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26/02/2010

"Comme les p'tites gouttes d'eau que j'entends tomber dehors par la fenêtre"...

La pensée du jour : "Les murs, ça n'effraie que ceux qui restent plantés devant ! Même si on s'écorche en grimpant, même si on se blesse en retombant... on se repose, on attend que le souffle revienne pour la prochaine escalade. Mais ne rien entreprendre parce que le mur semble trop haut, se dire qu'on n'y arrivera jamais, autant se flinguer". Jacques HIGELIN

 

 

Alors qu'un autre poète se déclarait, en son temps, « le ténébreux, le veuf, l'inconsolé », Jacques Higelin dit de lui-même : « Je suis le sage, le fou, le débile » (cf. « Irradié »). Oui, il a raison, il est tout cela à la fois !

Higelin, j'ai dû tomber dedans quand j'avais 19-20 ans. Oui, c'est ça, j'ai dû découvrir l'ami Jacques en même temps que je découvrais Hubert. Et ce fut aussi une révolution. Parce qu'Higelin, c'est quelqu'un aussi, hein ! C'est un éternel amoureux, qui parle de l'amour aussi bien qu'une certaine Barbara. Qui chante l'extase d'aimer dans des envolées lyriques parfois totalement saugrenues (cf. « y'a des allumettes au fond de tes yeux, des pianos à queue dans la boîte aux lettres, des pots de yaourt dans la vinaigrette et des oubliettes au fond de la cour » !!). Mais aussi la douleur d'aimer (« Je ne peux plus dire je t'aime, ne me demande pas pourquoi, trop de serpents sous les caresses trop d'amour à couteaux tirés », mais aussi : « L'amour, l'amour, l'amour est mort »... « Si loin de toi, j'ai mal, j'ai froid, j'ai peur, je n'aime que toi », « Aujourd'hui temps gris, vent contraire », « drôle de nuit de nos-talgie », etc.). Higelin, c'est quelqu'un qui chante la vie (et enchante la mienne) et se laisse volontiers bousculer par ses surprises, toujours (« la vie c'est c'qui vous tombe dessus toujours au moment où l'on n'y croit plus »). Qui sait les cueillir, les accueillir comme il se doit, ces surprises. Higelin, c'est Lettres d'amour d'un soldat de vingt ans, avec la sensibilité exacerbée du jeune homme qu'il fut. Ce sont des concerts qui nous mènent on ne sait où. C'est l'amour des enfants, tous ceux de la terre (« J'suis trop p'tit pour me prendre au sérieux, trop sérieux pour faire le jeu des grands »), des siens en particulier, évidemment (« Le 24-9-90, ma p'tite gonzesse a vu le jour dans la nuit », « J't'aime telle, telle que t'es »). C'est aussi la sublime mélancolie de « Parc Montsouris » : « Le parc Montsouris c'est le domaine où je promène mes anomalies, où j'me décrasse les antennes des mesquineries de la vie », « Je n'vis pas ma vie, je la rêve, c'est comme une maladie que j'aurais chopée tout p'tit »). Mais c'est aussi le sautillant « Tombé du ciel », le non moins sautillant « Tom Bonbadilom » (et je connais un formidable prof de musique qui apprend cette chanson à ses élèves en leur expliquant qu'il faut faire, dans sa vie, la part belle au rêve, sagesse qu'Higelin ne bouderait certainement pas, lui qui ne vit pas sa vie, mais la rêve). Higelin, c'est aussi « Ballade pour Roger », « Poil dans la main » (« poil dans la main, payé à rien foutre »), « Champagne » (« La nuit promet d'être belle », etc.), « Vague à l'âme » (« Poire William à 40 degrés »), « Aux héros de la voltige ». « Lettre à la petite amie de l'ennemi public n°1 », « Pars » (« pars, surtout ne te retourne pas »), « Amor doloroso » (oh purée, celle-là, quel bijou ! (« La mort s’en vient

L’amour s’en va

Seul sur le quai je broie du noir

Le train repart sans moi

La route est longue le temps est lourd

La nuit est blanche encore et noir le jour

Je te revois fière et sauvage ensorcelée

Pieds nus dans la poussière

T’embraser comme une flamme affolée par le vent

Et te jeter dans mes bras »).

 

Higelin, c'est un homme respectueux de son public, cela m'a toujours frappée et charmée. Quand il arrive sur scène, il prend le temps de saluer avec beaucoup de chaleur ceux qui sont venus l'applaudir.

Higelin, c'est aussi « Je suis mort, qui, qui dit mieux ? Mort le venin, coupée la rose ». C'est Trénet revisité qui tout à coup vous devient familier, presque sympathique, grâce au talent de celui qui lui rend hommage... Higelin, c'est celui qui vient juste après HFT dans mon « classement » (un brin idiot, j'en conviens).

