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07/02/2010

"Thiéfaine en concert volume 2" (première dissection)

La pensée du jour : "Il y a quelque chose d'indécent à s'exhiber, mais au moment où vous écrivez, vous ne vous exhibez pas. Vous êtes seul avec vous-même". CIORAN.

 

Il y a eu un volume 1, voici donc le volume 2. Rien que la pochette semble vouloir donner le ton. Une photo en noir et blanc. Thiéfaine a des yeux d'hystéro là-dessus. On sent qu'on va plonger dans un univers psychédélique, sans doute un peu macabre...

Voilà un album que je me suis interdit d'écouter pendant de longues années. Il faisait ressurgir à la surface trop de sales souvenirs qui me donnaient systématiquement l'impression de me noyer... D'ailleurs, même si cette sensation n'est plus de la partie maintenant quand j'écoute ce volume 2, je ne sais pas pourquoi, quand même, toutes ces chansons si fortes me percutent toujours la tripaille !

C'est « 713705 cherche futur » qui ouvre le bal. « N'est-ce pas merveilleux de se sentir piégé ? » Piégé, on l'est dès que retentissent les premières notes de cette chanson... « Et moi je reste assis les poumons dans la sciure

à filer mes temps morts à la mélancolie », combien de fois ces mots ont-ils roulé dans ma caboche ? La mélancolie est malheureusement une façon d'être qui ne se commande pas. Se laisse parfois un peu discipliner, un peu rabattre le caquet, mais reprend toujours savamment le dessus. Salope, va ! Mélancolie, mais pourquoi donc ? Je crois que le texte de « Soleil cherche futur » livre la réponse : « C'est depuis le début du monde que l'homme s'est déchiré ». C'est ce déchirement-là que pour ma part je ne digère pas bien... Pourtant, Dieu sait si je l'ai mâché, et les Allemands ont beau dire « gut gekaut ist halb verdaut » (« bien mâché, à moitié digéré »), non, ça ne marche pas à tous les coups ! La mélancolie est elle aussi un «sport de l'extrême », me semble-t-il, elle se pratique elle aussi au bord des précipices et, comme je le dis toujours, le père Hubert la connaît si bien qu'il se permet de ne la nommer qu'en trois syllabes, comme un surnom qu'on donne à une présence familière, quotidienne : « mé-lan-co »... Ici, clin d'oeil à mon ami le Doc, avec qui j'ai longuement parlé de mélanco vendredi soir au téléphone...

« Psychanalyse du singe » (tiens, c'est marrant : avec cette espèce de dyslexie qui s'empare de moi dès que je tapote sur mon clavier d'ordinateur, je viens d'écrire « psychanalyse du signe », et je me dis que ce serait aussi une possibilité de chanson, ça, tiens, moi qui crois connement aux signes et les analyse à longueur de temps ! J'aime bien « Psychanalyse du singe ». Je l'aime en live comme en studio, précédée de cette si belle phrase assassine : « Si j'étais Dieu, j'croirais pas en moi » !

Ensuite, c'est « Whiskeuses images again ». Qu'est-ce que je les aime, ces images-là ! Tout à l'heure, l'ami Hubert se retrouvait comme « une poule devant un mégot », le voici cette fois « comme un pou dans une cage en feu », à « télégraphier son code foireux ». C'est sur cette version live que Thiéfaine dit « Übermensch ou underdog man ? ». Si, si, écoutez bien, juste après le coup du porte-manteaux. Un rythme bien balancé pour cette chanson qui nous raconte les errances d'un drôle de type qui quitte sa caverne pour voir « si l'on danse en éveil dans les particules du soleil ». Un type qui « traîne une vieille caisse marquée fragile »...

Puis, c'est « au nom du père, au nom du vice, au nom des rades et des mégots » et son rythme très particulier. Tiens, encore une histoire de mélancos, au pluriel, cette fois : « je glisse dans la moiteur des mélancos ». Une chanson sur la picole et la drogue. Qui me faisait presque flipper quand j'étais jeune, tant l'univers qu'elle décrit m'effrayait...

