27/03/2011
Anna Akhmatova (Requiem)
La pensée du jour : "Je vous jure, dans ce village, quand on veut entendre parler pour rien dire, pas la peine d'allumer la télé". Sébastien JAPRISOT
4
Si l'on t'avait montré à toi, la rieuse,
Toi la pécheresse si joyeuse,
La tant aimée de tes amis,
Ce qu'il adviendrait de ta vie,
Ces queues derrière trois cents personnes
Sous les murs des Croix* avec tes colis,
Et la brûlure de tes larmes
Faisant flamber la glace neuve.
Dans la prison vacille un peuplier.
Pas un bruit. Pourtant, ici, combien
De vies innocentes s'éteignent...
*Prison de Leningrad
5
Dix-sept mois que je hurle,
Je te crie de revenir.
Je me jette aux pieds des bourreaux,
Toi mon fils et mon effroi.
Tout s'est à jamais brouillé,
Je ne sais plus désormais
Distinguer l'homme de la bête,
Ni s'il faudra longtemps attendre le supplice.
Rien que des fleurs poussiéreuses,
Et le bruit de l'encensoir,
Et quelque part, des empreintes
Qui ne mènent nulle part.
Et me menace d'une mort imminente
Une énorme étoile.
1939
6
Les semaines s'envolent, légères.
Que s'est-il passé ? Mystère.
Comme elles te fixaient, mon fils,
Ces nuits blanches, dans ta prison,
Et comme elles te fixent encore
De leur œil de vautour,
Parlant de ta haute croix,
Parlant de ta mort.
1939
14:10 | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Très joli poème. Et belle citation! L'été meurtrier si je ne me trompe pas!
Écrit par : Monsieur Müller | 10/04/2011
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