31/08/2010
"Ils croient voir venir Dieu, ils relisent Hölderlin"...
La pensée du jour : "Il ne faut jamais penser au bonheur : cela attire le diable, car c'est lui qui a inventé cette idée-là pour faire enrager le genre humain". Gustave FLAUBERT
Il y a quelques années, peu de temps après la création de ce blog, j'avais consacré quelques billets au poète allemand Friedrich Hölderlin (1770-1843). Il faudrait fouiller dans les archives pour retrouver ces notes... Tragique destin pour ce poète évoqué par Thiéfaine dans "Les dingues et les paumés". Suite à une crise de folie, Hölderlin fut en effet enfermé pendant 37 ans dans une tour dominant le Neckar...
Relisons Hölderlin, ce poète dont Albert Béguin disait ceci (qui éclaire un peu la phrase "ils croient voir venir Dieu") :
"Hölderlin est peut-être le seul des poètes de ce temps qui ait eu le sens intime du mythe, le sens des dieux, à ce point que les hommes avaient pour lui moins de réalité que les figures célestes".
Voici, pour commencer ce volet Hölderlin, ce joli poème dont je vous propose aujourd'hui une version bilingue : "Unter den Alpen gesungen" :
Unter den Alpen gesungen
Heilige Unschuld, du der Menschen und der
Götter liebste vertrauteste ! du magst im
Hause oder draußen ihnen zu Füßen
Sitzen, den Alten,
Immerzufriedner Weisheit voll; denn manches
Gute kennet der Mann, doch staunet er, dem
Wild gleich, oft zum Himmel, aber wie rein ist
Reine, dir alles !
Siehe ! das rauhe Tier des Feldes, gerne
Dienet und trauet es dir, der stumme Wald spricht
Wie vor Alters, seine Sprüche zu dir, es
Lehren die Berge
Heil'ge Gesetze dich, und was noch jetzt uns
Vielerfahrenen offenbar der große
Vater werden heißt, du darfst es allein uns
Helle verkünden.
So mit den Himmlischen allein zu sein, und
Geht vorüber das Licht, und Strom und Wind, und
Zeit eilt hin zum Ort, vor ihnen ein stetes
Auge zu haben,
Seliger weiß und wünsch'ich nichts, so lange
Nicht auch mich, wie die Weide, fort die Flut nimmt,
Dass wohl aufgehoben, schlafen dahin ich
Muss in den Wogen;
Aber es bleibt daheim gern, wer in treuem
Busen Göttliches hält, und frei will ich, so
Lang ich darf, euch all', ihr Sprachen des Himmels !
Deuten und singen.
Chanté au pied des Alpes
Sainte Innocence, ô toi la familière aimée
Des dieux et des hommes ! La maison est tienne,
Où on te trouve assise dehors
Au pied des Ancêtres,
Sage et toujours comblée; car, s'il connaît beaucoup
De biens, souvent, tel un fauve, l'homme
Lève au ciel des yeux frappés de stupeur, mais que tout,
Ô Pure, t'est pur !
Vois ! La farouche bête de nos champs
Se fie à toi et te sert, avec ses voix
Anciennes la forêt muette te dit ses oracles,
Les cimes t'enseignent
Leurs lois sacrées, et ce qu'il en reste encore
A révéler, après tant d'épreuves, de notre être
A notre Père d'en haut, tu peux seule
Nous le dévoiler.
Vivre ainsi, seul avec les dieux du ciel, et
Quand tout passe, le jour, le vent, le fleuve,
Qu'à son terme court le temps, ne pas perdre
Des yeux leur présence,
Je ne saurais plus grand bonheur vouloir, d'ici
Que tel le saule l'onde m'enlève aussi,
Me berce et, endormi, m'emporte là-bas,
Blotti dans ses vagues;
Mais il se plaît ici chez lui, le cœur fidèle
A son feu divin, et libre, tant qu'il se pourra,
Je veux, ô langues du ciel ! vous chanter
Toutes et comprendre !
09:17 | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
Titre du billet :
" "Ils croient voir venir Dieu, ils relisent Hölderlin.. "
... Je viens lire tes billets Cath. surtout pour y prendre " indirectement " de tes nouvelles. Point de masoschime de ma part parfois, juste une p'tite souffrance ;-)
... Ha.. si je redeviens " poète* " début septembre je ne m'égarerai pas dans une telle logorhée, fusse-t-elle de couleur höderliienne.
* fabriquant de texte..
... Heureusement que je n'ai jamais cru en dieu mais surtout cru en moi, et me voici à un nouveau carrefour ou je dois de le dépoussier de ses scories pour être prêt pour le final !...
... En ce moment je reviens à mes fondamentaux qui s'appellent entre autres Coué !... , ou Toul, ce qui me rapproche de toi ;-)
Écrit par : Le Doc. | 31/08/2010
Doc, nous ne sommes jamais très loin l'un de l'autre... J'ai été un peu absente et négligente ces derniers temps, je te prie de m'en excuser. Enormément de boulot, je te raconterai. Je peux t'appeler ce week-end, par exemple ?
Écrit par : Katell | 31/08/2010
J'espère Cath. que tu n'as pas prise à ton compte l'expression " logorrhée " !... Pendant 12 ans sur les traces d'Hubert et surtout en ces lieux qui habite son âme je me suis un peu dilué, doux euphémisme.
Chacun à son réel et je pratique, au-delà de mes T.O.Cs pathologiques, mon réel, qui induisent de lourds défauts, l'ubiquité auprès de mon monde virtuel depuis 12 ans mais non virtuel à mon coeur.
Si tu souhaites m'appeller ce we-kend pas de problème ;-)
Écrit par : Le Doc. | 31/08/2010
Es herrscht ein Mangel an Männern,
das Aussichtslose tuend stumm,
ausraufend wie Gras die Hoffnung,
ihr Gelächter, die Zukunft, rollend,
rollend ihren Zorn auf die Berge.
Écrit par : Le Doc. | 01/09/2010
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