Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

14/03/2011

Anna AKHMATOVA (deuxième partie)

La pensée du jour : "On travaille contre la mort, avec l'illusion de laisser trace - ce qui est complètmeent chimérique, parce que... tout ça... Personne, d'ailleurs, ne peut savoir s'il laisse trace ou non. Le temps... Le temps seul... fait le tri. Mais c'est vrai que, dans l'instant, on travaille contre la mort". Louis CALAFERTE

 

On peut distinguer deux périodes dans l'activité poétique d'Akhmatova : la première comprend les cinq recueils parus entre 1912 et 1923; la seconde est illustrée par les deux grands poèmes de l'après-guerre. La première période a pour trait marquant la réaction acméiste aux excès des symbolistes qui dominent la littérature russe au début du siècle. Akhmatova affirme qu'un poète qui a perdu la fraîcheur des mots est pareil à un peintre qui aurait perdu la vue. Toute recherche dans la construction grammaticale ou la tournure, tout mot rare, toute obscurité risquent de troubler la vérité autant que le lecteur. Il faut parvenir à un tutoiement de la réalité d'autant plus souhaitable qu'il permettra de retrouver le fondateur de la poésie russe, Pouchkine, et le miracle pouchkinien. La poétique acméiste sera développée par Mandelstam. Akhmatova se contente de l'illustrer dans ses courtes poésies, où la simplicité, le style direct, dépouillé, au sein duquel les silences pèsent aussi lourd que les mots, préparent la surprise et la révélation. Ces petits drames elliptiques concernent l'amour, ses joies et ses tourments, la foi orthodoxe et sa richesse émotive, décrivent les dunes de la Baltique ou les quais de la Néva. Poésie intimiste refermée sur l'expérience concrète, elle s'impose par le bonheur naturel de ses rythmes, la qualité marmoréenne de son style.

Les deux grands poèmes, Le Poème sans héros et Le Requiem, ont au contraire une qualité épique et s'ouvrent à l'histoire. Le premier, drame poétique en plusieurs tableaux, constitue une sorte d'autobiographie qui conte la double histoire de la femme et du poète. De celui-ci, Akhmatova reprend l'expérience et la traite comme un matériau, parfois sans complaisance. Le Poème est pareil à une orchestration de l'œuvre d'Akhmatova par elle-même. De la femme, elle reprend les expériences et raconte certains épisodes de sa vie ou de celle de ses amies. Dans le bal masqué que chante le poème défile un nombre de masques où il convient de reconnaître des poètes, acteurs, actrices qui jouèrent un rôle dans la vie d'Akhmatova. Mais c'est le siècle, « rumeur du dernier acte », la mort qu'il apporte, sa tragédie qui est le véritable héros de ce poème. Si le Poème s'avance masqué, c'est au contraire la nudité qui fait la grandeur du Requiem. Comme l'aura voulu le poète, par sa bouche, « tout un peuple a crié ». La tradition acméiste est présente : parce qu'on ne peut parler de la douleur de tous ou de la terreur comme d'un événement intime, la poésie du Requiem est tendue, comme le voulait l'acméisme, vers la saisie de l'image immédiate, du fait brut. Parce que le poème est tissé des « pauvres mots » que les mères ont prononcés, son art réside dans la redécouverte de ces mots usés par une douleur vieille comme l'humanité. Le poète retrouve ici la tradition épique : il dit la tragédie commune par des rythmes qui viennent du cœur du peuple et des mots qu'il lui a empruntés. Par ses deux derniers poèmes qui constituent son couronnement, l'œuvre d'Akhmatova dépasse le cadre de la littérature et rend au Poète son rôle de mage et prophète d'un groupe ou d'une nation à un moment de son histoire.

 

Source : Article de Jean BLOT dans le Dictionnaire des auteurs de tous les temps et de tous les pays, Editions Robert Laffont, octobre 1990.

Commentaires

"J'ai cessé de sourire ,
Le vent glacé sèche les lèvres,
J'ai perdu encore un espoir.
J'y gagnerai encore une chanson .
Je la livre aux rires,aux injures,
Parce que le silence amoureux
Est pour l'âme une souffrance insupportable ."
____________________________

Écrit par : Loreleï2 | 15/03/2011

"La folie a couvert de son aile
Déjà la moitié de mon âme
Elle m'a fait boire son vin de feu ,
Elle m'entraine vers la vallée noire."

Écrit par : Loreleï2 | 15/03/2011

merci loreleï2 ça va nous permettre de découvrir cette poétesse bonne idée !

Écrit par : sylvie | 19/03/2011

qu'est ce qu'un url

Écrit par : sylvie | 19/03/2011

Bonjour Sylvie ! Quand on te demande ton URL après ton commentaire, c'est pour que tu puisses entrer l'adresse de ton propre site, si tu en as un. Comme ça, il ne reste plus ensuite qu'à cliquer sur ton prénom, et on atterrit sur ton site. Regarde, je vais le faire et t'envoyer vers mon blog consacré à une de mes autres passions : l'Allemagne et plein de choses qui s'y rapportent !

Écrit par : Katell | 19/03/2011

Les commentaires sont fermés.