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04/01/2009

Méthode de dissection : place à "Soleil cherche futur"

La pensée du jour : "Ecrire, c'est se découvrir hémophile, saigner de l'encre à la première écorchure". Christian BOBIN.

 

 

Année de parution : 1982

 

Titres :

Soleil cherche futur

Lorelei Sebasto Cha

Autoroutes jeudi d'automne

Ad orgasmum aeternum

Les dingues et les paumés

Exit to chatagoune-goune

Rock joyeux

Solexine et ganja

 

Pochette : On reste un peu dans la même veine que sur « Dernières balises avant mutation ». Toujours cette confrontation de l'enfance avec un univers trash. Le décor : une espèce d'usine désaffectée, comme on en voit beaucoup par chez nous, d'ailleurs, notamment en Moselle. L'endroit me fait également penser à la Rockhal, salle de concert luxembourgeoise plantée dans un décor assez atypique (une usine désaffectée justement). C'est dans cette salle que je vis Hubert pour la première fois à l'occasion de la tournée « Scandale mélancolique », moment magique de retrouvailles avec l'artiste et découverte de son équipe de musiciens, ainsi que de l'habillage scène des morceaux choisis...

 

Les phrases morceaux d'anthologie (à mes yeux, s'entend) :

« Et moi je reste assis les poumons dans la sciure

à filer mes temps morts à la mélancolie ».

 

« C'est depuis le début du monde

que l'homme s'est déchiré ».

 

« Les monstres galactiques projettent nos bégaiements

Sur les murs de la sphère où nous rêvons d'amour ».

 

« Et je te dis reviens maintenant c'est mon tour

de t'offrir le voyage pour les Galapagos

et je te dis reviens on s'en va mon amour

recoller du soleil sur nos ailes d'albatros ».

 

« Il est bientôt minuit mais je fais beaucoup plus jeune » (à noter, dans ces « Mathématiques souterraines n°2 », le parallèle avec « Mathématiques souterraines » tout court : « Il est minuit sur ma fréquence et j'ai mal aux globules »).

 

En fait, pour moi, toute la chanson « Autoroutes jeudi d'automne » est un morceau d'anthologie !

 

D'ailleurs, que de chefs-d'oeuvre sur cet album ! On continue avec « Ad orgasmum aeternum », que je trouve magnifique, entre « Je reviendrai comme un vieux junkie m'écrouler dans ton alchimie » et

« Je reviendrai comme un vieux paria me déchirer dans ton karma ». Mais aussi : « Je reviendrai narguer tes dieux

déguisé en voleur de feu

et crever d'un dernier amour

le foie bouffé par tes vautours ».

 

Vient ensuite LA chanson, j'ai nommé « Les dingues et les paumés », oeuvre magistrale et centrale dans le grand laboratoire thiéfainien. Là encore, il faudrait citer l'intégralité des paroles ! « La solitude n'est plus une maladie honteuse » : j'en connais plus d'un à qui cette phrase a dit des choses intimes, n'est-ce pas ? En moi aussi, elle avait fait tilt en 1992, année de du choc Thiéfaine pour moi. J'aime particulièrement la version live 83. C'est justement la chanson « Les dingues et les paumés » qui ouvre le bal, et j'adore cette intro durant laquelle le son monte lentement, mystérieusement, pour devenir plus rythmé.

 

« Ce soir je sors de ma poubelle

pour provoquer tes océans ».

 

« Inutile d'afficher nos scores

aux sorties des supermarchés

les dieux sont jaloux de nos corps

nous balayons l'éternité ».

 

Là encore, quel poème ! Les sonorités s'épousent divinement bien, le texte est splendide aussi.

 

« Casse-toi de mon ombre

tu fous du soleil sur mes pompes ».

 

« Et je traîne dans la galerie en grillant mes traumas ».

 

En fait, cet album fait partie de mes préférés aussi ! Et j'aurais d'ailleurs toutes les peines du monde à établir un classement dans mes préférences. De toute façon, là n'est pas la question, l'essentiel est ailleurs, n'est-ce pas ? Ce qui compte, c'est la richesse de l'oeuvre de Thiéfaine, et la façon dont elle irradie depuis si longtemps déjà dans mon quotidien. Pas un jour sans que je ne pense à un mot, une phrase, une mélodie de l'ami Hubert. Mais je m'égare !

 

Les p'tites références à l'Allemagne :

« Rue barrée à Hambourg », « Hölderlin », « Lorelei ».

Vous avez remarqué que dans chaque album, on trouve ces fameuses références à l'Allemagne ?!! Pas besoin de chercher longuement, il y en a partout, elles poussent ici et là comme de jolis champignons, ce qui est loin de me déplaire !

 

La chanson que je n'ai jamais entendue en live : « Rock joyeux ».

