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15/08/2010

"Scandale mélancolique" : pas une dissection, juste quelques réflexions, comme ça...

La pensée du jour : "J'ai l'impression que la mort est un regard qui me guette en permanence. Chacun de mes gestes est voué à être analysé par une force supérieure, cette force qui est mon futur d'homme décomposé. Depuis mon plus jeune âge, c'est ainsi. Je vis en ne cessant de penser qu'un jour je ne vivrai plus". David FOENKINOS.

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Aujourd'hui, je voudrais vous parler d'un album que j'aime particulièrement : « Scandale mélancolique ». Je me demande même si ce n'est pas mon album préféré de Thiéfaine. On trouve là tout HFT ! C'est l'œuvre de la maturité, de la nuit qui tombe, du vent qui tourne et du temps qui passe. On pourrait presque dire qu'il s'agit d'un album-concept sur le thème de la mort. La camarde à toutes les sauces, et ce d'entrée de jeu, avec « Libido moriendi », où il est question des « chiens vitreux de la peur qui flairent l'odeur sucrée de la mort » (pour ma part, je trouve cette image très « réussie » si je puis dire : à chaque fois que j'imagine l'odeur sucrée de la mort et les chiens vitreux qui viennent renifler cette même odeur, j'ai presque le cœur au bord des lèvres !). Plus loin, la mort apparaît sous les traits d'une « prédatrice » vêtue d'une robe de vamp-araignée. Et la joue s'offre à « l'acier de son lady-smith au moment du dernier baiser ». La chanson s'achève d'ailleurs assez brutalement, c'est le train qui s'en va à toute allure, la vie qui se carapate en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire...

Tout ou presque, dans « Scandale mélancolique », se cogne à la réalité de la mort, à ce truc absurde que nous nommons la condition humaine. L'heure des mamans évoquée dans « Gynécées » devient soudain glauque et se transforme en une heure salement mélancolique, où les mères « nous rappellent sous leur lingerie de pierre ». L'ombre de la mort plane sur tout l'album, je le répète, et je note d'ailleurs que le mot « ombre » apparaît dans presque toutes les chansons. Si, faites le test, regardez, on peut même s'amuser, comme on l'a déjà fait par le passé, à citer les passages en question !

Un peu de sexe ici ou là, quand même, bien sûr (« Last exit to paradise », « Les jardins sauvages ») mais ne parle-t-on pas de petite mort là aussi ?

Evocation de la naissance également : « On vient tous d'une capote usée », « j'ai découvert la solitude le jour de ma fécondation ». Evocation des origines, et il n'est donc pas étonnant que dans cette œuvre qui boucle la boucle, Thiéfaine évoque avec tendresse ses parents.

Surprenante aussi toute cette gamme de couleurs dont il est question, cela m'a frappée ce matin en réécoutant « SM » (!!) : ici, Thiéfaine évoque les « nuances des gris bleus », ou bien une « figue verte », « un œillet violet », là il est question d'une « frise argentée », « d'yeux trop mauves », « d'hémisphères bleus », d'un « cœur violet ». Et ce n'est pas tout : il y a aussi le « rose de nos ecchymoses », le « parme des colchiques », « le vert-de-gris de nos villes », la « grisaille silencieuse », « le gris des laboratoires », « des yeux bleus d'insomnie », une nuit nervalienne puisque « noire et blanche ». Ailleurs apparaît la « voile noire du navire de Thésée ». On passe sans arrêt de l'ombre à la lumière, de la lumière à l'ombre. Le ciel est aveuglant, mais les couloirs sont blêmes. La « nuit carcérale » du never been de la quatrième chanson est plongée dans une « clarté chimique », à moins que ce ne soit l'inverse ? Langue ciselée, précise, qui nous sert sur un plateau des images tellement évocatrices qu'à chaque écoute de l'album on peut se faire son petit cinoche personnel ! Ce n'est pas rien, ce cadeau que nous fait HFT. Bien sûr, le propos n'est pas très gai, mais nous sommes des auditeurs avertis, n'est-ce pas ? Et si nous n'avions pas nous-mêmes quelque chose comme une « âme délabrée » ou un rien « funérailleuse », irions-nous boire à cette source sulfureuse et intranquille qu'est la poésie de Thiéfaine ?