Ensuite, retentissent les douces notes du « Chant du fou ». Idem, cette chanson m'impressionnait beaucoup par le passé. Et la façon dont Thiéfaine l'interprète ici accentue ce sentiment d'étrangeté. « Demain, tu verras tous ces petits alchimistes pulvériser un continent » (même que je connais quelqu'un qui croyait que cette phrase se terminait par deux adjectifs : « pulvérisés, incontinents » !!!!). « Ta tête tombe de son socle de rêves », encore des mots qui me trottent souvent dans la tête. Une chanson bien énigmatique pour moi. Jamais réussi à en percer le mystère, et peut-être que dans ces cas-là, « faut laisser faire et c'est très bien ». Qui est ce fou qui a chanté 17 fois ? Pourquoi 17 fois ? Pas une de plus, pas une de moins ?!

 

La suite dans le courant de la semaine, si vous voulez bien. Cet album me bouleverse tellement à chaque écoute qu'il me faut un peu de repos à présent... Sans doute le live qui me violente le plus...

 

Ecrit le 7 février 2010, point final posé à 19h05. Je dédie cette note à ma maman, qui posait son point final le 7 février 2009 sur une page inachevée... C'est peut-être impudique de balancer ces mots ici, pardon...

« J'me réveille déglingué

avec un casque sur le nez

et j'ai beau raccorder les fils

j'traîne une vieille caisse marquée fragile ». Fragile...

 

Commentaires

, pensées Cath

Écrit par : Le Doc. | 07/02/2010

Merci, Doc. "On the road again" quand même...
J'ai oublié : "Les monstres galactiques projettent nos bégaiements sur les murs de la sphère où nous rêvons d'amour". J'adore cette phrase !

Écrit par : Katell | 07/02/2010

Et, à propos de ma mère, comme me l'a écrit une amie dernièrement : "Die Sehnsucht bleibt wohl ein Leben lang", c'est-à-dire que la nostalgie restera sans doute présente toute ma vie... "Sehn-sucht", très beau mot allemand, d'ailleurs...

Écrit par : Katell | 07/02/2010

Excellent live , mais dommage qu'ils n'aient commercialisés que si peu de titres ...
Heureusement qu'ils ont laissé la géniale version de Taxiphonant d'un pack de Kro !
Donc pétition pour une réédition du live intégral avec Exit to chatagoune-goune !

Écrit par : loreleï2 | 07/02/2010

Ma chère Cath,

Tu t'interroges sur ce fou qui chante 17 fois et tu cherches les signes...
On peut se risquer à une interpétation d'après les cartes du tarot où le 17 est associé à la renaissance, la mutation...
Un nombre qui fait écho à mon message de ce matin et qui représente tout ce que je te souhaite...
Je pense à toi. T'embrasse, 17 fois et bien davantage.

Écrit par : Evadné | 08/02/2010

Hello Katell,

Juste une petite pensée...

Bisous.

Écrit par : RV | 08/02/2010

Merci, Evadné, pour tes paroles de réconfort. Figure-toi que j'ai longtemps eu un tarot de Marseille et que je l'ai bazardé dernièrement ! Mais ton idée me plaît. Dans le tarot, il y a souvent l'idée de mourir à soi-même, à son passé, pour repartir d'un bon pied.
En ce moment, j'écoute beaucoup un groupe allemand que j'aime bien : "Rosenstolz". Et la chanteuse demande dans une chanson : "Wann kommt die Sonne ? Kannst du nicht seh'n, dass ich tief im Schnee versink' ?" En même temps, l'album s'intitule "Die Suche geht weiter". Pour moi aussi, la quête continue...

Écrit par : Katell | 08/02/2010

Bonjour à tous,
Ce Live est très particulier pour moi car c'est le 1er concert d'Hubert auquel j'ai assisté. J'étais monté à Paris avec Alfana, j'avais 17 ans nostalgie quand tu nous tiens !! J'étais surtout monté à Paris par curiosité, je me disais : il est bizarre, ce chanteur, il a un humour particulier et fais preuve de beaucoup d'ironie et ça, ça me plait !!
Je repense souvent à la magistrale interprétation du "Chant du fou", subliminale !!
Merci TF 1 d'avoir diffusé ce concert à l'époque où TF 1 assurait !! Je l'ai en dvd !!
Ce 1er concert de l'ami Hub m'a profondément marqué, toutes les tranches d'âges étaient représentées !!!
Depuis ce fameux concert du samedi 26 octobre 1985, une admiration sans faille envers Hubert a toujours été présente ; déjà, à l'époque, je me disais, j'admire ce chanteur car les médias n'en parlent pas, il s'est fait connaître de bouche à oreille sans leur aide et là je dis chapeau (clin d'oeil au Doc !!)
Un petit bémol cependant au niveau de la qualité de l'enregistrement du CD : le son de mon point de vue me parait un peu faible mais quel plaisir de réécouter "Un vendredi 13 à 5 h" avec les riffs lancinants de Claude Mairet !! et de clôturer avec le morceau "Court-Métrage" !!
Grosses bises à toi Cath, et cordiales salutations à tous et à toutes, à bientôt Fred06