Higelin, c'est aussi une nouvelle galette, qui est encore toute chaude, qui sort du four : « Coup de foudre », un album pour lequel je craque littéralement. Voilà !

Commentaires

Voilà encore un beau billet qui met en lumière toutes les facettes de cet immense artiste qu'est Jacques Higelin ! Encore un point commun entre nous : j'ai découvert Jacques et Hubert à la même période et ils sont depuis ce temps là dans mon panthéon, indissociables. L'ombre et la lumière. Ou plutôt le contraire d'ailleurs...

Écrit par : Evadné | 26/02/2010

Ah oui, Higelin, c'est la lumière, vraiment ! Je crois savoir que tout comme moi, tu puises des forces dans ses mots quand la vie te malmène...

Écrit par : Katell | 26/02/2010

Très beau texte. Merci Katell

Écrit par : Uther | 27/02/2010

Y'avait pas un taratata ou Thiéfaine parlait d'Higelin ou je l'ai rêvé? Cela dit les points communs sont nombreux, d'abord sur le fait qu'ils ont tous les deux essayer de faire du rock en français très rapidement. Ensuite, ce sont deux chanteurs qui tournent beaucoup et qui finalement sont plutôt rares à la télé. Et surtout ce sont sans doute les premiers à avoir écrit sur la banlieue (Higelin très en avance sur Thiéfaine pour le coup) en tout cas les premiers mecs non issus de "la cité" à avoir compris qu'il s'y passait des tas de choses et à en démasquer la poésie...

Higelin est sans doute un peu plus "conventionnel" sans doute lié au fait qu'il soit plus "parisien" que Thiéfaine, mais bon ce sont sans doute les deux meilleurs auteurs de notre époque (et c'est certainement pas la "nouvelle scène française" qui les détrônerons...)

La bise,

Écrit par : Boub' | 27/02/2010

Totalement d'accord avec vous 4. Merci Katell de dédier une petite note au grand Jacques, je pense qu'il la mérite amplement.

Je tiens à préciser que moi aussi, je l'ai découvert en cours de musique avec Tom Bonbadilom (je connais toujours la chanson par cœur d'ailleurs...). A ce propos, je vais profiter de ce message pour souligner l'importance des professeurs d'art (musique, français, dessin, langues...) dans l'éducation. C'est à l'école que j'ai appris des grands noms (peintres, écrivains, musiciens, paroliers...), et que j'en ai découvert d'autres (Céline, Higelin, Renaud pour ne citer qu'eux). Comme je disais à Katell, étudier un texte de Thiéfaine pour l'oral de français aurait probablement déclenché chez moi un orgasme... (lol)
Si beaucoup de gens écoutent de la soupe (ce que Boub' appelle la "nouvelle scène française"), regardent des navets et lisent des romans insipides, c'est peut-être parce qu'ils ne connaissent pas autre chose...

Écrit par : Hug's | 27/02/2010

C'est pas moi qui l'ai dit... lol
En fait, je ne partage pas du tout cette vision orgasmique de Thiéfaine en cours de français, même si je sais par ailleurs que c'est un fantasme très répandu notre notre "microcosme thiéfainien". Vu tous les textes "à la con" qu'on m'a forcé à lire je ne voudrais pour rien au monde que Thiéfaine se retrouve au milieu de tout ceux là, grrrr ça me fait froid dans le dos (cela dit c'est une critique assez injuste envers l'éducation nationale parce que j'y ai lu aussi des trucs très chouettes mais bon... je m'y suis fait bien ch... aussi ). :)
Finalement je pense que l'école devrait enseigner l'ennui c'est le meilleur atout pour la littérature :)

La bise,

Écrit par : Boub' | 27/02/2010

L'orgasme, c'était pour l'hyperbole ;)

L'école, chiante, je suis tout à fait d'accord. J'ai cru mourir en lisant L'assommoir (bon aller j'ose le jeu de mots bidon : L'assommoir m'a assommé). Mais à côté de ça, je regrette pas, parce que sinon je l'aurais jamais lu, et au moins je peux dire pourquoi j'aime pas. Je parlais récemment avec une amie qui elle a adoré Zola, et n'a pas accroché sur Céline, alors que moi c'est l'inverse. Si on pu avoir cette discution et ces avis, c'est grâce à l'école.
Au final, ce que j'aime, c'est l'ouverture d'esprit, c'est la découverte d'autre chose. Apprécier ce qu'on nous donne, après c'est qu'une question de goût :)

Écrit par : Hug's | 27/02/2010

Cit. :" ça me fait froid dans le dos



Ecrit par : Boub' | 27.02.2010 "

