Mais ne faut-il pas y voir un signe de résignation? C'est ce que je me demande toujours... D'où l'intérêt de ne pas lâcher les textes qui nous ont construits quand on était jeunes, non? Cela permet de renouer un peu avec celui qu'on a été, de ne pas le perdre totalement de vue, de ne pas oublier ses idéaux. Pour ma part, de toute façon, je me sens mieux à trente ans et des brouettes (de plus en plus de brouettes, d'ailleurs !) qu'à vingt ans. Je ne sais pas si ma réponse est vraiment très claire !! En tout cas, je me sens proche de tes conceptions.

Écrit par : Katell | 11/02/2008

ta réponse est claire Katell mais j'aimerai plus particuliérement rebondir sur l'aspect "résignation" dont tu fais allusion...en effet je pense pour ce qui me concerne que la notion de résignation par rapport à d'éventuels idéaux m'est assez étrangére car je reste un profond nihiliste au fond de moi..."les idéalistes sont des fils de p...qui trouvent que ce monde n'est pas assez bien pour eux" HFT citait cette phrase dans "défloration13" et je partage bien cette vue...de plus l'adolescence et son cortége d'exaltation romantique ne représente pas pour moi une période de nostalgie ou j'aime me vautrer avec délice et déléctation...non, ce serait plutot du masochisme...sincérement je me préfére maintenant avec mes contradictions,mes paradoxes,mes culpabilités et je m'interroge de façon plus profonde,moins superficielle et égoiste, et en augmentant chaque jour ma dose de révolte et d'indignation devant ce monde dans lequel mes enfants devront bien évoluer malgré tout...
mais en fait ce que j'aime c'est l'idée d'optimisme dans le désespoir d'où mon attachement à la poésie de Thiéfaine...dénoncer les vilénies les plus condamnables de l'humanité avec "l'affreux rire de l'idiot" feignant une joie des plus incongrues et donc interlopes...ces contrastes me plaisent.Tout ça pour expliquer que l'apaisement ne me parait pas seulement lié à l'évaporation d'effluves "sanguines" d'une jeunesse jadis bouillonnante mais plutot au constat suivant :ne pas se prendre trop au sérieux car la Vie est finalement notre seul vrai luxe ici bas...la vie ne vaut rien mais rien ne vaut la vie (Camus)
Et puis n'as-tu pas remarqué que de Rimbaud à Baudelaire,en passant par Thiéfaine évidemment tous ont manifesté du fond de leur detresse une immense boulimie d'expériences,d'appétits bref une soif encore plus accentuée de vivre "encore plus ivre de cramer..." des maudits magnifiques au caractére de gagnant...ce qui est bien résumé dans cette adage d'un écrivain dont j'ai oublié le nom "il faut vivre comme l'on pense sinon on finira par penser comme on a vécu..."
Salut.

Écrit par : alfana | 12/02/2008

Résignation ? ou lassitude de la vie ?
Très beau texte en effet, mais peut-on toujours suivre ces précepts...

Écrit par : Tommie | 10/03/2008

Les commentaires sont fermés.