Oui, je crois que « Scandale mélancolique, » petit à petit et sans que je m'en rende vraiment compte, « Scandale mélancolique » est venu creuser de profonds sillons en moi et détrôner tous les autres albums d'HFT dans mon « classement » personnel. Peut-être parce que le temps qui passe a très vite été un immense sujet d'angoisse pour mon âme désordonnée ? Peut-être parce que je me sens peu à peu devenir, moi aussi, une « étrangère dans la glace », presque l'ombre de mon ombre ? Peut-être parce que j'observe sur moi aussi les ravages de Saturne, ce « dieu fort inquiétant » qu'évoquait en son temps monsieur Brassens ? Saturne, ce dieu à la con qui sème sur son passage d'ignobles hécatombes et qui semble trouver cela drôle... « L'étranger dans la glace » est à mes yeux la chanson du glissement vers l'indifférence et l'oubli : le regard se fait distrait, « les matins bleus de la jeunesse s'irisent en flou multicolore » (tiens, encore des couleurs !). Un point positif malgré tout, une petite lumière sur ce tableau pas bien reluisant : avec le temps, nos ratures, nos erreurs ne prennent plus toute la place, la brume en adoucit les contours, et c'est presque la sagesse qui s'installe. Je dis bien presque parce que les âmes funérailleuses excellent à ce jeu douloureux qu'est celui de la folie... En écoutant HFT, j'ai souvent pensé à ce « Livre de l'intranquillité » de Fernando Pessoa. L'œuvre de Thiéfaine est bien celle de l'intranquillité permanente, celle qui pratique dangereusement le sport de l'extrême, celle qui marche sans arrêt sur le fil du rasoir, en équilibre précaire, au bord des précipices. Et ce n'est pas la dernière chanson de l'album, « That angry man on the pier » qui viendra contredire mon propos. Le sujet se parle à lui-même ici, se sermonne pour ainsi dire, s'apostrophe : « Dis, tu ne crois pas que c'est déjà bien assez difficile comme ça d'être toi-même ? », « tu ne crois pas que pour devenir quelqu'un d'autre il y aurait trop de boulot  ? Alors fais avec cette âme funérailleuse qu'on t'a mise entre les pattes le jour de ta fécondation ! »

 

Voilà, je ne sais pas ce qui m'est tombé dessus ce soir, j'avais envie de gribouiller un petit truc sur cet album que j'aime tout particulièrement. Mais le prochain sera tout aussi percutant, n'est-ce pas ?!!

Commentaires

Cit. de Cath. :

" Mais le prochain sera tout aussi percutant, n'est-ce pas ?!! "

, percutant à quel niveau Cath. ?... " , je te cite : " à chaque fois que j'imagine l'odeur sucrée de la mort et les chiens vitreux qui viennent renifler cette même odeur, j'ai presque le cœur au bord des lèvres !). !... "

En ce me qui me concene je n'espère rien pour moi en ce qui concerne le prochain album d'Hubert, cependant j'espère pour Hubert et son entourage proche que cet album aura une autre couleur !... , et attention à la contagion des émotions..

Cit. de Cath. :

" Voilà, je ne sais pas ce qui m'est tombé dessus ce soir, j'avais envie de gribouiller un petit truc sur cet album que j'aime tout particulièrement.. "

, j'espère que ce matin que ce billet aura eu pour toi une action catharsitique, moins pour quelques temps..

Écrit par : Le Doc. | 16/08/2010

Salut à tous,
Comme d'hab, Cath, ton analyse de "Scandale Mélancolique" est tout simplement superbe ! C'est vrai que c'est un album très réussi, rien que le 1er morceau me donne la chair de poule... Je sais, je me répète, désolé !!
J'espère bien évidemment que le prochain sera d'un aussi bon "calibre" si j'ose dire !!
Les vacances commencent bien, mes neveux sont contents d'être avec nous, nous nous chargeons de les occuper !!
Bises à vous tous, bien cordialement FRED, Ghis et les mômes d'Alfana !!
Comme convenu, un de mes neveux m'a fredonné quelques extraits de "Libido Moriendi" !!! Ce fut en quelque sorte mon cadeau pour nos retrouvailles !!!
A bientôt.

Écrit par : FRED06 | 16/08/2010

Qu’il est bon de te lire
Tu parles si bien de Thiéfaine que ce petit moment passé sur ton papier est devenu le petit bonheur de cette journée pluvieuse
As-tu des infos sur un éventuel prochain album ?
En attendant de lire ta prochaine analyse…Je file écouter « Scandale mélancolique »
Au fait, est-ce le seul album d’Hubert qui comporte une chanson dont il n’est pas l’auteur et qui plus est en anglais ?
Encore bravo

Écrit par : Valentin | 17/08/2010

Coucou à vous ! Vos commentaires me font un bien fou, si vous saviez... Merci.

Écrit par : Katell | 17/08/2010

Valentin, je suppose qu'un nouvel album se prépare...

Écrit par : Katell | 17/08/2010

, j'ai cotôyé un Valentin qui s'appellait ??? , mais comment s'appellait-il donc ??? , Machin ? , Machinchose ?...il y a de cela une douzaine d'années !...