Écrit par : Fred06 | 09/02/2010

Je sais pas si j'ai le droit mais je continue de réagir à vos dissections. En clair, super live ça c'est sûr. Pis tiens puisqu'on en est dans les souvenirs, je vais vous raconté une petite histoire. J'étais un enfant, 12 ou 13 ans, et un jour je me pointe dans la chambre de mon grand frère qui écoutait de la musique et qui pour une fois tolère ma présence et me passe des super morceaux. Et puis à un moment dans une chanson, y'a un break et un mec qui dit :" A quelle heure passe le prochain bar, que j'paye une bière à mon clébard." Et là, je sais pas ce qu'il me passe par la tête,mais j'me dis illico si on a la droit de mettre "clébard" dans une chanson alors la vie commence à devenir vraiment marrante. Ma vie a changé à ce moment précis. Biensûr après je suis allé fouiller dans les disques de mon frère pour retrouver cette chanson (à 12 ans vas-y comprendre un truc qui s'appelle whiskeuses images again..) et comme je ne l'ai pas trouvé du premier coup j'ai écouté plein de disque de Thiéfaine et je suis devenu fan.
Bigre, c'est un long post, et maintenant vous connaissez mon secret...
Donc live très marqué par la période "gainsbarre" de thiéfaine, la picole est là en toile de fond... omniprésente, oppressante ou pas (auto-dérision cynique de "whiskeuses", taxiphonant oui mais d'un pack de kro, sans doute une des chansons les plus drôles de Thiéfaine pour ma part ("je crois bien que ça viens du chargeur est-ce que vous pourriez m'envoyer assez rapidement l'depanneur" ) où Thiéfaine va même prendre des petits accents du Grand Jim (la monté à la guitare c'est le riff de Roadhouse Blues!!!)
Ensuite, "autoroutes" la chanson du mec qui vient de se faire larguer par excellence, avec des images d'une beauté à couper le souffle et un soupçon "d'amusement cynique" plus facile à capter sur la tournée de "scandales"...
Une dernière chose, je sais pas si je l'ai entendu ou rêvé parce que je n'ai plus jamais retrouvé cette chanson mais il me semble que sur ce live il y avait aussi une version de Stalag tilt... non présente sur la version cd (mais il mesble qu'elle était sur la version vinyle sur la face b de court-metrage qui était en 45t avec le reste du live en 33t. Donc si vous avez des news la dessus je suis preneur.:)
La bise.

Écrit par : Boub' | 16/02/2010

Stalag-tilt a bien été interprétée au Zénith en 85.
Il y a eu 3 45 Tours à cette période , 1 vendu avec le 33 Tours : Court-Métrage /Whisqueuses images again; 1 45Tours promo Femme de Loth / Buenas noches Jo et 1 45 Tours promo Stalag-tilt /Whisqueuses images again ( mais c'est la version studio de Stalag -tilt )
Tu peux trouver les visuels des 45 Tours dans la section photo ici :
http://www.myspace.com/450756672

Écrit par : loreleï2 | 17/02/2010

Merci beaucoup pour l'info ça faisait un petit moment que ça me travaillé :)
Et merci aussi pour les fotos sur le myspace c'est marrant de le voir si jeune sur certaines, c'est rigolo.
La bise.

Écrit par : Boub' | 17/02/2010

De retour de mon escapade à Venise, je découvre vos différents commentaires. Bienvenue à toi, Boub' ! Bien sûr que tu peux mettre des tas de commentaires ici, c'est même très bien vu !!!!!!!!

Écrit par : Katell | 20/02/2010

Eh bien moi je sais qui croyait que Thiéfaine disait "pulvérisés, incontinents..." Hihihi !

Écrit par : petit-jour | 22/02/2010

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