28/12/2010
Chansons n°74 et n°75 : "Un automne à Tanger" et "Caméra terminus"
La pensée du jour : "Vivre est assez bouleversant
quoique médisent nos sceptiques
De quoi demain sera-t-il fait
ô plus on va plus on le sait
car enfin le jeu perd sa mise
et les dés meurent dans nos mains
Porte de plus en plus étroite
qu'il est maigre notre destin
pour y trouver de quoi le fuir". Georges Perros
UN AUTOMNE A TANGER
(antinoüs nostalgia)
lui sous la pluie
d'un automne à Tanger
lui qui poursuit
son puzzle déglingué
lui dans sa nuit
d'un automne à Tanger
lui qui détruit
son ombre inachevée
nous venions du soleil
comme des goélands
les yeux fardés de ciel
et la queue dans le vent
mais nous nous sommes perdus
sous le joug des terriens
dans ces rades et ces rues
réservés aux pingouins
lui sous la pluie
d'un automne à Tanger
lui qui poursuit
son puzzle déglingué
les vagues mouraient blessées
à la marée sans lune
en venant féconder
le ventre des lagunes
et nos corps écorchés
s'immolaient en riant
sous les embruns glacés
d'une chambre océan
lui dans sa nuit
d'un automne à Tanger
lui qui détruit
son ombre inachevée
d'ivresse en arrogance
je reste et je survis
sans doute par élégance
peut-être par courtoisie
mais j'devrais me cacher
et parler à personne
et ne plus fréquenter
les miroirs autochtones
lui sous la pluie
d'un automne à Tanger
lui qui poursuit
son puzzle déglingué
lui dans sa nuit
d'un automne à Tanger
lui qui détruit
son ombre inachevée
CAMERA TERMINUS
sous les proches moisis
des cités englouties
la dernière ambulance
s'englue dans le silence
enfin seuls
odeurs gélatineuses
de chairs moites et lépreuses
parfums de fièvre jaune
de cyanure et d'ozone
enfin seuls
nous sommes seuls
dans le vent
survivants
mort-virus/ terminus
au pied des temples usés
des statues délabrées
le fleuve roule sa semence
limoneuse et gluante
enfin seuls
silhouette vaporeuse
dans la lumière cendreuse
du matin-crépuscule
t'arraches mon ventricule
enfin seuls
nous sommes seuls
dans le vent
survivants
mort-virus/terminus
omnibus morbidus gaudeamus !
enfin seuls
sur cette planète qui grince
dans le froid qui nous pince
enfin seuls
tu te rinces les méninges
en caressant mon singe
jardins métalloïdes
noyés de larmes acides
où la lune en scorpion
fait danser ses démons
enfin seuls
amants conquistadors
sur le terminator
plus de voix qui déconnent
au bout des taxiphones
enfin seuls
17:48 | Lien permanent | Commentaires (11)
Commentaires
Bonsoir
Quelqu'un sait il à qui il fait allusion dans "un automne à Tanger" ?
Ma pensée du jour (puisque tu en manquait l'autre jour) :
Le plus gros grain de riz du monde ne sera jamais aussi beau que le plus petit grain de folie. H.Lhoste.
Écrit par : hervé | 28/12/2010
Désolé pour tu en manquaiS :-) je suis un dilettente de l'orthographe et de la grammaire et de la conjugaison et de plein d'autres choses...
Écrit par : hervé | 28/12/2010
Pas de souci, Hervé, nous sommes entre nous ! Quant à moi, je suis, comme Gary, une "autodidacte de l'angoisse"...
Écrit par : Katell | 29/12/2010
C'est joli comme expression et me correspond un peu aussi.
Je ne connais pas ce Gary, hormis de nom. qu'est ce que tu me conseillerais pour le découvrir?
Tiens chose promise...
Phantasie ist michtiger als wissen
denn wissen ist begrenzt.
A. Enstein.
Écrit par : hervé | 30/12/2010
Merci, Hervé, pour cette jolie pensée du jour !
Écrit par : Katell | 31/12/2010
De rien tout le plaisir est pour moi.
Pour aujourd'hui, particulièrement ce soir, voici :
"Exagérer, c'est commencer d'inventer."
Je ne sais plus de qui c'est, tans pis.
Bonne nuit à tous.
Écrit par : hervé | 31/12/2010
@Hervé : A priori, Thiéfaine fait allusion à William Burroughs, qui s'installa à Tanger dans les années 50 après la mort accidentelle de sa femme.
Mais peut-être Katell en sait-elle davantage à ce sujet ;-)
Écrit par : Foxy | 01/01/2011
Merci Foxy. je vais fouiller par là.
Écrit par : hervé | 02/01/2011
Oui, merci Foxy, je ne savais pas qu'il y avait ici une allusion à Burroughs.
Écrit par : Katell | 02/01/2011
vi Cath , je crois que c'est une allusion à Burroughs
Écrit par : loreleï2 | 03/01/2011
... sur le bluesymental tour, un automne à tanger était précédé d'un court texte parlé inspiré de P.Bowles (c'est écrit sur la jacquette de la VHS)...
Une partie de l'oeuvre de Paul Bowles se situe en afrique du nord... et l'un de ses recueils de nouvelle s'appelle "Réveillon à Tanger", j'en dirai guère plus, je ne l'ai pas lu...
Par contre, à voir : Le film de Bertolucci "Un thé au sahara", tiré du roman de Bowles du même nom...
Écrit par : Yannig | 03/01/2011
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