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15/06/2009

Dans la série "Méthode de dissection " : "Chroniques bluesymentales".

La pensée du jour : "542 lunes et 7 jours environ

que je traîne ma carlingue dans ce siècle marron

542 lunes et 7 jours environ

et tu vois mon amour j'suis toujours aussi con". Hubert-Félix THIEFAINE

 

 

 

Fred06 me faisait remarquer, tout à l'heure dans un SMS, que mon blog était hanté par le calme plat depuis quelques jours. Eh oui, j'étais en sortie avec les élèves. Mais me voilà de retour, et toujours prête !

Que diriez-vous de parler ce soir de l'album « Chroniques bluesymentales » ? (Pour l'instant, je mets entre parenthèses le livre de Chapuzet car je n'ai pas réussi à en lire une seule ligne depuis mon retour. De plus, Sam me l'a piqué !).

« Chroniques bluesymentales », ah, « Chroniques bluesymentales » ! Un chef-d'oeuvre à mes yeux !

L'album s'ouvre, magnifique, sur « Demain les kids », chanson elle-même amorcée par un chant grégorien. Le texte de « Demain les kids » est splendide. « Les charognards titubent au-dessus des couveuses et croassent de lugubres et funèbres berceuses, kill the kid »...

« Dans les ruines de l'école où brûle un tableau noir

Une craie s'est brisée en écrivant espoir »...

« Demain les kids », cri de révolte devant les souffrances endurées par les enfants en ce bas monde, mais aussi mise en garde adressée aux adultes. « Attention monde adulte inutile et chagrin

demain les kids en armes demain les kids enfin » !

 

Deuxième chanson, « Pogo sur la deadline ». Alors celle-ci, je me l'écoute à fond la gomme quand j'ai besoin de me défouler. Je ne sais pas très bien qui elle vise, mais c'est sacrément bien envoyé, tout ça ! 

« Mais quand j't'ai vu marcher à côté d'tes rangers

en pleine éclipse mentale et mouillant tes pampers

j'ai sorti mes kleenex et mon mercurochrome

pour mettre un peu de couleur sur ta gueule de fantôme ».

 

« Un automne à Tanger », troisième chanson de cet album, est d'une grande puissance, d'une immense beauté. Pour moi, la force poétique du texte trouve son apogée dans ces mots :

« Les vagues mouraient blessées

à la marée sans lune

en venant féconder

le ventre des lagunes ».

J'aime aussi :

« d'ivresse en arrogance

je reste et je survis

sans doute par élégance

peut-être par courtoisie

mais j'devrais me cacher

et parler à personne

et ne plus fréquenter

les miroirs autochtones ».

J'aime aussi l'introduction dont Thiéfaine a paré cette chanson sur la tournée « Bluesymental tour ». Vous savez, le texte de Paul Bowles. Très, très fort !

 

Place ensuite à « Camera terminus ». « Enfin seuls » !

« Au pied des temples usés

des statues délabrées

le fleuve roule sa semence

limoneuse et gluante ». Décidément, ici, l'eau reste étroitement liée à l'image de la fécondité, entre les vagues qui viennent féconder le ventre des lagunes et ce fleuve qui roule sa semence ! Ce sont, allez savoir pourquoi, des images qui me parlent totalement !

 

Puis, c'est « 542 lunes et 7 jours environ ». Chanson dont il me faudrait recopier l'intégralité si je devais en extraire mes passages préférés ! J'en suis tout simplement dingue. L'harmonica, le texte, tout me botte dans cette histoire de lunes ! Là encore, quelle construction finement ciselée ! Le début plante le décor : « La terre est un macdo recouvert de ketchup », etc. Puis, un « je » pointe subitement le bout de son nez :

« J'y suis né d'une vidange de carter séminal

dans le garage intime d'une fleur sentimentale ».

Une strophe sur la naissance de ce « je », une autre sur ses sulfureuses amours, et déjà la troisième vient tout faire vaciller :

« La geisha funéraire s'tape des rassis crémeux

chaque fois que j'raye un jour d'une croix sur mon pieu ».

(...)

« Mais un jour faut partir et finir aux enchères

entre les gants stériles d'une soeur hospitalière

et je me vois déjà guignol au p'tit matin

traînant mon vieux flight-case dans le cimetière des chiens

oh meine kleine Mutter mehr Licht ! »

La voilà, la première allusion à l'Allemagne ! « Mehr Licht », ce sont les derniers mots que prononça monsieur Goethe ! Je leur ai consacré une note il y a fort longtemps déjà... « 542 lunes », très belle chanson sur le temps qui passe et nous entraîne dans sa spirale infernale. On a beau « contrôler ses viandes, surveiller ses systoles », un jour il faut partir...

 

La suite une autre fois, peut-être ? Je risque de faire trop long sinon. Vous l'aurez sûrement compris, je chéris tout particulièrement cet album ! Comme tous ceux de Thiéfaine, finalement. Chacun, à sa façon, me raconte une histoire. Parfois même, c'est la mienne, d'histoire, qui défile devant mes yeux... « Chroniques bluesymentales », c'est un des premiers albums de Thiéfaine qu'il me fut donné de découvrir. Tout de suite, j'étais tombée sous le charme de cette écriture à la fois sentimentale et trash...

 

Commentaires

Un de mes préférés également. Et ce titre : chroniques bluesymentales ... ça me colle tellement bien à la peau !!!

Écrit par : Tommie | 08/08/2009

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