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22/12/2010

Promenons-nous dans la ruelle des morts...

La pensée du jour : "L'homme veut son enfance, veut la ravoir, et s'il aime davantage sa mère à mesure qu'il avance en âge, c'est parce que sa mère, c'est son enfance. J'ai été un enfant, je ne le suis plus et je n'en reviens pas". Albert COHEN.

Extrait Hubert Felix Thiéfaine

Allons donc, tant que le loup n'y est pas, nous promener dans la « ruelle des morts »... Voilà un endroit qui fleure bon l'enfance, les confitures, les mûres, les framboises, les histoires de dragons... Toutes ces images s'adressent au plus grand nombre d'entre nous, me semble-t-il. Les souvenirs olfactifs liés à l'enfance sont légion...

 

Première écoute. Je suis surprise. Ni agréablement, ni désagréablement. Je ne sais pas. C'est toujours comme ça. Il faut laisser les choses faire leur bout de chemin en nous, s'y inscrire, y poser leur empreinte. J'ai eu besoin d'une nuit entière pour me balader dans cette « ruelle des morts ». Tout d'abord, la musique sautillante semble légèrement en décalage avec ce qu'annonce le titre et avec ce que donne effectivement la chanson... Le texte reste grave. Et, en même temps, pas tant que ça. Nous nous promenons dans cette ruelle avec l'insouciance des enfants que nous fûmes. Innocemment, nous déterrons des casques et des fémurs, vestiges de guerre, mais nous regardons tout cela du haut de notre insouciance, justement... On nous raconte des histoires de dragons terrassés, et nous voilà vainqueurs, narguant le destin. Faisant un pied de nez audacieux à tout ce qui pourrait nous blesser...

Dans Le livre de ma mère, Albert Cohen écrit : « J'ai été un enfant, je ne le suis plus et je n'en reviens pas ». Il me semble que nous sommes tous, autant que nous sommes, un jour ou l'autre, sidérés devant ce constat, cette amère évidence de l'enfance qui n'est plus. Et c'est d'ailleurs vers cela que glisse la quatrième strophe, qui s'ouvre sur ces mots : « Que ne demeurent les printemps à l'heure des sorties de l'école ? ». Et l'on pense inévitablement à l'heure des mamans, déjà évoquée dans « Gynécées » (Foxy l'a déjà dit sur son blog, d'ailleurs).La mémoire se brouille, on ne sait plus très bien avec qui l'on a pour la première fois « cueilli les roses de la vie », goûté les framboises de la volupté... « Les matins bleus de ma jeunesse s'irisent en flou multicolore », chantait déjà Thiéfaine sur l'album « Scandale mélancolique ».

La cinquième strophe évoque clairement, elle, des images de mort : ici, il est question de chrysanthèmes et de deuils, qui, comme les feuilles mortes, se ramassent à la pelle. Un homme se retourne sur son passé, les sensations de l'enfance lui reviennent, et c'est le florilège des odeurs... Le lait de la ferme au soleil couchant, les boutons d'or, les framboises, tout cela sème à tout jamais sur notre chemin des parfums qui nous ramènent vers le « vert paradis des amours enfantines ». Cette ruelle des morts a un petit air baudelairien. Soudain, on a « plus de souvenirs que si on avait mille ans »... L'horloge nous dit « souviens-toi ! » Et aussi que « bientôt, nous plongerons dans les froides ténèbres »...

Cette chanson de Thiéfaine, c'est une madeleine de Proust, à tremper voluptueusement dans une tasse de tilleul. C'est un bel hommage aux sortilèges de la mémoire, au clocher de notre enfance qui devient peu à peu celui de notre nostalgie...

 

Commentaires

super promenade, merci Katell !

Écrit par : Arnaud | 22/12/2010

, je n'écris pratiquement plus sur les blogs et forums non officiels toutefois je reviendrai lire ton billet un peu plus tard Cath, et R.V à Nancy la ville de mon mariage mais pas de mon premier amour !... nous avions 5 ou 6 ans et je me souviens de son prénom et de son nom, mon guide s'appellait Clodinne ..

Écrit par : Le Doc. | 22/12/2010

Que dire ? J'ai bien l'impressoin que nous avons entendu la même chanson derrière les mêmes mots.
Merci à toi Katell, ton texte est magnifique.

Écrit par : Foxy | 22/12/2010

, en fait il s'agit de Claudine ( de o à a il n'y a qu'un pas..) mais c'était un clin d'oeil à une amie qui rame !...
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S'cuse Cath ;-)

Écrit par : Le Doc. | 22/12/2010

Superbe note, superbementt écrite et qui, je pense, résume merveilleusement ce qu'a voulu retranscrire l'ami Hubert.

Écrit par : Monsieur Müller | 22/12/2010

Merci pour cette note pour cette chanson que je trouve sublime à tout point de vue!!

Écrit par : Yoann | 22/12/2010

Merci pour cette note.

La voilà la fameuse ruelle à Dole :

http://maps.google.fr/maps?hl=fr&q=ruelle%20des%20morts&um=1&ie=UTF-8&sa=N&tab=wl

Écrit par : Corto | 28/12/2010

Bonsoir,
le plan est faux :la ruelle des morts va de la rue da Casimir de Persan au chemin de la grange Chaillot.

D'ailleurs, la ferme étant dans le chemin de la grange Chaillot et il y avait un escalier sur cette ruelle. Le Ruelle des morts n'a jamais commencer au-dessus de la rue Jean Mermoz..

Écrit par : Lionel | 16/04/2011

Chouette, un géomètre !!! Ca change des poêtes.. :-)
Bonne nuit à toutes et tous poêtes arpenteurs.

Écrit par : hervé | 16/04/2011

J'ai fais un blog avec l'emplacement de la ruelle des morts :

http://laruelledesmorts.canalblog.com/archives/2011/08/28/21879906.html

Je pense aller prendre quelques photo un de ces quatre. Je suis passé à la ferme il y a quelques temps, je ne l'avais pas reconnu au premier abord tellement elle était devenue une belle résidence. Heureusement, la grange demeure.

Écrit par : Lionel | 23/07/2012

J'ai mis quelques photo sur le blog :

http://laruelledesmorts.canalblog.com/archives/2011/08/28/21879906.html

Lionel

Écrit par : Lionel | 30/07/2012

Merci beaucoup, Lionel, pour ces photos !

Écrit par : Katell | 04/08/2012

Les commentaires sont fermés.