 

 

Commentaires

Aucun autre album ne comportant un tel taux de chefs d'oeuvre (au moins 5 sur 8), c'est sans hésitation mon album préféré.
C'est également celui qui forme, avec Dernières Balises, la moelle épinière du live 83 (dont j'avais piqué le fameux clap à ma frangine pendant que justement elle se noyait dans ses nerfs...) Quelle révélation !

Écrit par : Arnaud | 04/01/2009

Pour moi, c'est l'album n° 1.
En fait, j'ai découvert Hubert avec une K7 (offerte par un militaire dont j'étais amoureuse) de cette tournée (avec dernières balises). J'avais 15 ans, j'étais niaise à tous les niveaux et .... je n'ai rien compris aux paroles !!!

J'ai tout de même écouté cette cassette durant quelques années (jusqu'à ce qu'elle casse), parce que je ressentais là " quelque chose " qui me parlait, m'appelait... un truc bizarre quoi.
Et puis ma vie a changé, je me suis retrouvée dans le vrai monde, j'ai acheté tous les albums d'Hubert, et ma forte et salutaire addiction s'est imposée !!!!!!!!
J'en pense la même chose qu'Arnaud et toi ;-)

Écrit par : Tommie | 04/01/2009

C'est très fort ce que tu écris, ça me parle, ça réveille en moi des mélancolies adolescentes et solitaires, comme une espèce de saudade, qui reviendrait jouer son refrain après des années d'oubli, ça s'infiltre dans les pores de mon cuir, exactement comme ses mots, comme sa poésie, très burroughsienne, toujours, dans cet album.

Auroutes jeudi d'automnes, est peut-être le morceau que j'ai plus plus écouté, je me le passais en boucle, replaçant sans cesses le diamant de mon vieux vynil au même endroit...

« Ce soir je sors de ma poubelle
pour provoquer tes océans ».

J'aime beaucoup cette phrase, elle est extrêmement poétique.

Thiéfaine, mon premier morceau, c'etait "buenas noches Jo", j'avais 13 ans, ma cousine de 12 ans était accroc, et beaucoup plus mature que moi.

La vraie révélation, elle est venue à 16 ans, et là, c'est comme si j'avais été foudroyée par Jüng, Rimbaud et Burroughs en même temps.

Des mots qui rentrent, qui se faufilent au dedans, qui s'installent et qui restent, comme des possesseurs d'âmes, des mots qui coulent, qui font du bien, parce-que quand même, faut dire, Thiéfaine, ça ne m'a jamais fait déprimer, bien au contraire.

Les mots de Thiéfaine, ils m'étaient fraternels, déglingués et fragiles, mélancoliques et sourds, espiègles et forts, les mots de Thiéfaine, ils résonnaient en moi comme un truc qu'aurait été au diapason avec mon subconscient.

Bon, j'arrête, parce-que je pourrais digresser encore longtemps...

Écrit par : Bérangère | 05/01/2009

Un truc vient de me revenir, les enfants du rock, Hubert-Félix Thiéfaine, des extraits de concert ou peut-être un concert. J'étais jeune, mais c'était déjà formidable.

Écrit par : Bérangère | 05/01/2009

J'adore la pochette...
j'ai aussi decouvert Hubert avec cet album, sur une K7 copiée d'une K7 copiée... etc (aujourd'hui on appelle ça telechargement illegal...)

mais phrases, morceaux preferés :

N'est-ce pas merveilleux de se sentir piégé


C'est depuis le début du monde
Que l'homme s'est déchiré


Les monstres galactiques projettent nos bégaiements
Sur les murs de la sphère où nous rêvons d'amour


Dans cette chambre où les nuits
Durent pas plus d'un quart d'heure


Reviens jouir mon amour dans ma bouche agonie


Elle m'envoie des cartes postales de son asile
M'annonçant la nouvelle de son dernier combat


Mais je remonte mon col j'appuie sur le starter
Et je vais voir ailleurs, encore plus loin ailleurs


Il est bientôt minuit mais je fais beaucoup plus jeune


Et j'imagine le rire de toutes nos cellules mortes


Mais parfois il me reste que les violons pour pleurer


Dans cité X y a une barmaid
Qui lave mon linge entre deux raids
Si un jour elle apprend mon tilt
Au bout d'un flipp tourné trop vite
Je veux pas qu'on lui renvoie mes scores
Ni ma loterie ni mon passeport
Mais je veux qu'on lui rende ses lasers
Avec mes cendres et mes poussières
Et j'aimerais qu'elle tire la chasse d'eau
Pour que mes tripes et mon cerveau
Enfin redevenus lumière
Retournent baiser vers la mer


Je reviendrai narguer tes dieux
Déguisé en voleur de feu
Et crever d'un dernier amour
Le foie bouffé par tes vautours