, tu voulais sans doute dire: " cela me fait dans le Doc " ;-)

Écrit par : Le Doc. | 27/02/2010

Cit. :" ça me fait froid dans le dos



Ecrit par : Boub' | 27.02.2010 "

, tu voulais sans doute dire: " cela me fait froid dans le Doc " ;-)

Écrit par : Le Doc. | 27/02/2010

Je crois que tout dépend du prof quand même. Il y a des gens qui sont assommants même quand ils proposent des trucs un peu différents à leurs élèves (genre "Je voudrais pas crever", de Vian, qu'un prof de français nous mit au programme en 3ème) et d'autres qui savent vous faire accrocher à un truc en vieux français ! Evidemment, je prends la défense de l'école. Tout en pensant quand même qu'elle est très perfectible. Et en me référant souvent à Renaud : "L'essentiel à nous apprendre c'est l'amour des livres qui fait qu'tu peux voyager d'ta chambre autour de l'humanité, c'est l'amour de ton prochain même si c'est un beau salaud, la haine ça n'apporte rien, pis elle viendra bien assez tôt" ! Un de mes profs d'anglais m'a fait découvrir Jean Guidoni quand j'étais en 3ème, il me filait les CD en fin d'heure. Un autre m'a mis Thiéfaine entre les mains, mais, j'ose le dire, je n'avais pas accroché à l'époque !!!! Et moi, un jour, j'ai même fait une compilation Thiéfaine pour un élève de 3ème !!
Je pense que l'école doit proposer aux élèves des choses qu'ils n'auraient pas l'occasion de découvrir autrement. Alors HFT au programme, pourquoi pas ?!! Car ce n'est pas la télé qui les mènera vers cet artiste !!!!!!

Écrit par : Katell | 28/02/2010

Vi Hugs je suis bien d'accord merci à l'école pour le Horla, la Cantatrice Chauve et fuck pour le reste :)
Mais il y a pas qu'à l'école qu'on apprend des trucs... moi je suis plutôt un adepte de "l'école de la rue" :)

Doc doc doc ("y'a quelqu'un?")

La bise,

Écrit par : Boub' | 28/02/2010

Le problème c'est que le rock est par définition anti-institutionnel donc si l'institution prend Thiéfaine, il ne fera plus de rock... et je serais très malheureux. Maintenant je suis bien plus confiant dans les profs que dans l'éducation. Qu'un prof fasse étudier un texte de thiéfaine 'est une chose, qu'il soit au programme et donc obligatoire je trouve ça nul... Le mettre au programme ça veut dire forcer des profs qui n'en n'ont rien à foutre à essayer de faire passer ça à des élèves qui n'ont aucune raison de leur faire crédit... Si toi, qui est professeur si j'ai bien compris, tu proposes du thiéfaine à tes élèves, tu vas le faire avec ta passion, ils vont bien sentir qu'il y a quelque chose et ça va marcher... mais si tu es un prof lambda qui n'a aucun goùt particulier pour Thiéfaine, qu'est-ce qu'il se passe? Ben tu vas faire chier tes élèves à part une poignée, soit parce qu'ils vont découvrir quelque chose qui leur plait (mais qu'ils auraient découvert autrement) soit qu'ils voudront juste faire plaisir à leur prof ou avoir une bonne note... et je pense pas que Thiéfaine y gagne grand chose...lol

Pis ce qui me gène aussi, c'est qu'à faire étudier des textes c'est très bien mais une chanson c'est la combinaison du texte et de la musique qui me parait intéressante et même quasiment indissociable... la musique a l'avantage de toucher d'autres points sensibles, c'est beaucoup plus immédiat et ça ne nécessite pas d'initiation... c'est la force du rock...

La bise,

Écrit par : Boub' | 28/02/2010

Oui, Boub', c'est vrai, tu as raison. Je ne voyais les choses qu'à titre personnel. Il est évident que si je présentais Thiéfaine à mes élèves, ce serait avec beaucoup de passion ! Mais, étant prof d'allemand, je ne vois pas bien dans quoi je pourrais inscrire l'étude d'une chanson d'Hubert !!! De toute façon, l'allemand est une de mes passions aussi, et je m'éclate donc en classe, même sans HFT ! Les élèves me disent toujours qu'on sent que je suis passionnée par ma matière, et je ne conçois pas les choses autrement. Enseigner sans avoir le feu sacré, c'est sans intérêt, mais bon...
Evadné, qui enseigne le français en lycée, propose des chansons de Thiéfaine à ses élèves. Pas seulement le texte. Elle leur passe la musique aussi !!! Génial !

Écrit par : Katell | 28/02/2010

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