;-)

Écrit par : Le Doc. | 17/08/2010

je crois aussi que scandale mélancolique est ce qu'hubert à pondu de mieux mais je l'analyse autrement certes le thème de la mort y est comme d'hab mais cette fois hubert parle je pense de celle de sa maman qu'il a fuit tant elle l'aimait à l'etouffée d'ou le scandale mélancolique de perdre cet être cher c'est d'ailleurs une ou la premiere fois qu'hubert rend hommage à ses parents
mais les jardins sauvages me rassurent il a la pêche l'ancien tant physiquement que poétiquement

Écrit par : dany | 18/08/2010

, citation :

" il a la pêche l'ancien tant physiquement que poétiquement

Ecrit par : dany | 18.08.2010 "

, no comment.. toutefois ce passage vaut pour commentaire Teddy !...

p.s : un ' détail ' : Hubert cependant a fait un ' burn-out ' avant la fin de la Tournée Amicalement ( - 2 dates Blues : Bruxelles et Nancy ), d'où " son avortement* "..

* de la tournée ;-)

Écrit par : Le Doc. | 18/08/2010

Mouai... Je suis sans doute trop critique envers cet album, soit, mais bon de là à dire que c'est ce qu'il a fait de mieux... je vous trouve en petite forme pour une rentrée :)

Musicalement c'est à des années lumières de l'époque Mairet, même sa voix est moins bonne je trouve...

Un album un peu terne dans une époque terne...

Cela serait bien pour le prochain album qu'il se rappelle deux ou trois trucs fondamentaux comme ne pas chanter avec Cali, et d'arrêter de se laisser bercer par la nouvelle scène française qui est parvenue à nous faire croire en la fin de l'électricité... :)


Bon y'a quand même des bons trucs sur cet album... mais c'est mou.. presque aussi mou que l'amour du même nom qui comme chacun le sait "meurt à la mi-aoùt.... :)


La bise,
Boub'

Écrit par : Boub' | 18/08/2010

A moi de jouer :

- Cit. de Boub' :

" je vous trouve en petite forme pour une rentrée :) "

, miroir mon beau miroir.. seais-tu toujours dans la période de l'empreinte Boub' ?...

- Cit. de Boub' :

" Musicalement c'est à des années lumières de l'époque Mairet "

, la nostagie n'est pas une maladie honteuse cependant c'est une régression, de plus à 300000 kms/s.. Aïe.. Aïe.. Aïe.. pour toi ;-)

- Cit. de Boub' :

" Cela serait bien pour le prochain album qu'il se rappelle deux ou trois trucs.. "

, je me rappelle l'état d'Hubert au Cabaret Vauban lorsqu'un jeune ( nouvelle scène.. ) a voulu donner lui donner des conseils pour évoluer dans le Show-*, et de plus malgré son âge et ses trous de mémoire mon diagnostic précise qu'Hubert n'est pas accompagné par Aloïs Alzheimer !...

- Cit. de Boub' :

" mais c'est mou. "

, c'est tout naturellement une peinture de l'état d'esprit d'Hubert, ou le reflet de cette période qui arriva à son point d'orgue lors de la Tournée Scandale Mélancolique à Brenouille-les-Ageux et sa Ferme du Rock !... avec un ' burn-out pour Hubert à la clé, si cela c'est mou..

* -Biz Boub' ;-)

Écrit par : Le Doc. | 19/08/2010

Dans mon trousseau, j'ai les clefs qui ouvrent les portes de Scandales Mélancolique...

Docky, tu comprendras le sens de ma pensée.

Katell j'apprécie de te lire.

Bonne journée.

Écrit par : karen | 21/08/2010

, j'évite les interprétations.. Karen, toutefois je connais le lieu où à " commencé " la génèse du titre Scandale Mélancolique car j'y écris à nouveau !...

, Hubert disait déjà lors de la promo. de Défloration 13 qu'il revendiquait sa mélancolie..

Écrit par : Le Doc. | 21/08/2010

Quel plaisir de te lire à nouveau !
Je t'embrasse.

Écrit par : Foxy | 21/08/2010

, c'est gentil Foxy :-)

Écrit par : Le Doc. | 21/08/2010

Lol
Mais c'est aussi un plaisir de te lire, Doc
Ton dernier commentaire sur mon blog va d'ailleurs m'inspirer un nouveau billet ;-)


PS : Je partage ton analyse (à tous les sens du terme) concernant le sieur Onfray !

Écrit par : Foxy | 22/08/2010

oui sans oublier voile zinzoline pour parler de couleur

Écrit par : gerard | 11/02/2011

oui sans oublier voile zinzoline pour parler de couleur

Écrit par : gerard | 11/02/2011

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