La solitude n'est plus une maladie honteuse


Inutile d'afficher nos scores
Aux sorties des supermarchés
Les dieux sont jaloux de nos corps
Nous balayons l'éternité


Et lui a dit casse-toi de mon ombre
Tu fous du soleil sur mes pompes

Il en fera peut-être une vieille chanson
Une histoire d'amour à la con
Pour les décavés du boulevard
Qui se tapent une queue sur Trafalgar


Quand la bière est tirée il faut finir son pack


Et je traîne dans cette galerie où ma mère me chanta
No love today bébé my milk is gone away


J'ai fini par fumer ma carte d'identité

Si t'as peur de te mouiller retourne à ton foetus

Je suis dans l'atelier de Hieronymus Bosch
Avec les yeux drapés de lapis-lazuli


Les anges font des cauchemars au fond du paradis

Mais moi je suis mongolien chromosomes inconnus


les chansons qu'HFT a deja chantées devant moi :


Soleil cherche futur

Lorelei Sebasto Cha

Autoroutes jeudi d'automne

Ad orgasmum aeternum

Les dingues et les paumés

Exit to chatagoune-goune (enfin je croie, a la tournée bluesymental... sinon, sur le premier live)

Et sinon, ben Solexine et ganja je l'ai entendue sur le premier album live

et Rock joyeux, je ne l'ai jamais entendue ailleur que sur l'album... mais j'aimerai bien...

une petite histoire, quand nous commencions a decouvrir l'oeuvre d'hubert, ma mere un jour a table nous dit : "non mais c'est vulgaire : je bande pour toi..." nous nous sommes empressés de lui rappeler qu'elle, elle ecoutait BRASSENS et sa Fernande... je revoie sa tete en disant :"oui... c'est vrai..."

Sinon, le 713705, ben je ne l'ai pas compris tout de suite... mais alors longtemps apres, alors que sur ma petite calculette d'ecolier, je n'arretais pas de le faire...

Écrit par : 655321 | 05/01/2009

Mon cher 655321... Je l'avais compris bien avant toi ce "713705" et j'en étais très fière ! ;o)

Écrit par : petit-jour | 07/01/2009

oui bon ça va hein !!!!

Écrit par : 655321 | 07/01/2009

C'est parce qu'il n'a jamais su (même encore aujourd'hui) se servir d'une calculatrice.

Écrit par : Sam | 11/01/2009

Soleil cherche futur.Album de toutes les réussites...
Le titre déjà ,formidable trouvaille suintant de mystére et d'ésotérisme léger.A la hauteur de "Défloration" ou de "scandale mélancolique" pour l'évocation strictement esthétique.
Réussite dans la pochette déclinée en plusieurs facettes mais terriblement subversive et choquante:jeune fille junkie,coeur mis à nu (ça ne vous rappelle rien ?)seringue,éclair...représenteraient-ils les éléments d'un futur ensoleillé justement ?...
Réussite des compositions aussi maitrisees par un Claude Mairet virtuose et inspiré,en symbiose parfaite dans les arrangements musicaux avec des mots résoluments rocks et psalmodiant aussi, dans leur juxtaposition et leur sonorité propre.
Réussite dans l'inventivité d'une poésie définitivement orientée vers les bas-fonds,la zone,les tabous où la verve de Thiéfaine atteind son apothéose dans les "dingues et les paumés" qui par son timbre de voix à peine voilé nous émeut aux tripes...
Enfin réussite de cette démarche artistique si singuliére.Qui était cet énérguméne qui écumait les routes de France sans promotion,sans réels échos médiatiques mais avec un public de plus en plus nombreux et fidélisé ?
HFT c'était l'artiste ou du moins le chanteur que j'aurais aimé etre et l'album "soleil cherche futur" scella un attachement jusqu'à maintenant jamais démenti.
C'est pourquoi je concluerai par ce souhait de voir rapidement Hubert dans la rubrique "nouveautés à paraitre" de la FNAC car il commence sérieusement à manquer dans ce paysage artistique quelque peu fade et dénué d'aspérités malgré Bénabar,La Grande Sophie,Ridan,Bashung,le Boss et tant d'autres que j'oublie..
Bon courage aux grévistes...

Écrit par : alfana | 29/01/2009

J'ai découvert Thiéfaine par la chanson "les dingues et les paumés" du live 83. Cette mélodie qui se complète au fur et à mesure et qui devient de plus en plus forte.....c'est extra. Puis viennent les paroles, qui m'ensorcèlent encore !

Écrit par : jojo | 13/01/2010

c'est tout simplement le plus bel album de tous les temps, snif , il n' y aura pas 2 comme ça, ça fous les boules !

Écrit par : tieum | 14/01/2010

Album (enfin) acheté hier. Je le savoure !!!

Écrit par : aclh | 06/12/2011

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